BURN, WILLIAM, agent foncier, né en août 1758 à Beanley, Angleterre ; décédé le 15 septembre 1804 à Baldoon, Haut-Canada.

Fils d’un fermier du Northumberland, William Burn partit pour l’Écosse, pays natal de sa mère, et devint éleveur de moutons à Kirkland, près de Kirkcudbright, apparemment comme locataire sur un domaine acquis par le comte de Selkirk [Douglas]. Dans son entourage, Burn était reconnu pour son honnêteté et pour le soin qu’il prenait de son troupeau. Lorsque Selkirk commença, en 1802, à travailler au projet d’un établissement dans le Haut-Canada, Burn fut engagé au mois de juin comme l’un des premiers assistants du comte, au salaire de £80 par année. Bien que le gouvernement l’eût dissuadé, à ce moment-là, de mettre en œuvre son projet initial de transporter et d’établir des émigrants irlandais en Amérique du Nord britannique, Selkirk envoya Burn en Irlande, à l’été de 1802, avec le mandat d’y recruter 100 travailleurs pour une ferme d’élevage de moutons qu’il voulait créer dans le Haut-Canada, projet qui devait être lié à un établissement d’Écossais des Highlands. Pour des raisons mal connues, une douzaine d’Irlandais seulement acceptèrent de s’embarquer à Tobermory, avec quelques moutons d’élevage, à bord d’un navire affrété par Selkirk.

Comme il arrivait si souvent, les plans que Selkirk avait soigneusement mis au point furent bientôt anéantis. Le Bess se révéla incapable de tenir la mer, et Burn lui-même s’était ravisé, relativement à son départ pour l’Amérique, cédant ainsi aux fortes pressions d’une demoiselle Bacon, envers laquelle il s’était « engagé ». Il décida finalement d’aller passer un hiver dans le Haut-Canada pour « mettre les choses en marche ». Cette hésitation força le comte à modifier ses premiers plans, et Burn fut envoyé directement de Liverpool à New York, sans Irlandais ni moutons, afin d’y prendre en main le troupeau déjà constitué à White Creek, près de Cambridge, dans la partie nord de l’État de New York. Parti le 2 octobre 1802, Burn arriva à New York le 10 décembre suivant ; il quitta cette ville une semaine plus tard, en compagnie d’Alexander Brown, berger écossais d’expérience, que Selkirk avait envoyé avec ses chiens. Ils atteignirent White Creek le 24 décembre et passèrent l’hiver dans la région.

Au printemps de 1803, Burn apprit que Mlle Bacon, laquelle devait le rejoindre, s’était trouvée dans des circonstances familiales qui l’« avaient obligée à rester près des siens ». Cette nouvelle modifia les projets de Burn qui se donna énergiquement à sa nouvelle tâche, sans penser davantage à son engagement envers Mlle Bacon ni à un éventuel retour en Écosse. À cette époque, Selkirk avait dû changer la destination de ses émigrants, alors en très grande majorité écossais, du Haut-Canada à l’Île-du-Prince-Édouard ; de son côté, Burn reçut l’ordre de garder le troupeau dans l’État de New York pour la durée de l’été. Ce n’est qu’au mois de juin que Selkirk put envoyer de nouvelles instructions à Burn qui devenait impatient et se sentait de plus en plus mal à l’aise. Le comte avait alors obtenu de la couronne la promesse d’une concession de terre, à son choix, dans le sud-ouest du Haut-Canada. Burn irait reconnaître la région entre la rivière Niagara et la rivière de Detroit pour y trouver un lieu propice à un établissement colonial de même qu’à une ferme d’élevage de moutons. Selkirk voulait constituer un troupeau de 1 000 brebis de première qualité. Dans une lettre postérieure adressée de l’Île-du-Prince-Édouard, il demandait à Burn d’entreprendre une tournée du nord des États-Unis, en vue d’y relever les bonnes races de moutons et les méthodes locales d’élevage. Burn ne put cependant jamais accomplir ce voyage.

Burn quitta White Creek pour Queenston (maintenant partie de Niagara-on-the-Lake, Ontario) au début de septembre 1803 ; accompagné d’un arpenteur, il passa l’automne à explorer les terres en bordure du lac Érié et de la rivière Thames. Après avoir consulté Selkirk au sujet des terres et des moutons, à York (Toronto), en décembre 1803, il partit pour la rivière Thames, où le comte lui fit une courte visite à la fin de janvier 1804. Burn arpenta soigneusement la région du chenal Écarté (à la pointe nord-est du lac Sainte-Claire), où Selkirk avait décidé de fonder son établissement, qu’il appellerait Baldoon, du nom des terres ancestrales que sa famille avait dû vendre en 1793. Burn retourna à Queenston en février seulement et il reçut, en provenance d’Albany, l’ordre de Selkirk de se rendre immédiatement à Baldoon pour y défricher des terres, y semer du maïs, des pommes de terre et de la fléole des prés, en attendant l’arrivée du comte, prévue pour le 1er mai. Burn partit avec dix bœufs le 4 avril et atteignit Baldoon le 9 mai. Il engagea de la main-d’œuvre locale, puis commença à défricher et à semer. Il ne nota, dans son journal, que des choses de peu de conséquence jusqu’à l’arrivée de Selkirk, le 8 juin, en compagnie de « 2 gentlemen ou de quelque chose d’approchant » – le shérif Alexander McDonell* (Collachie) et un certain docteur Shaw. On ne saura jamais si Burn fut plus troublé par le fait d’avoir à loger un grand nombre de domestiques dans un établissement encore à l’étroit ou par l’omission, de la part du comte, d’avoir ordonné une journée de congé pour trinquer en l’honneur de son arrivée. Il devenait évident, en outre, que Burn ne conserverait pas la charge de l’établissement, mais qu’il allait probablement devoir travailler sous la direction de McDonell, à qui Selkirk avait offert d’administrer ses intérêts dans le Haut-Canada.

Au cours de l’été de 1804, des quantités croissantes de whisky, fabriqué à partir de grains du pays, furent expédiées à Baldoon, si bien que Burn et ses hommes succombèrent à ce que Selkirk, dans un contexte différent, appelait l’« effet malin du climat américain ». L’adaptation à ce nouveau milieu engendrait de grandes difficultés d’ordre émotionnel, et les hommes cherchaient un soulagement dans l’alcool. À la fin d’août, la petite équipe fut ravagée par la fièvre, probablement d’origine paludéenne. (Baldoon était situé sur un terrain marécageux, idéal pour le pâturage des moutons, mais également pour la prolifération des moustiques.) Le principal groupe de colons, formé de 101 Highlanders, arriva finalement le 5 septembre, au beau milieu d’une épidémie. Le taux élevé de mortalité, parmi eux, était probablement la conséquence de maladies contractées pendant le long trajet jusqu’à Baldoon ; Burn, quant à lui, mourut le 15 septembre après avoir souffert durant deux semaines d’une fièvre attrapée sur les lieux. McDonell attribua plus tard le décès de Burn aux « effets d’une intempérance excessive » plutôt qu’à « la fièvre qui sévissait », mais sans doute les deux facteurs sont-ils à évoquer dans son cas. Depuis le mois de juillet, on avait certainement consommé, à Baldoon, 8 barils de whisky contenant 39 gallons chacun. L’établissement n’avait pas de provisions pour l’hiver, non plus que les logements que Selkirk avait ordonné de construire. De surcroît, les livres et les papiers de Burn étaient dans un désordre complet. Au demeurant, Selkirk ne put jamais mettre suffisamment d’ordre dans les affaires de Burn pour établir si sa vieille mère, en Écosse, avait droit à certains arrérages de salaire.

William Burn ne connut pas le succès en Amérique du Nord. Son échec illustre bien les problèmes des immigrants qui devaient s’accommoder à de nouvelles conditions de vie et les difficultés qu’éprouvaient les entrepreneurs étrangers – comme ce fut le cas pour lord Selkirk – à trouver des hommes de confiance pour les aider à réaliser leurs projets.

J. M. Bumsted

APC, MG 19, E1, sér.1, 37 : 14190–14192, 14207, 14230, 14233s., 14253–14257, 14262s., 14266–14268, 14272–14275, 14278–14281, 14301, 14308–14323 ; 39 : 14908–14913 (transcriptions) ; MG 24, I8, I, 1 : 18s. ; 9 : 2–4.— Douglas, Lord Selkirk’s diary (White), 326.— J. M. Bumsted, « Settlement by chance : Lord Selkirk and Prince Edward Island », CHR, 59 (1978) : 170–188.— F. C. Hamil et T. [S. E.] Jones, « Lord Selkirk’s work in Upper Canada : the story of Baldoon », OH, 57 (1965) : 1–12.— B. A. Parker, « Thomas Clark : his business relationship with Lord Selkirk », Beaver, outfit 310 (automne 1979) : 50–58.

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J. M. Bumsted, « BURN, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/burn_william_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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