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BROWNE, FRANCES (Stewart), pionnière, née à Dublin, Irlande, le 24 mai 1794, fille de Francis Browne et d’Anna Maria Noble, épouse de Thomas Alexander Stewart*, décédée le 24 février 1872, près de Peterborough, Ont.

Au moment de sa mort en 1796, Francis Browne, fils d’un pasteur de l’Église d’Angleterre, était lui-même doyen d’Elphin, dans le comté de Roscommon. Sa femme était paralysée à l’époque, et un grand-oncle adopta leur fille Frances. En 1800, la fillette alla vivre chez un autre grand-oncle, Daniel Augustus Beaufort, pasteur de Collon dans le comté de Louth ; la fille de Beaufort se chargea de l’éducation de l’enfant. Le père de Frances avait écrit des ouvrages – ils ne furent toutefois jamais publiés – et Beaufort, un des fondateurs de la Royal Irish Academy, appréciait la littérature.

Le 17 décembre 1816, Frances Browne épousa Thomas Alexander Stewart, de Wilmont, dans le comté d’Antrim. Les trois premiers de leurs onze enfants naquirent au cours des six années précédant leur départ d’Irlande. Après la faillite de l’entreprise manufacturière dans laquelle Thomas Stewart et le mari de sa sœur, Robert Reid, étaient des associés minoritaires, les deux hommes décidèrent d’émigrer dans le Haut-Canada avec le petit capital dont ils disposaient. Au mois d’août 1822, ils arrivèrent à York (Toronto) où les accueillit le colonel Colley Lyons Lucas Foster*, ancien adjutant général et parent par alliance avec Frances Stewart. Les deux familles reçurent en concession de vastes terres (1 200 acres pour les Stewart) et se mirent en route vers le canton de Douro dans le comté de Peterborough.

Les Stewart bâtirent une maison qu’ils nommèrent Auburn, sur les bords de la rivière Otonabee, tout près, en direction nord-est, de la ville actuelle de Peterborough. Jusqu’en 1825, les Reid furent leurs seuls voisins. Cette année-là, arrivèrent d’Irlande les immigrants de Peter Robinson* et les Stewart cédèrent avec plaisir leur droit de contrôle sur la colonisation de tout le canton. L’histoire des Stewart est celle de toutes ces familles de classe moyenne qui possédaient une maigre fortune ; elles émigrèrent dans le Haut-Canada au cours des années 1820 et 1830 dans l’espoir d’améliorer leur situation financière, et elles eurent à faire face à des difficultés plus nombreuses que prévues ; les Stewart les affrontèrent avec bonne volonté. Comme beaucoup de ses contemporains, Frances Stewart écrivait de longues lettres aux amis restés au pays natal, leur décrivant la vie des pionniers dans les fermes, vie bien différente de la leur. Quelques-unes de ses lettres furent publiées plus tard sous le titre significatif de Our forest home. Malgré une présentation maladroite, l’ouvrage est un des meilleurs parmi les très nombreux récits que nous ont laissés les émigrants et les voyageurs.

Frances Stewart, fidèle à ses origines irlandaises et au milieu de son enfance, possédait un sens religieux très profond et du goût pour les choses de l’esprit. Le premier de ces traits de caractère lui permit de supporter les épreuves avec résignation, sinon avec sérénité. Les premières années de sa vie au Canada se passèrent dans l’isolement et, comme elle l’a écrit, sans beaucoup de repos pour l’esprit et le corps. Son mari, devenu juge de paix et conseiller législatif, mourut en 1847, encore assez jeune. D’Irlande, ses amis lui envoyèrent des livres et elle garda précieusement un piano qui avait survécu à une chute dans la glace.

Pendant les dernières années de sa vie, Frances Stewart séjourna de temps à autre à Goodwood, une autre maison familiale, mais elle revenait toujours à Auburn. Elle laissa toutefois la direction de la ferme à l’un de ses fils. Mal administrée, la propriété n’arriva plus à suffire, dans les années 60, aux besoins d’une grande famille. Mais, non vaincue sur le plan moral, Frances Stewart continua jusqu’à sa mort, survenue en 1872, d’écrire ses charmantes lettres et de s’intéresser de près à la vie de ses enfants et de ses petits-enfants.

G. de T. Glazebrook

[Frances Stewart], Our forest home, being extracts from the correspondence of the late Frances Stewart, E. S. Dunlop, édit. (Toronto, 1889 ; 2e éd., Montréal, 1902).— Valley of the Trent (Guillet).— G. H. Needler, Otonabee pioneers, the story of the Stewarts, the Stricklands, the Traills and the Moodies (Toronto, 1953).

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G. de T. Glazebrook, « BROWNE, FRANCES (Stewart) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/browne_frances_10F.html.

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Auteur de l'article:    G. de T. Glazebrook
Titre de l'article:    BROWNE, FRANCES (Stewart)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    11 oct. 2024