BÉDARD, THOMAS-LAURENT, prêtre, professeur, procureur et supérieur du séminaire de Québec, né à Charlesbourg (Québec) le 3 février 1747, fils de Thomas Bédard et de Marie-Angélique Fiset, décédé à Québec le 27 mai 1795.

Thomas-Laurent Bédard fit toutes ses études au séminaire de Québec et fut ordonné prêtre par Mgr Briand le 23 septembre 1775. Sa carrière devait se dérouler dans la même institution. Professeur de philosophie et de sciences dès 1773, il fut agrégé le 17 octobre 1775 et entra au conseil le 24 mai 1776. Après avoir rempli pendant un an la double tâche de directeur du petit séminaire et de préfet des études, il fut élu, le 17 août 1778, premier assistant du supérieur Henri-François Gravé* de La Rive et fut chargé de la procure. Durant son mandat, Bédard eut à diriger notamment la construction des deux maisons de vacances que le séminaire avait décidé de mettre à la disposition de ses étudiants en 1777 : la maison Bellevue à Saint-Joachim, « sur le cotteau Fortin [Petit-Cap] », et la maison de la Canardière (aujourd’hui appelée Maizerets). Il travailla également à la confection de l’aveu et dénombrement des fiefs et seigneuries de la Côte-de-Beaupré, de l’Île-aux-Coudres, du Sault-au-Matelot, de Coulonges, de Saint-Michel et de l’Île-Jésus, document qui fut présenté par Gravé au gouverneur Haldimand le 11 juillet 1782.

Les collègues de Bédard lui témoignèrent leur confiance en le choisissant pour supérieur, le 13 août 1781. C’était la deuxième fois qu’un Canadien était nommé à ce poste [V. Jean-François Hubert]. Il demeura en fonction durant deux mandats et reprit sa charge de procureur en 1787. Bédard participa activement, comme trésorier, à une souscription organisée en faveur de l’Hôtel-Dieu, après le départ des militaires anglais qui y avaient été cantonnés de 1759 à 1784 [V. Marie-Louise Curot, dite de Saint-Martin]. « L’objet de cette Souscription », ainsi qu’il le marque en tête de son cahier des recettes et dépenses, était « de faire un fond pour avoir des remèdes, rétablir à l’hotel-Dieu les salles des pauvres occupées jusques à lors par les troupes du roi, et aider cette maison à recommencer les œuvres de charité qui sont l’objet de son institut. » Inaugurée en mars 1784 sous la présidence d’honneur du lieutenant-gouverneur Henry Hamilton, la quête auprès du clergé et des citoyens de Québec se poursuivit jusqu’au 15 juin 1787 et rapporta à peu prés £618.

Sans cesser d’être procureur, l’abbé Bédard enseigna la théologie dogmatique au grand séminaire de 1790 à 1793. À la veille de l’Acte constitutionnel, il eut de nouveau l’occasion de se signaler à l’attention de ses concitoyens. Les Loyalistes accentuaient alors leur campagne contre le système seigneurial de tenure. Le 10 octobre 1790, le comité spécial formé au sein du Conseil législatif pour étudier le problème se prononçait en faveur du mode de concession en franc et commun socage en usage dans les colonies britanniques, se servant, pour appuyer ses conclusions, d’une pétition soumise en 1788 à lord Dorchester [Carleton*] par Charles-Louis Tarieu* de Lanaudière, seigneur de Sainte-Anne-de-la-Pérade. L’abbé Bédard crut de son devoir d’intervenir et, le 11 février 1791, il adressa au gouverneur un mémoire très documenté intitulé « Observations sur le Projet du Changement de Tenure ». Après avoir relevé les nombreuses erreurs et inexactitudes contenues dans le texte de Lanaudière, l’auteur concluait que la disparition du régime seigneurial entraînerait à brève échéance la ruine des seigneurs en les privant des droits de lods et ventes et de banalité, et à long terme celle des habitants en leur enlevant tout moyen d’obtenir à peu de frais des terres pour eux et leurs enfants. Le 10 mars, une pétition portant la signature de l’abbé Gravé de La Rive, supérieur du séminaire de Québec, et de 59 autres seigneurs canadiens affirmait de même que le changement de tenure ne pouvait être que préjudiciable à la classe laborieuse. Ces interventions ne furent sans doute pas étrangères à la décision du gouvernement impérial de maintenir le régime seigneurial au Bas-Canada.

Thomas-Laurent Bédard fut élu supérieur pour un troisième mandats le 14 août 1793. Mais il n’eut pas le temps de finir son mandat. Hospitalisé le 5 mai 1795 à l’Hôpital Général, il y décédait le 27 suivant, âgé seulement de 48 ans. L’inhumation eut lieu le lendemain dans la chapelle du séminaire de Québec.

Noël Baillargeon

AHGQ, Hôpital, Registre des prêtres malades, no 50.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 48/1, pp.5ss ; 51/2, pp.4ss, 506–535.— Archives paroissiales, Saint-Charles-Borromée (Charlesbourg, Québec), Registre des baptêmes, mariages et sépultures, 3 févr. 1747.— ASQ, mss, 12, ff.44, 46–53 ; 437, f.35 ; mss-m, 122 ; 251 ; 726 ; Polygraphie, XXVIII : 7b ; S, Carton 11, nos 1, 1A, 13 ; S-184A ; Séminaire, 33, no 43.— La Gazette de Québec, 24, 31 mars, 7, 28 avril 1791.— Tanguay, Dictionnaire, II : 184 ; Répertoire, 141.— Ivanhoë Caron, La colonisation de la province de Québec (2 vol., Québec, 1923–1927), I : 141s.— Casgrain, Hist. de l’Hôtel-Dieu de Québec, 470.— A.-H. Gosselin, L’Église du Canada après la Conquête, II : passim.— Maurice Séguin, Le régime seigneurial au pays de Québec, 1760–1854, RHAF, I (1947–1948) : 382–402.

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Noël Baillargeon, « BÉDARD, THOMAS-LAURENT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bedard_thomas_laurent_4F.html.

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Auteur de l'article:    Noël Baillargeon
Titre de l'article:    BÉDARD, THOMAS-LAURENT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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