Provenance : Lien
BROPHY, JOHN BERNARD (Don), athlète, officier d’aviation et auteur d’un journal, né le 4 septembre 1893 à Ottawa, fils de John Byrne Brophy, ingénieur civil, et d’Elizabeth (Ella) Hearn ; décédé célibataire le 24 décembre 1916 près de Kirton in Lindsey, Angleterre.
Élevé dans une famille irlando-catholique, John Bernard Brophy fréquenta la St Patrick’s School d’Ottawa, où il excella. À l’Ottawa Collegiate Institute, ses résultats scolaires chutèrent en même temps qu’augmentait sa renommée d’athlète : il réussit de justesse tout en représentant son école dans divers sports, dont le football, le hockey, le baseball et la course. Dans sa dernière année, Don, comme on l’appelait, fut le meilleur athlète complet.
En 1913, la McGill University et la University of Toronto courtisèrent Brophy malgré ses mauvaises notes, car il était très bon footballeur. Il choisit McGill et s’intégra immédiatement à l’équipe universitaire. Après avoir échoué sa première année, il retourna à Ottawa, prit un petit emploi au département de l’Intérieur et joua pour Ottawa dans l’Interprovincial Rugby Football Union. Il fut question qu’il aille à la University of Toronto, mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale en août 1914 lui ouvrit une autre voie intéressante. Pour les romantiques de sa génération, la guerre était du grand sport et les combats aériens semblaient être le sport ultime. Brophy décida de devenir aviateur.
Le Canada n’avait pas de force aérienne. Au printemps de 1915, le gouvernement britannique commença à recruter des candidats canadiens dans le cadre d’un programme en vertu duquel ils devaient obtenir leur qualification de pilote dans une école privée avant d’être admis dans le Royal Naval Air Service ou le Royal Flying Corps. Brophy s’inscrivit à la Curtiss Aviation School de Toronto, mais son nom arriva en tête de la liste d’attente seulement en octobre et les vols furent interrompus pour l’hiver avant qu’il ait pu obtenir son brevet. Comme les pilotes étaient très en demande, on décida que les candidats suffisamment aptes recevraient une commission d’officier et iraient terminer leur entraînement en Angleterre. Le lieutenant en second Brophy se trouvait parmi eux. À son départ, en décembre, il commença à tenir un journal.
Brophy reçut son insigne de pilote le ou vers le 18 avril 1916. Le 6 mai, il rejoignit le 21 Squadron du Royal Flying Corps près d’Hesdin, en France, et exécuta des missions de vol opérationnel du 26 mai au 10 novembre. À ce moment-là, plus personne ne contestait l’importance vitale de l’aviation dans les combats. Brophy eut droit à une citation pour avoir descendu un aéronef ennemi, en avoir probablement détruit deux autres et avoir forcé un quatrième à descendre. Au cours des six mois qu’il passa dans l’escadron, celui-ci perdit 19 aviateurs (tués ou blessés) et, selon les calculs de Brophy, 6 autres furent relevés de leur affectation pour troubles nerveux. En novembre, Brophy put prendre un repos bien mérité en Angleterre, dans le 33 (Home Defence) Squadron. Il mourut le 24 décembre dans un accident de vol : son BE 12 ne s’était pas redressé après une boucle.
Le journal tenu par John Bernard Brophy du 8 décembre 1915 au 12 novembre 1916 est l’un des deux seuls journaux connus qui aient été tenus par des aviateurs canadiens pendant la guerre et le seul qui parle du front de l’ouest. Comme le sport, les combats aériens requéraient de la volonté et une excellente coordination manuelle et visuelle. De plus, la vie au sein du Royal Flying Corps ne différait pas tellement de celle que Brophy avait connue sur les terrains de sport et dans les vestiaires. Son journal reflète ces similitudes, mais à compter de son entrée dans l’escadron, le ton change. Brophy passe sous silence la mort d’hommes qu’il devait avoir connus, et son enthousiasme initial fait place à des plaintes sur le nombre de missions qu’il devait remplir et à des craintes à demi conscientes d’être relevé de son affectation pour manque de sang-froid. À l’occasion, il prend un ton de bravade et recourt à un langage pseudo-biblique pour échapper aux tensions qu’il éprouvait peut-être à son insu. Néanmoins, ses nerfs tinrent bon : il profita de ses courtes permissions et, jusqu’en décembre 1916, il s’acquitta de ses missions.
Le journal personnel de John Bernard Brophy est reproduit dans Un crépitement de galets : les journaux de deux aviateurs canadiens de la Première Guerre mondiale, Brereton Greenhous, édit. (Ottawa, 1987). Le manuscrit original est conservé dans ses papiers aux AN, MG 30, E370.
AO, RG 80-2-0-375, no 4831.— Lisgar Collegiate Institute (Ottawa), Lisgar archive.
Brereton Greenhous, « BROPHY, JOHN BERNARD (Don) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/brophy_john_bernard_14F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/brophy_john_bernard_14F.html |
Auteur de l'article: | Brereton Greenhous |
Titre de l'article: | BROPHY, JOHN BERNARD (Don) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 12 nov. 2024 |