BAKER, JAMES A., mineur et organisateur syndical du sud-est de la Colombie-Britannique ; circa 1899–1903.

James A. Baker, qui était né au Canada, s’installa en 1899 dans un centre minier de la Colombie-Britannique, Slocan, et y passa les quatre années subséquentes. L’année de son arrivée, il adhéra à la Western Federation of Miners, qui regroupait surtout des ouvriers de l’industrie des métaux communs et précieux de l’ouest de l’Amérique du Nord. Ce syndicat, comme d’autres composantes du secteur minier de la cordillère ouest, faisait peu de cas de la frontière : il recrutait aussi bien des Canadiens que des Américains. Sa première section locale canadienne avait été formée en 1895 à Rossland, en Colombie-Britannique. Dans les derniers mois de 1899, le nombre de sections locales fondées par les mineurs de cette province s’élevait à 13 ; en décembre, ils créèrent leur propre district à l’intérieur du syndicat. Sous la direction de Christopher Foley et de James Wilks, le district 6 prônait l’action modérée et faisait surtout des pressions, tant auprès des autorités fédérales que provinciales. Cependant, cette stratégie tomba en disgrâce en raison des deux conflits prolongés qui frappèrent la région de Kootenay à la fin du xixe siècle et au début du xxe (une grève à Sandon en 1899–1900 et une autre à Rossland en 1901–1902). Baker, réputé « partisan convaincu du socialisme », fut nommé en 1901 représentant du district 6 au comité de direction, instance qui siégeait à Denver, au Colorado, et qui réunissait les trois plus hauts dirigeants de la fédération et un représentant de chaque région. En même temps, il devint le nouvel organisateur en chef de l’ouest du Canada. Son accession à ces deux fonctions était signe que le district canadien virait à gauche ; une même tendance s’observait dans l’ensemble du syndicat.

La nomination de Baker coïncida aussi avec une série de dures grèves chez les mineurs de charbon de la passe du Nid-du-Corbeau et de l’île de Vancouver, de même qu’avec une grève mettant en cause une filiale du syndicat dans la ville de Vancouver. Ces conflits firent la manchette ; on alla jusqu’à craindre, en 1902–1903, que la province ne soit au bord de l’anarchie sur les plans politique et industriel. Le gouvernement fédéral réagit aux inquiétudes de l’opinion en instaurant, le 18 avril 1903, la commission royale sur les conflits industriels en Colombie-Britannique. Baker, qui fut le premier à y témoigner, subit un interrogatoire serré de la part des commissaires, le juge en chef Gordon Hunter et le révérend Elliott S. Rowe. Pour ces hommes qui ne faisaient pas mystère de leur hostilité, la détérioration des relations du travail était attribuable en bonne partie aux syndicats qui, comme celui de Baker, avaient leur siège social à l’extérieur de la province. Ils cherchèrent à déterminer quel degré d’autonomie le district canadien avait dans la Western Federation of Miners et insistèrent en particulier pour savoir dans quelle mesure un groupe de grévistes pouvait, par la persuasion (ou la contrainte), amener d’autres ouvriers à déclencher des grèves de sympathie. Évoquant sa comparution, Baker déclara : « [cela] m’a prouvé hors de tout doute qu’il ne s’agissait pas d’une enquête, mais d’un procès où l’on jugeait si la Western Federation of Miners et les organisations internationales du même genre ont le droit d’exister au Canada [...] On accuse même notre organisation de faire partie d’un complot visant à provoquer l’annexion du Canada aux États-Unis. »

James A. Baker se plaignait de l’immensité du territoire dont le syndicat lui avait confié la responsabilité et sa charge de travail ne cessait de s’alourdir. En 1903, deux ans après sa nomination, il refusa un autre mandat au comité de direction en invoquant « des raisons personnelles ». On ignore ce qu’il advint de lui ensuite. Chose certaine, il avait contribué à l’accroissement et au renouvellement du militantisme des mineurs de la Colombie-Britannique – ces ouvriers qu’un chercheur a qualifiés d’« avant-garde du radicalisme dans l’Ouest ». Ce fut sous l’influence d’hommes comme Baker que la province devint un bastion du Parti socialiste du Canada et un lieu où la lutte des classes prit une intensité particulière.

Jeremy Mouat

On trouve des comptes rendus de James A. Baker dans Western Federation of Miners, Official proc. [...] (Denver, Colo), 1902 : 142–145, 166–171, et 1903 : 99–111, et son témoignage devant la commission royale sur les conflits industriels en Colombie-Britannique, aux pp. 8–36 de ses Minutes of evidence (Ottawa, 1904), qu’on peut lire aussi dans Canada, Parlement, Doc. de la session, 1904, no 36a.

     Canadian Socialist (Vancouver), 20 juin 1902.— Daily Colonist (Victoria), 11 juin 1903 : 5.— D. J. Bercuson, « Labour radicalism and the western industrial frontier, 1897–1919 », CHR, 58 (1977) : 154–175.— R. A. Johnson, « No compromise – no political trading : the Marxian socialist tradition in British Columbia » (thèse de ph.d., Univ. of B.C., Vancouver, 1975).— Loosmore, « B.C. labor movement ».— McCormack, Reformers, rebels, and revolutionaries.— C. J. McMillan, « Trade unionism in District 18, 1900–1925 : a case study » (thèse de m.b.a., Univ. of Alta, Edmonton, 1969).— Miners’ Magazine (Denver), 2 (1901)–4 (1903).— Jeremy Mouat, « The genesis of western exceptionalism : British Columbia’s hard-rock miners, 1895–1903 », CHR, 71 (1990) : 317–345.— A. D. Orr, « The Western Federation of Miners and the royal commission on industrial disputes in 1903 with special reference to the Vancouver Island coal miners’ strike » (thèse de m.a., Univ. of B.C., 1968).— P. A. Phillips, No power greater : a century of labour in British Columbia (Vancouver, 1967).— Robin, Radical politics and Canadian labour.— J. H. Tuck, « The United Brotherhood of Railway Employees in western Canada, 1898–1905 », le Travailleur, 11 (1983) : 63–88.

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Jeremy Mouat, « BAKER, JAMES A », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/baker_james_a_13F.html.

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Auteur de l'article:    Jeremy Mouat
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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