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BAUGY, LOUIS-HENRI DE, dit le chevalier de Baugy, officier militaire, issu d’une famille noble du Berry, fils de Guillaume de Baugy, conseiller du roi et capitaine de chevaux légers dans les régiments du cardinal Mazarin, et de Gabrielle de Goué ; né le 29 septembre 1657 à Villecien, France, mais les cérémonies du baptême ont été conférées le 30 septembre 1660 ; il épousa au même endroit Anne Regnault le 24 novembre 1705 ; décédé le 19 février 1720 et inhumé le même jour à Villecien.
Baugy s’embarqua pour le Canada à La Rochelle, dans la nuit du 12 au 13 juillet 1682, sur le Saint-François-Xavier. Il arriva à Québec en octobre, accompagnant Le Febvre* de La Barre qui succédait à Buade* de Frontenac. Le nouveau gouverneur, circonvenu par le groupe de commerçants qui enviait les privilèges dont jouissait Cavelier* de La Salle dans les Grands Lacs, entreprit de déposséder ce dernier de ses biens. Il confia cette mission à Morel de La Durantaye, ancien capitaine au régiment de Chambellay, auquel il adjoignit, en qualité de lieutenant, le chevalier de Baugy. Selon leur commission datée du 1er et du 15 mars 1683 et les instructions qui suivirent le 20 avril, tous deux avaient ordre de saisir les canots des coureurs de bois qui n’avaient pas de permis de traite, d’exhorter les Illinois, les Tionnontatés et les Miamis à porter leurs pelleteries à Montréal, de surveiller La Salle et de saisir ses biens si les accusations portées contre lui se révélaient exactes.
Le 23 avril 1683, les deux délégués partaient de Québec en direction de Michillimakinac où ils arrivèrent le 2 juillet. Pendant que La Durantaye s’installait à Michillimakinac, Baugy se dirigeait vers le fort Saint-Louis des Illinois. En cours de route, soit à 15 lieues du fort, il rencontra La Salle qui regagnait Montréal. Baugy lui fit part de sa mission et La Salle s’inclina. Ce dernier écrivit une lettre à son associé Henri Tonty, commandant du fort Saint-Louis, dans laquelle il lui demandait de recevoir Baugy avec courtoisie. Tonty obéit ; il remit le commandement du fort à l’envoyé de La Barre, mais il demeura sur les lieux afin de s’occuper des intérêts de La Salle.
Les frictions furent nombreuses entre Tonty et Baugy qui veillait, lui, aux intérêts de La Barre. En vain Baugy essaya-t-il de débaucher les hommes de Tonty qui, moyennant une augmentation de leurs gages et des promesses d’octroi de terres, demeurèrent fidèles à La Salle. Le 21 mars 1684, les deux rivaux durent oublier leurs querelles pour organiser la défense du fort menacé par 200 Iroquois (Haudenosaunee). Le siège dura six jours. Baugy dépêcha un courrier à Michillimakinac. Cependant, grâce à l’appui de guerriers illinois, on réussit à repousser les Iroquois bien avant l’arrivée de La Durantaye et de ses hommes. Quand celui-ci arriva le 21 mai, il portait des ordres précis de La Barre : Tonty devait laisser le fort et Baugy en assumer seul le commandement.
Pendant que Baugy jouissait du monopole de la traite chez les Illinois, La Salle plaidait victorieusement sa cause à Versailles. Rétabli dans ses privilèges par Louis XIV, il dépêcha Tonty au fort Saint-Louis en qualité de gouverneur du fort. Tonty s’y présenta le 26 juin 1685. Les rôles étaient renversés : Baugy dut à son tour laisser le fort et regagner Québec.
On ne retrouve trace de Baugy dans les documents qu’au printemps de 1687, alors qu’il participe, comme aide de camp de Brisay de Denonville, à la campagne contre les Tsonnontouans (Sénécas), membres de la Confédération iroquoise. Il en a laissé une relation précieuse dans laquelle il tente de faire preuve d’un grand souci d’exactitude et de précision. Denonville apprécia beaucoup les services de son aide de camp durant cette campagne et crut bon de marquer son mérite en l’honorant d’une compagnie au Canada.
Baugy ne mourut pas en 1689, comme l’affirme Pierre Margry, mais passa en France en novembre de cette année-là. Il ne revint jamais au Canada. Seigneur de Villecien, Villevallier, Fay et autres lieux, il vécut dans son château de Villecien. Le 19 février 1696, il fut nommé capitaine-major à Saint-Julien-du-Sault. Il mourut le 19 février 1720 et fut inhumé le jour même dans le cimetière paroissial de Villecien.
Baugy, Journal (Serrigny).— Découvertes et établissements des Français (Margry), V : 4–7.— P.-G. Roy, Ord. comm., II : 3–33, 43.— Eccles, Frontenac.— E. R. Murphy, Henry de Tonty, Fur Trader of the Mississipi (Baltimore, 1941).— Benjamin Sulte, Les Tonty, MSRC, 1re sér., XI (1893), sect. I : 3–31.
Bibliographie de la version modifiée :
Arch. départementales de l’Yonne (Auxerre, France), « Reg. paroissiaux et de l’état civil (collection du greffe) », Villecien, 30 sept. 1660, 24 nov. 1705, 19 févr. 1720 : archivesenligne.yonne.fr/archive/recherche/etatcivil (consulté le 13 juin 2023).
Jean Hamelin, « BAUGY, LOUIS-HENRI DE, dit le chevalier de Baugy », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/baugy_louis_henri_de_2F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/baugy_louis_henri_de_2F.html |
Auteur de l'article: | Jean Hamelin |
Titre de l'article: | BAUGY, LOUIS-HENRI DE, dit le chevalier de Baugy |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 2023 |
Date de consultation: | 13 nov. 2024 |