ARRAUD, JACQUES-VICTOR, prêtre, sulpicien, procureur, aumônier, né à Blaye, diocèse de Bordeaux (Gironde), le 8 septembre 1805, fils d’Augustin Arraud et de Marguerite Florence, décédé à Montréal le 22 mars 1878.

Jacques-Victor Arraud n’était que sous-diacre lorsqu’il fut admis à la Solitude (noviciat) d’Issyles-Moulineaux (Hauts-de-Seine) au cours de l’année 1828. Il y était depuis quelques semaines seulement, quand M. Jean-Henry-Auguste Roux*, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, alors de passage à Paris, obtint l’autorisation, et du gouvernement anglais et du supérieur général de Saint-Sulpice, de l’emmener au Canada avec trois autres sulpiciens français. Une recrue de cette importance ne s’était pas vue depuis plus de 30 ans. Dès l’arrivée d’Arraud on lui confia une classe au collège de Montréal, puis, après son ordination, le 26 juillet 1829, il devint vicaire à la paroisse Notre-Dame.

En 1844, après trois ans de négociation, Mgr Ignace Bourget* obtint de Rose-Virginie Pelletier, dite Marie de Sainte-Euphrasie, supérieure générale de la congrégation du Bon-Pasteur d’Angers (Maine-et-Loire), l’établissement de ses religieuses à Montréal. Arraud fut chargé de préparer leur installation, de pourvoir à leurs besoins immédiats et de travailler au développement de la communauté. Il fallut d’abord trouver une résidence appropriée à leurs œuvres. En effet, la communauté voulait établir un refuge pour les filles repentantes, un ouvroir et une maison d’enseignement pour les jeunes filles pauvres. C’est Arraud qui, de ses deniers et des aumônes qu’il recueillit, paya leur première maison et y fit faire les réparations et les agrandissements nécessaires. De plus, comme les religieuses étaient à peu près complètement dépourvues, il devint leur providence de presque tous les jours. Il se fit mendiant pour elles, allant jusqu’à transporter lui-même, en voiture, les hardes, petits meubles et provisions de bouche qu’il recueillait de porte en porte. Après quelques années, quand la communauté commença à se développer et qu’elle fut en mesure d’assumer totalement la réalisation de ses œuvres, Arraud s’occupa de lui trouver les fonds nécessaires et de surveiller les nouvelles constructions. Ce fut le cas tout spécialement en 1870 pour la fondation d’un pensionnat à Saint-Hubert (comté de Chambly) et, en 1872, pour la prise en charge de la prison des femmes. C’est pour tous ces services et pour bien d’autres encore que les religieuses du Bon-Pasteur ont toujours considéré M. Arraud comme leur second fondateur.

En même temps qu’il s’appliquait à pourvoir aux nécessités les plus urgentes de ces religieuses, Arraud dut s’occuper d’une autre institution d’un genre tout différent. En 1844, Joseph-Vincent Quiblier*, supérieur de Saint-Sulpice, fonda l’Œuvre des bons livres et choisit Arraud comme administrateur. Ce dernier devint ainsi le premier directeur de la première bibliothèque française publique de Montréal. Pendant les cinq années que dura son mandat, de 1844 à 1849, il réussit à asseoir l’institution sur des bases solides en recrutant environ 150 souscripteurs, en installant la bibliothèque dans un local plus que suffisant et en portant le nombre des volumes de 2 400 à 12 000.

Les aptitudes dont fit preuve M. Arraud dans ses différents emplois amenèrent ses supérieurs à lui confier des fonctions administratives importantes, dont celle de procureur du séminaire de 1863 à 1876. Il mourut subitement le 22 mars 1878, au retour d’une visite à l’hôpital Général, dont il était le supérieur ecclésiastique depuis 1876.

Antonio Dansereau

ASSM, Biographies : Jacques-Victor Arraud ; Œuvres et institutions diverses.— Correspondance de Mgr Ignace Bourget pour 1842 et 1843, L.-A. Desrosiers, édit., RAPQ, 1948–1949, 438.— Correspondance de Mgr Jean-Jacques Lartigue de 1827 à 1833, L.-A. Desrosiers, édit., RAPQ, 1942–1943, 23, 34, 52.— Allaire, Dictionnaire.— Gauthier, Sulpitiana.— Annales des religieuses de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur d’Angers (2 vol., Montréal, 1895), I : 5, 12–16, 151, 156–159, 367–369.— Au soir d’un siècle, le Bon-Pasteur d’Angers à Montréal, 1844–1944 (Montréal, 1944).— Édouard Gouin, Le Bon-Pasteur d’Angers et ses œuvres à Montréal (Montréal, 1916).— Olivier Maurault, L’Œuvre des bons livres, Revue trimestrielle canadienne (Montréal), XII (1926) : 152–177 ; Vieux cahiers, vieux journaux, Revue canadienne (Montréal), 3e sér., XVIII (juill.–déc. 1916) : 209–231.

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Antonio Dansereau, « ARRAUD, JACQUES-VICTOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/arraud_jacques_victor_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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