BOYLE, DOUGALD ROBERT, instituteur, pêcheur, fermier, juge de paix et fonctionnaire, né le 10 septembre 1847 à Glenora Falls, Nouvelle-Écosse, dernier fils d’Angus Boyle et d’Isabelle McDonell ; en 1878, il épousa à Arichat, Nouvelle-Écosse, Mary Ann Tyrrell, et ils eurent 12 enfants ; décédé le 10 juin 1914, apparemment à West Arichat, Nouvelle-Écosse.

Les parents de Dougald Robert Boyle, des catholiques de Fort William, en Écosse, immigrèrent vers 1821 à Mabou, dans l’île du Cap-Breton, et se marièrent par la suite. Le père de Dougald était tailleur de son métier, mais il s’installa sur des terres à Glenora Falls. Dixième de 11 enfants, Boyle ne pouvait guère espérer hériter du patrimoine familial et, comme il n’y avait plus de bonnes terres de colonisation au Cap-Breton, il décida de devenir instituteur. Il ouvrit sa première école près de Port Hood en 1864 ; le gouvernement lui versa un salaire de 20 $ et les frais payés par ses élèves lui rapportèrent 3 $. Dans les deux années suivantes, il enseigna dans plusieurs écoles de la région de Port Hood. Puis, en 1866, il partit pour le St Francis Xavier College d’Antigonish, où il « ne réussit pas mieux qu[’il] ne fallait ». En 1872, après avoir occupé d’autres emplois d’instituteur dans le comté d’Inverness, il décida de gagner Boston. Durant tout le temps où il fut là-bas, il ne fréquenta que d’autres Écossais catholiques du comté d’Inverness et resta en pension chez certains d’entre eux. N’ayant connu aucun succès à Boston (il était passé d’un emploi à l’autre et n’en avait trouvé aucun vraiment à son goût) et craignant une épidémie de variole qui avait emporté un ami proche « sans la consolation d’un prêtre », il retourna au Cap-Breton à l’automne de 1872. Il se remit à enseigner dans le comté d’Inverness puis, en 1875, il s’installa à West Arichat, dans le comté de Richmond, et prit la direction de l’école paroissiale d’Acadiaville.

Boyle avait des connaissances remarquables. Il savait lire, écrire et parler l’anglais, le français, le gaélique, le latin et le grec, et pouvait enseigner le calcul infinitésimal. Sa passion pour cette matière était telle qu’il correspondait avec des professeurs de mathématiques du St Francis Xavier College. Tout en enseignant le programme régulier, il donnait des cours de navigation, matière très importante dans une collectivité de gens de mer, et des cours de télégraphie. Il envoyait régulièrement des articles et des lettres à des journaux locaux de langue anglaise et gaélique.

Après son mariage en 1878, Boyle dut subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants. Il arrondissait son maigre salaire d’instituteur en pêchant, en cultivant la terre et en occupant des emplois de fonctionnaire. Son journal personnel fait état du combat quotidien qu’il devait mener pour joindre les deux bouts. Bien que la plupart des notations soient courtes et prosaïques, elles donnent une très bonne idée de ce que pouvait être l’existence d’un homme instruit qui devait s’astreindre à un dur travail manuel pour gagner sa vie. Pendant la saison de pêche, Boyle se levait régulièrement à trois heures du matin, faisait trois ou quatre milles à la rame pour se rendre à ses lignes et filets, puis rentrait pour saler ses prises et les mettre dans des barils avant d’ouvrir l’école à neuf heures. C’était harassant même pour un homme solide ; Boyle mesurait six pieds et pesait 220 livres, mais il se plaignait fréquemment d’avoir les mains enflées, d’avoir des courbatures et de souffrir du mal de mer.

En plus, Boyle exploitait une modeste ferme. Sa propriété était faite de petits lots achetés au fil des ans. En 1885, elle se composait de quatre parcelles totalisant cinq acres ; au début des années 1890, elle avait une superficie d’au moins 40 acres. Abondamment travaillée et engraissée, la terre fournissait du pâturage et du foin à ses vaches et à ses moutons, et lui permettait de cultiver de l’avoine, de l’orge, des pommes de terre, du maïs et d’autres légumes. Boyle avait aussi des porcs et des poules. Il achetait au magasin local les produits qu’il lui manquait, tels la farine, la mélasse, des pommes et du bœuf.

Boyle touchait également un revenu sous forme d’honoraires et de petits bénéfices provenant de modestes emplois de fonctionnaire. En 1878, il fut nommé juge de paix et inspecteur de la construction d’une digue à West Arichat. En 1896, il devint commissaire aux affidavits. Il fut aussi inspecteur local des pêches, scrutateur et arpenteur.

Selon John L. MacDougall, historien du comté d’Inverness, Boyle était, dans sa jeunesse, « particulièrement gai et bon comme du bon pain ». Son journal révèle cependant que, par la suite, la nécessité constante de subvenir aux besoins de sa famille lui pesait lourdement. Il avait peu de marge de manœuvre, et s’inquiétait souvent de ses dettes et des caprices de la pêche et de l’agriculture. Fervent catholique, il réglait son existence aussi bien sur le calendrier religieux que sur le cycle des travaux saisonniers.

La vie de Dougald Robert Boyle reflète le grand dilemme auquel firent face bon nombre de campagnards des Maritimes à la fin du xixe siècle. Étant l’un des plus jeunes enfants d’immigrants de la première génération, Boyle avait peu de chance d’avoir une terre. L’alternative qui s’offrait à lui était la suivante : soit émigrer dans la région de Boston pour trouver du travail, soit rester en Nouvelle-Écosse et subsister tant bien que mal. Boyle se rendit aux États-Unis comme beaucoup de ses compatriotes, mais fut l’un des rares qui en revinrent. Dès lors, il passa sa vie à tenter de s’établir et de constituer un patrimoine pour ses enfants. Comme beaucoup d’habitants des Maritimes, il dut pratiquer plusieurs métiers à la fois pour s’en tirer. Au début de la quarantaine, songeant à son séjour à Boston, il nota dans son journal : « bien des amis de ce temps-là sont morts – les autres sont tous dispersés – et me voilà seul, isolé d’eux tous, sans espoir de les revoir ici-bas. Peut-être ne dois-je pas me plaindre, car les choses auraient pu être bien pires. »

Stephen J. Hornsby

Beaton Institute, Univ. College of Cape Breton (Sydney, N.-É.), MG 12, Boyle diaries, 1847–1964.— PANS, RG 7, 219, Richmond County reg.— S. J. Hornsby, Nineteenth-century Cape Breton : a historical geography (Montréal et Kingston, Ontario, 1992).— J. L. MacDougall, History of Inverness County, Nova Scotia ([Truro, N.-É., 1922] ; réimpr., Belleville, Ontario, 1976).

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Stephen J. Hornsby, « BOYLE, DOUGALD ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/boyle_dougald_robert_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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