Titre original :  Photograph Robert Bell, Montreal, QC, 1876 William Notman (1826-1891) 1876, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 17.8 x 12.7 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. II-40820.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

BELL, ROBERT, géologue, professeur et fonctionnaire, né le 3 juin 1841 dans le canton de Toronto, Haut-Canada, fils d’Andrew Bell* et d’Elizabeth Notman ; en 1873, il épousa Agnes Smith, et ils eurent un fils et trois filles ; décédé le 17 juin 1917 à Rathwell, Manitoba.

Éduqué à L’Original, dans le Haut-Canada, Robert Bell était le fils d’un ministre presbytérien et géologue amateur respecté qui monta une importante collection de roches et de fossiles dans le bas de l’Outaouais. Non seulement Andrew Bell cultiva-t-il en son fils l’amour de la science, mais il usa de ses relations pour lui obtenir un emploi temporaire à la Commission géologique du Canada en décembre 1856. L’été suivant, Robert Bell accompagna le directeur de la commission, sir William Edmond Logan*, au Saguenay, dans le Bas-Canada, à titre d’assistant. Ainsi s’amorça pour lui une prestigieuse carrière d’un demi-siècle à la Commission géologique.

Bell fit des études de sciences appliquées au McGill College de Montréal tout en gardant un emploi d’été à la Commission géologique et obtint son diplôme en 1861 avec la médaille du gouverneur général. Deux ans plus tard, après avoir fréquenté la University of Edinburgh, il fut engagé par le Queen’s College de Kingston, en Ontario, où il fut professeur intérimaire de chimie et de sciences naturelles jusqu’en 1867. Entre-temps, il continua de travailler sur le terrain, l’été, pour la Commission géologique, où il devint fonctionnaire permanent en 1869. Nommé en 1877 directeur adjoint, puis en 1890 géologue en chef de la commission, il en devint finalement directeur intérimaire en 1901. Profitant du fait que les bureaux de la commission se trouvaient à Montréal (on ne les transféra à Ottawa qu’en 1881), il prépara à McGill un diplôme de médecine, qu’il obtint en 1878. Il ne voulait pas être pris au dépourvu si un malheur survenait en cours d’excursion.

Bell fut appelé à se rendre dans toutes les régions du nouveau dominion ; les distances qu’il parcourut sont vraiment stupéfiantes. On le connaît probablement surtout à cause des longues expéditions d’exploration qu’il fit dans les années 1870 et 1880 sur le territoire actuel du Nord québécois, ontarien et manitobain, expéditions au cours desquelles il dressa la carte des cours d’eau situés entre la baie d’Hudson et le lac Supérieur et reconnut une partie du trajet que le chemin de fer national transcontinental suivrait par la suite. En outre, il explora des parties de l’est de l’Arctique, car il participa, à titre de géologue et médecin, aux expéditions maritimes faites par le Canada dans la baie d’Hudson en 1884 et en 1885 [V. Andrew Robertson Gordon*] et à la terre de Baffin en 1897. Par la suite, il soutint vigoureusement que le meilleur trajet entre l’Ouest canadien et l’Europe passait par la baie d’Hudson.

Les travaux de Bell impressionnent aussi par la variété des sujets qu’ils embrassent. Il prenait des notes sur la géologie, la flore et la faune, le climat et le sol, les populations autochtones et les ressources exploitables. Au cours de nombreux voyages, il amassa des spécimens. La richesse des données qu’il recueillit est d’autant plus remarquable que, souvent, il voyageait sans cartes et devait faire les levés topographiques au fur et à mesure. On estime que Bell, le plus grand scientifique explorateur du Canada, baptisa plus de 3 000 lieux et accidents géographiques ; c’est pourquoi ses collègues de la commission l’ont surnommé le père de la toponymie canadienne. Même entre ses expéditions, il continuait de se documenter. Un hiver, par exemple, il envoya un questionnaire sur le mode de reproduction des mammifères aux postes de la Hudson’s Bay Company situés dans les districts nordiques. En outre, l’ethnologie l’intéressait vivement : on trouve dans ses papiers une bonne part de l’information orale sur les légendes autochtones que lui-même recueillit ou que des trafiquants amassèrent à sa demande. Quant à ses rapports officiels, ils ne font pas qu’énumérer les données collectées au cours de ses travaux sur le terrain. Bell présentait sa matière de façon à ne laisser aucun doute sur la générosité avec laquelle la nature avait doté le Canada. Le pays et sa destinée lui inspiraient une foi immense qui s’intensifiait à chaque expédition.

Bell obtint de son vivant plusieurs distinctions canadiennes et étrangères, y compris des diplômes honorifiques. En 1865, à l’âge de 23 ans, il fut élu membre de la Geological Society of London. Après avoir participé à la fondation de la Société royale du Canada en 1882, il devint membre de la Royal Society de Londres en 1897. En 1903, l’ordre du Service impérial le récompensa de ses longues années de dévouement en lui décernant le titre de compagnon. En 1906, il reçut à la fois la Patron’s Medal de la Royal Geographical Society de Londres et la Cullum Geographical Medal de l’American Geographical Society of New York.

Malgré toutes ces récompenses, Bell ne surmonta jamais l’insatisfaction que lui causait sa position à la Commission géologique. Il intrigua constamment contre le directeur Alfred Richard Cecil Selwyn*, puis contre le directeur George Mercer Dawson*. Entêté et arrogant, il se considérait comme le dauphin de Logan et était convaincu qu’on lui avait refusé le poste de directeur parce qu’il était né au Canada et avait soutenu le Parti libéral en un temps où la Commission géologique passait pour un bastion conservateur. Finalement, on lui confia la direction en 1901, à la mort de Dawson, mais seulement à titre intérimaire, et il fut évincé cinq ans plus tard par Albert Peter Low*.

Bell quitta officiellement la Commission géologique en novembre 1908. Après être resté en Europe de 1912 à 1914, il revint au Canada ; dès lors, il partagea son temps entre Ottawa et sa ferme de Rathwell, au Manitoba. C’est là qu’il mourut en 1917, dans une obscurité relative, après une brève maladie.

La carrière de Robert Bell montre l’ampleur des travaux de reconnaissance réalisés à la fin du xixe siècle par les explorateurs de la fonction publique. Bell était plus un généraliste qu’un spécialiste ; il privilégiait les vastes expéditions au détriment des études détaillées, pointues. Ses rivaux étaient peu nombreux, et aucun, certainement, ne pouvait l’égaler pour ce qui était de la superficie parcourue, des années de service et de la diversité des sujets d’intérêt. Ses travaux ont donné du sens au terme « dominion du Canada ».

W. A. Waiser

Une bibliographie des publications de Robert Bell figure aux pages 27–34 de H. M. Ami, « Memorial of Robert Bell », Geological Soc. of America, Bull. (New York), 38 (1927) : 18–34.

AN, MG 29, B15.— McGill Univ. Arch. (Montréal), MG 2042.— Manitoba Free Press, 25 juin 1917 : 5.— Canadian annual rev. (Hopkins), 1903 : 247.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Geog. Journal (Londres), 27 (janv.–juin 1906) : 500. Geological Soc. of London, Quarterly Journal, 22 (1866) : vii. Douglas Leechman, « The father of place names », Beaver, outfit 285 (automne 1954) : 24–28. Royal Soc. of London, The record of the Royal Society of London, 1897 (3e éd., Londres, 1912), 436. SRC, Mémoires, 3e sér., 12 (1918), proc. : x–xiv.— Scottish Geog. Magazine (Édimbourg), 33 (1917) : 366s.— W. A. Waiser, The field naturalist : John Macoun, the Geological Survey, and natural science (Toronto, 1989). Morris Zaslow, Reading the rocks : the story of the Geological Survey of Canada, 1842–1972 (Toronto and Ottawa, 1975). Suzanne Zeller, Inventing Canada : early Victorian science and the idea of a transcontinental nation (Toronto, 1987).

Bibliographie de la version modifiée :
Royal Geographical Soc., « Medal and awards », the gold medals : www.rgs.org/about/medals-award/history-and-past-recipients (consulté le 24 juill. 2019. « Transactions of the Society », American Geographical Soc. of New York, Journal (New York), 29 (1897) : 247 ; 31 (1899) : 97–100.

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W. A. Waiser, « BELL, ROBERT (1841-1917) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bell_robert_1841_1917_14F.html.

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Auteur de l'article:    W. A. Waiser
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    2020
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