Titre original :  Barber, Architect [Charles Arnold Barber] - City of Winnipeg Archives

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BARBER, CHARLES ARNOLD, architecte et inventeur, reconnu coupable d’extorsion, né le 9 juillet 1848 à Irish Creek (Jasper, Ontario), fils de William Barber, fermier et maçon, et de Maria Dunn ; le 20 février 1878, il épousa dans le canton de Tyendinaga, Ontario, Sarah C. Allison, et ils eurent deux fils et cinq filles ; décédé le 22 septembre 1915 à New Westminster, Colombie-Britannique.

Fils d’immigrants irlandais et deuxième d’une famille de neuf enfants, Charles Arnold Barber aurait fait cinq ans d’apprentissage dans un bureau d’architectes et de constructeurs de Rome, dans l’État de New York, probablement de 1865 à 1870. Il déclara par la suite avoir ouvert un bureau d’architecte en 1870. Cette année-là, il prit un associé à Ottawa et mit en chantier un immeuble commercial. Avant la fin des travaux, il quitta Ottawa et abandonna son associé. Dans les cinq années suivantes, prétendit-il plus tard, il « fut maître d’œuvre de grands travaux ferroviaires et de plusieurs des plus beaux édifices des États[-Unis] et du Canada ».

Barber arriva à Winnipeg le 19 mai 1876. Il s’y rendait « principalement pour des raisons de santé » et ne commença qu’en septembre à faire de la réclame pour son bureau. D’après ce que l’on sait, ses premières commandes à Winnipeg furent les plans de la Central School et de la North Ward School, en 1876–1877, deux constructions de style à l’italienne, les premières au Manitoba. Son bureau fit également les plans de la South Ward School (ou Carlton Street School) en 1880–1881 et d’une rallonge à cette école en 1882, les plans de la Ward 5 School (ou Pinkham School) en 1883 et ceux de la Mulvey School en 1884. La collaboration entre Barber et le Winnipeg Protestant Board of School Trustees prit fin en 1884 parce que, en dirigeant un chantier, Barber fut accusé de collusion avec son frère Isaac, entrepreneur. Barber intenta des poursuites en diffamation, mais l’affaire fut classée, les accusations ayant été retirées.

D’autres plans exécutés tôt dans sa carrière aidèrent Barber à obtenir des contrats de l’Église d’Angleterre au Manitoba. Il s’agissait des plans de la St John’s College Ladies’ School, en 1877, où les éléments gothiques favorisés par les anglicans se combinaient à un toit mansardé de style Second Empire. Cette jolie construction en brique plut tellement que le bureau de Barber obtint les contrats de l’école paroissiale de St James en 1881 ainsi que du St John’s College et de la résidence du doyen en 1883. Le collège devait être un vaste complexe en forme de L, de style gothique, avec plusieurs hautes tours. Une petite partie seulement fut bâtie car le conseil d’administration du collège manqua d’argent.

Barber exécuta également des commandes pour des presbytériens de Winnipeg. Ses plans de l’église presbytérienne Knox, exécutés en 1878–1879, furent écartés en faveur de ceux de Balston C. Kenway et de Thomas H. Parr, mais il réalisa les plans du collège de Manitoba en 1881–1882. Des éléments de styles roman, Second Empire et gothique s’y alliaient pour créer un ensemble flamboyant. Réalisée en 1883–1884, la nouvelle église presbytérienne Knox était plus traditionnelle : elle présentait un grand auditorium central, des fenêtres gothiques et des tours. Ces deux immeubles furent des points d’attraction durant plusieurs décennies.

Les plans conçus par Barber pour l’hôtel de ville de Winnipeg (1883–1886) étaient également inhabituels. Barber avait déjà exécuté des plans d’édifices municipaux, dont l’hôtel de ville d’Emerson en 1881 et le poste de police de Winnipeg en 1883. Alors que l’immeuble d’Emerson était d’un élégant style à l’italienne et que le poste de police présentait à la fois des éléments Second Empire et romans, l’hôtel de ville de Winnipeg défiait presque toute description architecturale. C’était une structure massive de forme carrée surmontée d’une grosse coupole ; à chacun des quatre coins, il y avait une petite tour. Avec ses murs de brique rouge et de pierre blanche et son toit en cuivre, l’hôtel de ville présentait un aspect extraordinaire. Son caractère insolite en faisait un symbole aisément identifiable de Winnipeg.

La conception de l’hôtel de ville marqua aussi le déclin du bureau d’architectes de Barber à Winnipeg. Son premier associé, James R. Bowes, avait travaillé avec lui sous la raison sociale de Barber and Bowes de février 1881 à mars 1882, puis avait été remplacé par le jeune frère de Charles Arnold, Earl William Barber. La Barber and Barber devint, en 1883, le bureau d’architectes le plus gros et le plus sollicité de Winnipeg ; il employait six dessinateurs. Pourtant, dès 1884, Barber avait une réputation assez peu enviable. En 1882, on avait allégué que, sous la direction de Barber, un groupe du conseil d’administration de l’Hôpital Général de Winnipeg tentait de dominer le conseil pour promouvoir l’adoption des plans que son bureau avait faits pour les nouvelles constructions de l’hôpital. L’élection d’administrateurs opposés à cette idée fit échouer la tentative. Un an plus tard, pendant la construction du poste de police de Winnipeg, on prétendit que les frères Barber étaient de mèche avec l’entrepreneur, David Kilpatrick. Cette accusation ne fut jamais prouvée. Les soupçons s’aggravèrent à cause d’accusations de complicité faites pendant l’été de 1884, au cours de la construction de la Mulvey School. En même temps, le bureau d’architectes était accusé de collusion avec l’entrepreneur de la construction de l’hôtel de ville, Robert Dewar. L’affaire dégénéra en scandale municipal à l’automne de 1884 et les frères Barber furent écartés du projet de l’hôtel de ville, mais ils furent exonérés par la suite.

Dès 1885, les Winnipeguois considéraient que leur ville était devenue un centre urbain élégant où ne convenaient plus les édifices très ornementés de Barber and Barber, exubérances d’une jeune ville champignon. Les frères Barber n’eurent donc aucune commande en 1885 et en 1886. L’année suivante, ils conçurent seulement cinq immeubles sans importance. Après les élections fédérales de février 1887, Barber fut arrêté sous l’accusation d’avoir soudoyé un électeur pour qu’il accorde son suffrage au candidat conservateur William Bain Scarth*. Cette arrestation l’incita fortement à quitter Winnipeg à l’automne, même si les accusations avaient été discrètement retirées pendant l’été. Charles Arnold et ses frères Earl William et Ernest transférèrent leur entreprise à Duluth, au Minnesota, d’où ils ouvrirent des succursales à Superior et à Ashland, dans le Wisconsin, ainsi qu’à Marquette, dans le Michigan. En 1892, Barber rouvrit son bureau à Winnipeg et dessina un certain nombre de bâtiments, dont un édifice simple mais imposant pour Nicholas Bawlf, rue Princess, qui devait loger la Winnipeg Grain and Produce Exchange. Chose inhabituelle à l’époque, le premier étage était soutenu par un ensemble de poutres qui laissait au rez-de-chaussée un espace de 65 pieds de largeur sans colonnes. Malheureusement, pendant la dépression qui commença en 1893, Barber trouva peu de travail à Winnipeg. De jeunes architectes mieux formés et à la réputation plus intègre, tel George Browne* fils, avaient alors commencé à dominer la scène.

La Barber and Barber conçut ses derniers édifices au Manitoba en 1898. Il s’agissait du vaste McIntyre Block de Winnipeg [V. Alexander McIntyre*] et de l’école publique de Gladstone. L’édifice McIntyre, deuxième du nom, avait une charpente intérieure en bois à une époque où les armatures d’acier commençaient à être à la mode. Cependant, il avait une jolie façade de pierre et une corniche étagée qui le rendaient aisément reconnaissable. Cette construction marquait de manière heureuse la fin d’une carrière qui avait vu la création de tant d’immeubles pleins d’originalité. De 1876 à 1898, le bureau de Barber avait réalisé au Manitoba 106 plans dont 85 furent exécutés.

À compter de 1897, Barber se consacra à diverses inventions, par exemple un bateau à patins, une porte de foyer, une porte pare-feu et un coffre-fort. À l’automne de 1901, lui et sa femme s’installèrent à Montréal, où il lança une entreprise pour vendre sa porte pare-feu et son coffre-fort. En 1903, il était directeur de la Canada Automatic Fireproof Door and Shutter Company. À la fin du mois d’avril de cette année-là, lui et sa femme furent arrêtés pour extorsion avec violence à l’encontre d’un riche épicier de gros, Delphis-Camille Brosseau. Pendant leur procès, on allégua que les Barber avaient tenté de pratiquer le même genre d’extorsion à Portage-la-Prairie, au Manitoba, en 1892 et à Niagara Falls, en Ontario, en 1901. On les soupçonnait aussi d’avoir commis des crimes semblables sur un circuit allant de Chicago à Duluth et à St Louis, dans le Missouri. Barber fut condamné à sept ans de prison, sa femme à trois ans. Après leur libération, ils allèrent vivre chez leur fils Horace Greeley, d’abord à Calgary, puis à Vancouver. Barber mourut à New Westminster.

Charles Arnold Barber était un homme imposant : il mesurait six pieds quatre pouces, était bien bâti et avait les cheveux roux. Promoteur de la tempérance pendant quelque temps, il avait contribué à la fondation de la United Tempérance Benevolent and Literary Association à Winnipeg en 1877. Bien qu’il ait été un architecte compétent et ait conçu au Manitoba plusieurs édifices dignes d’attention, il avait des tendances malhonnêtes qui s’étaient peut-être manifestées dès 1870 à Ottawa. Un de ses rivaux, l’architecte William Critchlow Harris, a noté avec raison qu’il était « vraiment un artiste dont la toile [était] la ruse et les instruments, la tromperie ». Les villes champignons telle Winnipeg avaient leur lot d’escrocs ; elles s’établirent grâce à eux tout comme grâce à des gens honnêtes. Même s’ils étaient souvent tape-à-l’œil, les nombreux ouvrages architecturaux de Barber caractérisèrent le paysage de Winnipeg durant des décennies.

Randy R. Rostecki

AN, RG 31, C1, 1851, 1861, 1871, Bastard Township, Ontario.— AO, RG 80-5-0-72, no 3579.— C.-B., Ministry of Health (Victoria), Vital statistics, death certificate.— Holy Trinity Anglican Church (Winnipeg), RBMS, nos 1–6.— Ville de Winnipeg, Dir. des arch. et des doc. publics, City Council, communications, 1876, no 0981 ; 1892, no 2121.— Chicago Commercial Advertiser 30 août 1877.— Daily Manitoban (Winnipeg), 9 août 1886.— Manitoba Free Press, 20 mai, 4 sept., 12 oct., 13 nov. 1876, 17 févr., 2 mai 1877, 9 mars, 1er, 21 mai 1878, 21 févr. 1880, 15 août 1881, 26, 30 mai, 4 sept. 1882, 7, 24 mai, 12 juin 1883, 31 juill. 1884, 8 oct. 1892, 17 févr. 1893, 17 déc. 1901.— Montréal Daily Star, 30 avril, 1er mai, 8–12, 15–16 juin 1903.— Winnipeg Daily Sun, 14 févr. 1882, 10 mai, 10 juill., 8 sept. 1883, 6 mai 1884, 22 févr., 23 mars 1887.— Winnipeg Daily Times, 7, 12 mars 1881, 3 févr., 15 oct. 1883, 7 mars, 13 août, 14 oct., 13 déc. 1884.— Winnipeg Telegram, 9 mai 1903, 29 nov. 1915.— Winnipeg Tribune, 17 janv. 1880, 1er mai 1903.— Annuaire, Montréal, 1902–1903. G. B. Brooks, Plain facts about the new city hall; its inside history from the first down to the present ; interesting disclosures (Winnipeg, 1884).— Canadian Patent Office Record (Montréal ; Ottawa), 27 (1897), no 55241 ; 29 (1899), no 62725 ; 32 (1902), no 75809 ; 33 (1903), no 78971.

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Randy R. Rostecki, « BARBER, CHARLES ARNOLD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/barber_charles_arnold_14F.html.

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Auteur de l'article:    Randy R. Rostecki
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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