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AMARON, CALVIN ELIJAH, ministre presbytérien, éducateur, directeur de journaux et auteur, né le 4 septembre 1852 à De Ramsay (Saint-Félix-de-Valois, Québec), fils d’Étienne-Daniel Amaron et d’Annette Cruchet ; le 19 octobre 1881, il épousa Agnes McDougall, puis le 26 novembre 1895, à Montréal, Margaret (Maggie) Lorne Lynch ; il eut cinq enfants, dont au moins trois de son second mariage ; décédé le 15 mars 1917 à Verdun, Québec, et inhumé à Berthier (Berthierville, Québec).

Fils de missionnaires suisses qui avaient été recrutés par la French Canadian Missionary Society, Calvin Elijah Amaron fit d’abord ses études à l’académie de Berthier et à l’institut de Pointe-aux-Trembles établi par Olympe Tanner [Hoerner*] et son mari, missionnaires de cette même société. En 1877, il obtint du McGill College de Montréal une licence ès arts avec spécialisation en philosophie intellectuelle et morale. McGill lui décernerait une maîtrise ès arts en 1880 et le collège presbytérien de Montréal, une licence en théologie en 1884.

Le 15 octobre 1879, Amaron fut ordonné ministre de l’Église presbytérienne au Canada pour Trois-Rivières, mais au mois de mai 1882, il accepta d’aller poursuivre le travail de conversion des Canadiens français à partir de l’église protestante française de Lowell, au Massachusetts. Dans la seconde moitié du xixe siècle, des centaines de milliers de Canadiens français émigrèrent en Nouvelle-Angleterre pour travailler dans les manufactures. En 1900, ils formeraient environ 10 % de la population de cette région. Comme il fallait des établissements d’enseignement pour soutenir son œuvre de conversion, Amaron fonda le French Protestant College à Lowell en 1885 avec l’aide de ministres d’une organisation congrégationaliste, la Massachusetts Home Missionary Society. L’année suivante, il abandonna son poste à l’église pour prendre la direction du collège. Deux ans plus tard, le collège s’installerait à Springfield.

À l’automne de 1886, des ministres œuvrant avec la société missionnaire se réunirent pour fonder un journal. Ils créèrent la French Publishing Society et lancèrent en novembre 1887 le Semeur franco-américain, hebdomadaire publié à Ware. Amaron se joignit à la société d’édition quelques semaines après la fondation et devint rédacteur en chef de la section anglaise du journal. Huit mois plus tard, après certaines difficultés financières, les bureaux du Semeur franco-américain s’installèrent au French Protestant College à Lowell et Amaron assuma la fonction de directeur. Par la suite, le journal s’établit à Springfield avec le collège. En 1889, la société prit de l’expansion, se réorganisa et se constitua juridiquement sous le nom de French Evangelical Publishing Society. Elle lança un nouveau journal, le Citoyen franco-américain, hebdomadaire de 16 pages, dont environ 12 en français et 4 en anglais. Amaron dirigeait la section anglaise et faisait partie du conseil d’administration de la société.

En 1885, Amaron avait publié The evangelization of the French Canadians of New England. Cette brochure de 16 pages résumait brièvement le travail missionnaire accompli jusque-là et se terminait par une pressante invitation à verser des fonds pour le futur collège. Six ans plus tard, dans un livre intitulé Your heritage ; or, New England threatened, Amaron décrivait le travail du French Protestant College et expliquait que l’instruction des immigrants canadiens-français et leur conversion au protestantisme étaient le meilleur moyen de les soustraire à l’emprise de l’Église catholique et de préserver les institutions républicaines des États-Unis. En 1891, il invita un ami montréalais, le révérend Laurent-Édouard Rivard, à se joindre au personnel enseignant du collège et à prendre la direction du Citoyen franco-américain. Amaron quitta la direction du collège deux ans plus tard pour voyager en Europe.

De retour à Montréal en 1895, il fonda la Dominion Publishing Company, dont il devint l’un des directeurs. Il figurait probablement parmi ceux qui, en 1893 ou en 1894, avaient créé la Compagnie d’imprimerie et de publication l’Aurore Limitée afin d’acheter l’Aurore, organe du protestantisme français au Canada lancé en 1866 par Rivard. Rédacteur en chef de ce journal pendant un certain temps, il y contribuerait de façon régulière. En 1896, il devint titulaire de l’église presbytérienne française St John à Montréal. Il démissionna pour devenir ministre de l’église presbytérienne Gardenville Avenue à Longueuil en mai 1906. La même année, le French Protestant College lui décerna un doctorat en théologie. De 1909 à 1911, il assuma la charge de l’église presbytérienne de Joliette. Sa dernière affectation fut l’église presbytérienne française de Québec ; il y resta de 1911 à 1916. Pendant son séjour dans cette ville, il fit construire une église à Loretteville et y fonda une école. Modérateur du consistoire de Montréal et d’Ottawa en 1904, il prononça une conférence sur les missions canadiennes-françaises à l’assemblée générale de l’Église presbytérienne en 1913.

Calvin Elijah Amaron, dit-on, prêchait avec éloquence aussi bien en français qu’en anglais. De plus, c’était un orateur populaire ; ainsi, bon nombre d’auditoires purent entendre ses conférences sur des thèmes historiques, par exemple « The Huguenots in France and Canada » ou sur des questions contemporaines comme « The French Canadian problem ». Outre qu’il se voua toute sa vie à la conversion des Canadiens français, essentielle selon lui à l’unité canadienne, il prit vigoureusement position contre l’ultramontanisme, pour la prohibition et pour le libre-échange. Bien qu’il ait affirmé rester à l’écart des partis, il reconnaissait avoir de la sympathie pour les orientations et les principes du Parti libéral.

John S. Moir

Calvin Elijah Amaron est l’auteur des ouvrages suivants : The evangelization of the French Canadians of New England (Lowell, Mass., 1885) ; Inspection of public and private schools (Springfield, Mass., 1890) ; Your heritage ; or, New England threatened (Springfield, 1891 ; 2e éd., 1922) ; The future of Canada ; the extraordinary privileges of the Roman Catholic Church in Quebec ([Saint-Paul, Québec ?, 1912 ?]) ; le Problème canadien français ; les privilèges de l’Église de Rome (Québec, 1913) ; The relation of French Protestantism to the Quebec problem ; address [...] at the meeting of the synod of Montreal and Ottawa, May 14th, 1913 (Prescott, Ontario, [1913 ?]). De plus, il fut le rédacteur de la section anglaise du journal le Semeur franco-américain (Ware, Mass., et autre lieux) et de celui qui le remplaça, le Citoyen franco-américain (Springfield). À un moment, pendant les années 1890, il fut aussi rédacteur de l’Aurore (Montréal).

AC, Joliette, État civil, Presbytériens, St James (Berthierville), 17 mars 1917 ; Québec, État civil, Presbytériens, Église presbytérienne française, 1911–1916.— ANQ-M, CE1-126, 26 nov. 1895.— EUC-C, Biog. file.— L’Aurore, 25 juill. 1896, 15 juill. 1899, 1er nov. 1946.— Montreal Daily Star, 16 mars 1917.— Annuaires, Montréal, 1894–1897 ; Québec, 1911–1917.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— R.-P. Duclos, Histoire du protestantisme français au Canada et aux États-Unis (2 vol., Montréal, [1913]).— EPC, Board of Foreign Missions, The pre-assembly congress (Toronto, 1913), 135–141 ; General Assembly, Acts and proc. (Toronto), 1880 ; 1917.— Hand-book of the Presbyterian Church in Canada. 1883, A. F. Kemp et al., édit. (Ottawa, 1883)

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John S. Moir, « AMARON, CALVIN ELIJAH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/amaron_calvin_elijah_14F.html.

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Auteur de l'article:    John S. Moir
Titre de l'article:    AMARON, CALVIN ELIJAH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    11 oct. 2024