BLACK, JOSEPH LAURENCE, homme d’affaires et homme politique, né le 12 janvier 1829 à Amherst, Nouvelle-Écosse, fils de Josiah Black et de Hannah Embree et frère de Thomas Reuben Black ; en 1857, il épousa Jane Humphrey (décédée en 1860), et ils eurent une fille, puis le 20 août 1862, à Sackville, Nouveau-Brunswick, Mary Ann Snowball, sœur de Jabez Bunting Snowball, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé dans cette ville le 12 mars 1907.

Joseph Laurence Black fit ses études à Amherst et à la Wesleyan Academy de Sackville, et il travailla à la ferme de ses parents jusqu’en 1850. Deux ans plus tard, après avoir été commis dans le magasin d’un oncle, il ouvrit son propre magasin général à Middle Sackville. Dès lors, son commerce prit constamment de l’expansion. Les rapports de la R. G. Dun and Company révèlent que, en 1864, sa valeur se situait entre 2 000 $ et 5 000 $, et dix ans plus tard, entre 10 000 $ et 25 000 $. En faisant crédit à ses clients, Black fut bientôt amené à prendre des hypothèques sur des propriétés et d’autres biens. La quantité de ces ententes, les sommes avancées et les garanties obtenues en échange devinrent passablement importantes. Il en découla naturellement que Black fut partie à bon nombre d’encans et de ventes judiciaires, et qu’il acquit beaucoup de biens fonciers. Vers 1895, il gardait de 25 000 $ à 30 000 $ de marchandises en magasin, et il possédait environ 15 000 acres de terres à bois et deux scieries. Il s’adonnait aussi à la culture extensive et exploitait une conserverie de homard au cap Tormentine.

Petit-neveu de William Black*, promoteur du méthodisme dans les Maritimes, Joseph Black prenait part au conseil trimestriel de la congrégation méthodiste locale. Il prit la direction d’une campagne qui visait à effacer la dette de la congrégation et versa lui-même 600 $. En outre, il donna généreusement de son temps et de son argent au Mount Allison College. Il appartint au comité directeur du conseil d’administrateurs durant 25 ans, dont 15 ans à titre de président.

Nommé juge de paix en 1863, Black apportait une telle attention aux comptes du comté que, lorsqu’ils élurent le premier conseil municipal, en 1877, les contribuables lui exprimèrent leur reconnaissance en lui accordant plus de votes qu’à tout autre candidat. L’année suivante, il se présenta pour être élu à la Chambre d’assemblée en faisant valoir la nécessité pour le gouvernement de pratiquer l’économie. Le conflit religieux déclenché par le Common Schools Act de 1871 [V. George Edwin King] ne s’était pas encore apaisé, et sa liste, où figuraient aussi Pierre-Amand Landry* et Daniel Lionel Hanington, était décriée par certains comme « essentiellement procatholique ». Black défendit courageusement un programme qui prônait des « droits égaux pour tous ». « Nous ne savons pas encore, disait-il, qu’il nous faille écraser et proscrire les petits et les faibles en cette terre britannique. » Lui-même et ses colistiers remportèrent la victoire sur les candidats de la liste d’Angus McQueen et Josiah Wood*, en grande partie grâce au scrutin des Acadiens.

Une fois à l’Assemblée, Black critiqua sans ménagement l’irresponsabilité financière du gouvernement de John James Fraser*. Pour lui, être dans l’opposition n’était cependant pas une situation confortable car, sur la scène fédérale, il soutenait les conservateurs de sir John Alexander Macdonald*. Or, pour que ceux-ci aient quelque chance d’arracher la circonscription fédérale de Westmorland à sir Albert James Smith*, il leur fallait conserver l’appui de Landry et de Hanington, qui étaient tous deux entrés dans le gouvernement Fraser.

Néanmoins, une question pouvait faire l’unanimité parmi les élus de Westmorland : la nécessité de relier le Nouveau-Brunswick à l’Île-du-Prince-Édouard par un chemin de fer qui irait de Sackville au détroit de Northumberland [V. Amos Edwin Botsford*]. Black avait soutenu ce projet dès la première heure, mais les travaux n’avaient pu commencer faute de subventions gouvernementales. En février 1882, lui-même et Wood mobilisèrent l’opinion publique, et le mois suivant, il fit adopter par l’Assemblée des mesures qui étendaient la portée de la charte de la New Brunswick and Prince Edward Railway Company. En juin, Wood, devenu président de la compagnie, battit Smith aux élections fédérales avec le concours de Black, Landry et Hanington. Mis en chantier dans le courant de l’été, le chemin de fer était en exploitation en septembre 1886. Comme il passait sur les terrains et terres à bois de Black, ou à proximité, leur valeur s’en trouva considérablement augmentée.

Black avait refusé de se porter à nouveau candidat aux côtés de Hanington et de Landry en 1882 parce que, selon lui, ils avaient laissé tomber leurs « engagements » et leurs « réformes ». Toutefois, en 1886, il revint sur la scène provinciale en se présentant sur la liste de Hanington, tout en soulignant qu’il était indépendant. Le Daily Transcript de Moncton dénonça « sa conduite de caméléon ». Le gouvernement d’Andrew George Blair remporta un triomphe, mais Black et quelques-uns de ses collègues furent élus dans Westmorland, Black faisant aussi bonne figure dans la région de Sackville que dans les centres acadiens. Il assista fidèlement aux sessions législatives de 1887, 1888 et 1889, mais il n’était plus aussi actif qu’auparavant, et en janvier 1890, il annonça qu’il prenait sa retraite.

Plus tôt dans sa carrière, Black avait été qualifié d’homme d’affaires « pas commode du tout ». Apparemment, il ne perdit jamais son astuce et sa vigilance. Il avait compris que les maisons de commerce des Maritimes devaient diversifier leurs opérations pour prospérer, et son entreprise avait fait florès. En décembre 1906, sa compagnie, dans laquelle son fils aîné, Frank Bunting, jouait un rôle de plus en plus actif depuis les années 1890, déclarait un actif total de 133 620,51 $ (dont 55 000 $ en biens immobiliers) et un passif de 29 014,38 $. Au moment de sa mort, on évalua sa succession personnelle à 49 144 $.

Joseph Laurence Black mourut d’une pneumonie le 12 mars 1907. Grâce à son travail acharné et à l’attention avec laquelle il surveillait les occasions propices, il avait bâti une compagnie solide et amassé des biens importants. Le mariage de Frank Bunting avec une fille de Josiah Wood, en 1898, avait uni sa fortune à celle de l’autre grande famille marchande de Sackville.

William G. Godfrey

Le présent article n’aurait pu être rédigé sans l’aide de mon adjointe à la recherche, Rhianna Watt.  [w. g. g.]

APNB, MC 1156, X.— Mount Allison Univ. Arch. (Sackville, N.-B.), 7610 (papiers T. R. Anderson) ; 8510 (papiers J. L. Black).— Chignecto Post (Sackville), 1870–1879.— Chignecto Post and Borderer (Sackville), 1879–1896.— Daily Times (Moncton, N.-B.), 13 mars 1907.— Daily Transcript (Moncton), 1882–1890.— « Mr. J. L. Black’s establishment », Chignecto Post Special Number (Sackville), sept. 1895 : 11s.— Sackville Post, 1897–1910.— Transcript (Sackville), 1881–1882.— Tribune (Sackville), 18 mars 1902.— Historical record of the posterity of William Black [...], Cyrus Black et L. W. Black, compil. ([éd. rév.], Sackville, [1959]).— D. [W.] Jobb, « Josiah Wood [1843–1927] : « A cultured and honoured gentleman of the old school » (thèse de b.a., Mount Allison Univ., 1980) ; « Sackville promotes a railway : the politics of the New Brunswick and Prince Edward Railway, 1872–1886 », People and place : studies of small town life in the Maritimes, L. [D.] McCann, édit. (Fredericton et Sackville, 1987), 31–56.— « Joseph Lawrence Black », Allisonia (Sackville), 4 (1906–1907) : 95s.— Mercantile agency reference book, 1864 : 472s. ; 1874 : 683s. ; 1884 : 833s. ; 1908 :174.— N.-B., House of Assembly, Synoptic report of the proc., 1880–1882, 1887–1889.— W. B. Sawdon, « Joseph L. Black and Sons Limited celebrate a century in business », Maritime Advocate and Busy East (Sackville), 38 (1947–1948), n3 : 5–9.

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William G. Godfrey, « BLACK, JOSEPH LAURENCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/black_joseph_laurence_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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