ALLEMAND (Lalemand), PIERRE, pilote, cartographe, explorateur, traiteur, né vers 1662 à Saint-Sauveur-de-Nuaillé (Charente-Maritime) de Claude Allemand et de Marie Mandet, décédé à Québec en 1691.

Il semble qu’Allemand ait eu l’occasion de traverser l’Atlantique au moins quelques fois avant de s’établir définitivement en Nouvelle-France. On est cependant peu renseigné sur sa jeunesse et ses premiers voyages. Au recensement de 1681, il est mentionné comme résidant à Québec et ayant 18 ans.

À titre de pilote, Pierre Allemand fit partie d’une expédition dirigée conjointement par Radisson* et Chouart Des Groseilliers à la baie d’Hudson en 1682–1683. Cette expédition était soutenue financièrement Par Charles Aubert* de La Chesnaye. Les deux navires, qui avaient quitté Percé le 11 juillet 1682, ne revinrent à Québec qu’à la fin d’octobre de l’année suivante avec des prisonniers anglais et une bonne quantité de fourrures. Parmi les prisonniers se trouvait le gouverneur de Port Nelson, John Bridgar.

En 1684, on retrouve le pilote Allemand dans une seconde expédition à la baie d’Hudson, sous la direction de Claude de Bermen* de La Martinière. Le journal de cette expédition fut tenu par l’aumônier, le père Antoine Silvy*, jésuite. Allemand s’occupa de la traite durant tout l’hiver, fut délégué en qualité de parlementaire auprès du commandant anglais, Bridgar, qui se trouvait à l’embouchure de la rivière Hayes (Sainte-Thérèse) et obtint des Amérindiens toutes sortes de renseignements qui devaient lui permettre de dresser une carte de la région. C’est au retour du voyage, le 13 novembre 1685, qu’il épousa à Québec Louise Douaire de Bondy, petite-fille d’Éléonore de Grandmaison et de François de Chavigny. En novembre 1686, le gouverneur de Brisay* de Denonville, dans une lettre au ministre de la Marine, faisait l’éloge d’Allemand et le qualifiait de « fort bon sujet », insistant sur la nécessité d’avoir en Nouvelle-France un plus grand nombre de pilotes de sa trempe. Indisposé depuis le retour de ce second voyage à la baie d’Hudson, Allemand n’avait pu terminer la carte que Denonville promettait d’envoyer en France « à la première occasion ».

Au moment où Denonville écrit cette lettre au ministre, Pierre Allemand est déjà revenu d’un autre voyage à la baie d’Hudson, entrepris en 1686 avec une expédition composée d’une centaine d’hommes sous le commandement du chevalier Pierre de Troyes. D’après le journal de l’expédition, Allemand fait office de « commissaire des vivres » et « est une personne d’un grand service et dont le génie et l’activité ont esté d’un grand secours dans cette entreprise, où, il a servi de bon canotteur, de soldat, de pilotte et de géographe ». Cette expédition se fit par la rivière des Outaouais (Ottawa) et il était prévu qu’Allemand pourrait prendre le commandement d’un navire anglais si on réussissait à en capturer un, ce qui fut fait au fort Charles (Rupert) dans les premiers jours de juillet. Allemand était de retour à Montréal à la fin d’octobre.

Allemand se mit alors à rédiger un mémoire dans lequel il proposait de continuer la carte de la navigation du golfe et du fleuve Saint-Laurent déjà commencée par Jean Deshayes*. Pour procéder aux relevés, il réclamait une corvette de 30 à 40 tonneaux. Il s’offrait également à enseigner la navigation aux jeunes gens du pays afin d’en assurer la défense et d’y développer la pêche et la traite. Ce mémoire fut transmis au ministre de la Marine le 6 novembre 1687 par le gouverneur de Denonville et l’intendant Bochart* de Champigny.

Au printemps de 1688, Pierre Allemand se rendit lui-même en France et, se recommandant du gouverneur, de l’intendant et de Mgr de Saint-Vallier [La Croix*], présenta à Seignelay un autre mémoire rédigé à peu près dans les mêmes termes et qui n’eut pas plus de succès que les démarches antérieures. La même année, on trouve Allemand associé avec un nommé Landron dans l’exploitation d’une briquetterie. Il conduit, pendant l’été de 1689, Mgr de Saint-Vallier dans sa tournée pastorale de l’Acadie et de Terre-Neuve. Enfin, toujours en 1689, une concession lui est faite ainsi qu’à Charles Aubert de La Chesnaye, François Viennay-Pachot, Mathieu-François Martin* de Lino et quelques autres afin qu’ils puissent faire la pêche dans le golfe du Saint-Laurent et à Terre-Neuve.

On voit donc qu’Allemand connut une carrière assez variée dont les entreprises illégales, et notamment la contrebande, ne furent peut-être pas absentes.

Le 27 mai 1691, Pierre Allemand décédait à Québec, âgé seulement d’environ 29 ans. Il avait eu cinq enfants. Sa veuve se remaria en 1693 avec Nicolas Pinaud*.

F. Grenier

Chevalier de Troyes, Journal (Caron).— Documents relating to Hudson Bay (Tyrrell).— Ord. comm. (P.-G. Roy), II : 49–53, 56.— Relation par lettres de lAmérique septentrionale, années 1709–1710, éd. Camille de Rochemonteix (Paris, 1904).— P.-G. Roy, Inv. concessions, IV.— HBRS, XXI (Rich.)— P.-G. Roy, Le Pilote canadien Pierre Allemand, dans Les Petites Choses de notre histoire (3e série, Lévis, 1922), 145–154 (comprend des extraits des Mémoires de Pierre Allemand) ; Pierre Allemand, BRH, XXI (1915) : 129–133.

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F. Grenier, « ALLEMAND (Lalemand), PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/allemand_pierre_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2014
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