Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN
ARMSTRONG, CHARLES JOHNSTONE, ingénieur et officier dans la milice et dans l’armée, né le 27 août 1872 à Montréal, fils de Charles Newhouse Armstrong et d’Amelia Frances Johnstone ; le 19 avril 1913, il épousa à Ottawa Flora Macdonald Grant Kittson, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 23 janvier 1934 à Montréal et inhumé au cimetière Mont-Royal à Outremont (Montréal).
Charles Johnstone Armstrong fréquenta la High School of Montreal, puis s’inscrivit, en 1889, au Royal Military College of Canada (RMC), à Kingston, en Ontario. À titre de cadet no 293, il obtint son diplôme en 1893, avec le grade de sergent-major de compagnie. Trois de ses frères fréquenteraient également ce collège. Le 18 mai 1894, Armstrong reçut le grade de sous-lieutenant dans le 5th Battalion of Infantry (Royal Scots of Canada), unité de milice distinguée de Montréal. L’année suivante, il fut promu lieutenant. Dans la vie civile, il devint ingénieur, car il avait étudié le génie, discipline qui formait une partie importante du programme au RMC. Il travailla probablement avec son père, promoteur et entrepreneur de chemins de fer, ainsi que directeur de l’Atlantic and Lake Superior Railway.
Au déclenchement de la guerre des Boers, en 1899, Armstrong se porta volontaire pour servir dans le premier contingent canadien ; il fut accepté comme lieutenant dans le 2nd (Special Service) Battalion du Royal Canadian Regiment of Infantry. L’un des trois officiers de la E Company, recrutée dans la région de Montréal, il s’embarqua le 30 octobre pour l’Afrique du Sud. Il prit part à la bataille de Paardeberg et, pendant l’assaut final, le 27 février 1900, subit une blessure légère à la cuisse. Il poursuivit l’avancée avec son bataillon pendant la première moitié de l’année et combattit à Poplar Grove, Houtnek, Zand River, Johannesburg et Pretoria (Tshwane). Quand son bataillon retourna au Canada, il demeura en Afrique du Sud ; de juillet 1900 à mai 1902, il fit partie du personnel des Imperial Military Railways sous la direction d’un autre Canadien, Édouard Percy Cranwill Girouard. À la fin du conflit, il devint ingénieur divisionnaire des Central South African Railways, organisation civile mise sur pied pour administrer les mêmes lignes. Il quitta ce poste en 1910, quand il revint au Canada et entra au service de la Sir John Jackson Limited, firme de constructeurs et d’entrepreneurs de chemins de fer. Depuis 1899, Armstrong figurait comme officier absent sur la liste des effectifs de son unité, devenue le 5th Regiment (Royal Highlanders of Canada). Il fut promu au grade de capitaine honoraire en 1900 et de capitaine effectif en 1905 ; de plus, son nom comptait parmi les réservistes.
Quand la Première Guerre mondiale éclata, Armstrong, à l’instar de bien d’autres officiers de la milice, proposa ses services au ministère de la Milice et de la Défense et offrit de constituer un corps de pionniers ou de troupes de construction. Il fut plutôt nommé commandant des Ingénieurs divisionnaires, qui se rassemblaient alors à Valcartier, au Québec. Le 5 septembre 1914, tandis qu’il avait 42 ans et les cheveux gris, il reçut le grade honoraire de lieutenant-colonel dans le Corps expéditionnaire canadien, et prit la direction des 28 officiers et 855 hommes sélectionnés pour le service outre-mer. Organisés en un quartier général, deux compagnies de campagne et une compagnie de transmissions, avec une troisième compagnie de campagne ajoutée tout juste avant le départ des hommes, les ingénieurs d’Armstrong s’embarquèrent pour l’Angleterre le 28 septembre. À son arrivée, Armstrong commença par superviser l’érection des baraquements que son ancien employeur, la Sir John Jackson Limited, construisait pour les Canadiens dans la plaine de Salisbury.
Le 7 avril 1915, Armstrong se rendit en France à titre d’ingénieur en chef de la 1re division canadienne. Ses responsabilités prirent rapidement de l’ampleur au cours de l’année suivante. En avril-mai 1915, il était l’officier en chef du génie à la deuxième bataille d’Ypres, premier engagement important de la division, et participa aux attaques subséquentes à Festubert et à Givenchy-lez-La Bassée. La guerre de tranchées exigea des interventions accrues de la part des ingénieurs et entraîna le déploiement de nouvelles unités telles que des compagnies de tunnels et des troupes affectées aux tramways, qui s’ajoutèrent aux responsabilités de l’ingénieur en chef. Quand la 2e division canadienne arriva en France à la mi-septembre, on forma le Corps d’armée canadien, dont Armstrong, après avoir gravi les échelons, commanda les ingénieurs à compter du 13 septembre en tant que brigadier-général temporaire. On avait mentionné son nom dans des dépêches en juin 1915, et cela se produisit de nouveau en janvier 1916, à la réception de son titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges.
Le 29 février 1916, Armstrong effectuait la reconnaissance d’un pont près de Bernay, dans le nord de la France, quand un convoi heurta son train à l’arrière. Grièvement blessé, il subit une mauvaise fracture à la jambe gauche, 14 de ses dents, ainsi qu’une partie de sa mâchoire supérieure, furent cassées, et il reçut des blessures à la tête et aux épaules. Une convalescence longue et difficile s’ensuivit, d’abord dans un hôpital français à Bernay, puis à l’hôpital no 2 de la Croix-Rouge à Rouen et, enfin, d’avril à octobre 1917, dans des hôpitaux en Angleterre. À Bernay, il souffrit d’une pneumonie et d’une pleurésie. Sa plaie à la jambe s’infecta et la fracture, qui nécessita deux opérations en 1916, mit du temps à guérir. D’autres interventions chirurgicales en Angleterre permirent d’extraire de sa mâchoire des morceaux d’os et de dents brisés. Il ne repartit au front que le 16 janvier 1918, près de deux ans après l’accident. Il en garderait des séquelles pour le reste de sa vie.
En février, Armstrong était de retour en France. Remplacé par William Bethune Lindsay le 7 mars 1916 comme brigadier-général, Armstrong fut nommé ingénieur principal des dispositifs de défense. L’ingénieur en chef l’embaucha au quartier général du Corps expéditionnaire britannique. Les Allemands lancèrent leur dernière grande offensive le mois suivant. Lorsque le front de la 5e armée britannique menaça de s’effondrer, Armstrong aida à rassembler expressément un contingent d’ingénieurs britanniques, américains et canadiens, et d’autres spécialistes pour défendre les lignes à titre de fantassins.
Du 4 novembre 1918 au mois de mars 1919, Armstrong occupa le poste d’ingénieur en chef du British VII Corps en France, affecté à la réparation et à la reconstruction de tous les canaux de France et de Belgique dévastés par la guerre. Il retourna en Angleterre le 6 mars et rentra au Canada le 14 juin. Il avait à nouveau reçu des récompenses, fait l’objet de mentions dans des dépêches en décembre 1918 et mérité le titre de compagnon de l’ordre du Bain. Deux décorations s’ajoutèrent : en octobre 1919, le Portugal lui décerna l’ordre militaire d’Aviz et, en mai 1920, la Belgique lui remit l’ordre de la Couronne.
À son retour au Canada, Armstrong fut engagé comme officier d’état-major à temps plein au ministère de la Milice et de la Défense (ministère de la Défense nationale à partir de 1923). Le 28 juin 1919, il devint l’officier supérieur du district militaire no 4, dont le quartier général se trouvait à Montréal. Il portait le grade de colonel, mais en raison de son service pendant la guerre, on lui permit d’arborer l’insigne de brigadier-général honoraire. Le 1er juin 1921, il fut nommé colonel commandant temporaire, grade éphémère dans la milice réservé aux responsables de districts militaires. En cette qualité, il entreprit de reconstituer les régiments de milice de la région de Montréal en temps de paix. Il joua également un rôle actif comme président d’un comité du Royal Military College Club of Canada, qui supervisa la construction de l’arche commémorative sur le terrain avant du collège. L’inauguration du monument eut lieu le 15 juin 1924.
En octobre 1926, Armstrong devint officier commandant du district militaire no 1, dont le quartier général était installé à London, en Ontario. Deux ans plus tard, en juillet, il fut promu brigadier temporaire, quand on supprima le grade de colonel commandant. Il reçut deux autres récompenses : la Colonial Auxiliary Forces Officers’ Decoration et la Volunteer Officers’ Decoration.
Armstrong fut promu major-général après avoir pris sa retraite en 1933. Pendant un séjour à sa maison d’été de Carillon (Saint-André-d’Argenteuil), au Québec, il tomba malade et mourut dans un hôpital de Montréal à l’âge de 61 ans. Ses funérailles, à la cathédrale Christ Church, furent un événement militaire important. Le cortège funèbre s’étendit sur plus de quatre pâtés de maisons.
La carrière militaire de Charles Johnstone Armstrong se déroula pendant une période où le Corps d’armée canadien accédait à la maturité. Malgré ses études au RMC, il dut d’abord gagner sa vie en tant que civil, et sa nomination en 1914 semble attribuable davantage à ses relations dans la milice qu’à des compétences avérées en génie militaire ou en administration. Pourtant, ses réalisations atteignirent presque les limites supérieures des possibilités offertes à un officier canadien à cette époque et il réussit à mener toute sa vie une carrière militaire au sein d’une milice canadienne grandissante, bien que toujours modeste.
AO, RG 80-5-0-613, no 2169.— BAC, R180-76-5, boîte 225-10.— BAnQ-CAM, CE601-S63, 5 oct. 1872.— Gazette (Montréal), 28 août 1872 ; 22 avril 1913 ; 22–27 janv. 1934.— London Gazette, novembre 1915–avril 1919.— Annuaire, Montréal, 1895–1934.— Canada, Dép. de la Milice et de la Défense, Militia list (Ottawa), 1895–1929 ; Ministère de la Défense nationale, Defence forces list, Canada (naval, military and air forces) (Ottawa), 1930–1933.— A. J. Kerry et W. A. McDill, The history of the Corps of Royal Canadian Engineers (2 vol., Ottawa, 1962–1966), 1.— [Minutes of annual meeting of the Royal Military College Club of Canada, 8 April 1924], Royal Military College of Canada, Rev. ([Kingston, Ontario]) (mai 1924) : 75–77.— [Minutes of annual meeting of the Royal Military College Club of Canada, 28 February 1925], Royal Military College of Canada, Rev. (mai 1925).— « No. 293, Major-General Charles Johnstone Armstrong, C.B., C.M.G. », Royal Military College of Canada, Rev. (juin 1934) : 93–94.— « No. 376, Frederick Percy Armstrong », Royal Military College of Canada, Rev. (décembre 1934) : 64.— G. R. Stevens, Canadian National Railways (2 vol., Toronto et Vancouver, 1960–1962).
Owen A. Cooke, « ARMSTRONG, CHARLES JOHNSTONE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/armstrong_charles_johnstone_16F.html.
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Auteur de l'article: | Owen A. Cooke |
Titre de l'article: | ARMSTRONG, CHARLES JOHNSTONE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2019 |
Année de la révision: | 2019 |
Date de consultation: | 5 déc. 2024 |