BEAUCHEMIN, CHARLES-ODILON, imprimeur et libraire, né à Sainte-Monique, Bas-Canada, le 29 mars 1822, fils d’Antoine Picart, dit Beauchemin, cultivateur, et de Marguerite Fontaine ; il épousa Louise Valois, de Pointe-Claire, Bas-Canada, et ils eurent huit enfants ; décédé à Montréal, le 29 novembre 1887.

Entré au séminaire de Nicolet en 1836, Charles-Odilon Beauchemin fit des études qui, sans être mauvaises, revêtirent un caractère particulier. On raconte que, passionné par la mécanique, il construisit l’orgue de la chapelle et s’intéressa à divers procédés de reliure. Après la mort de son père, le jeune Charles-Odilon dut quitter le séminaire en 1841, afin de subvenir aux besoins de sa famille.

Après un séjour chez John Lovell*, imprimeur de Montréal (on ne connaît ni la durée ni le moment exact de ce séjour), où il put perfectionner ses connaissances en reliure et vraisemblablement s’initier aux diverses pratiques commerciales en usage dans une librairie, Beauchemin décide, en 1842, d’aller tenter sa chance en Nouvelle-Angleterre. Disposant de quelques centaines d’ouvrages achetés à Montréal et lors d’un voyage à Québec en 1841, ainsi que du matériel nécessaire à un atelier de reliure, il souhaite trouver une clientèle chez les francophones établis aux États-Unis. Un malencontreux accident (près de ce qui est aujourd’hui le quai Victoria, à Montréal) l’oblige à demeurer dans cette ville afin de réparer ses livres abîmés par l’eau. Pour effectuer ce travail, il s’installe rue Craig, près de Saint-Denis. En quelques jours, sans l’avoir vraiment recherché, il vend tout son stock de livres et décide alors de s’établir à Montréal ; la maison Beauchemin était née.

Direct dans ses contacts, taciturne, Beauchemin s’intéresse tout au long de sa carrière aux divers aspects techniques de son entreprise. Il monte lui-même certaines machines et en perfectionne d’autres. De plus, il attache une grande importance à la formation de ses employés. En 1864, le volume des affaires ayant augmenté et les opérations s’étant diversifiées, Beauchemin s’associe avec son beau-frère, le notaire Joseph-Moïse Valois, sous la raison sociale Beauchemin et Valois. Quatre ans plus tard, ils adjoignent une imprimerie à la librairie. Valois s’occupe des activités proprement commerciales et Beauchemin se réserve les aspects techniques de la production du livre : presses, clicherie, reliure. Cette association dure 22 ans. En 1886, Valois s’étant retiré, Beauchemin s’adjoint son fils Joseph-Odilon, secrétaire de la compagnie depuis 1876. La maison est désormais connue sous le nom de Librairie C.-O. Beauchemin et fils.

Après la mort de Beauchemin, cette maison d’affaires connaîtra des développements extraordinaires et les propriétaires en tireront des profits appréciables. Un observateur note qu’en 1920 Joseph-Odilon Beauchemin est millionnaire. Dès 1855, la maison Beauchemin avait fait paraître son célèbre Almanach du peuple. Cette publication, irrégulière dans les premiers temps, devint annuelle à partir de 1870 et occupe encore aujourd’hui une place de choix dans la littérature populaire du Québec.

Jean-Louis Roy

ANQ-MBF, État civil, Catholiques, Saint-Jean-Baptiste (Nicolet), 29 mars 1822.— La Minerve, 30 nov. 1887.— « Références biographiques canadiennes », BRH, 49 (1943) : 228.— P.-M. Paquin, La librairie Beauchemin, limitée, 125e anniversaire, 1842–1967 (Montréal, 1967).— Rumilly, Hist. de Montréal, II : 278, 334.— Léon Trépanier, On veut savoir (4 vol., Montréal, 1960–1962), IV : 158–160.

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Jean-Louis Roy, « BEAUCHEMIN, CHARLES-ODILON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/beauchemin_charles_odilon_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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