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CALORI, ANGELO BATTISTA, ouvrier, hôtelier, investisseur immobilier et leader communautaire, né le 19 février 1862, probablement aux environs de Gênes, Italie, de parents inconnus ; en 1888, il épousa Teresa Martina (décédée en 1934), probablement d’Italie ; il adopta la fille de celle-ci, et ils eurent une deuxième fille ; décédé le 7 mai 1940 à Vancouver.
À de nombreux égards, Angelo Battista Calori était un exemple typique des premiers immigrants italiens qui arrivèrent en Colombie-Britannique entre 1858 et le début des années 1880 : né dans le nord-ouest de l’Italie, il avait probablement quitté son pays à cause de la pauvreté désespérée qui y régnait et avait émigré en Californie avant de se diriger vers le nord pour trouver du travail non spécialisé dans l’économie de ressources naturelles de la province, où sévissait une pénurie de main-d’œuvre. On ne sait rien des premières années de la vie de Calori au Canada. Il serait parti de San Francisco pour se rendre à Victoria en 1882, aurait travaillé comme mineur de charbon à Nanaimo, serait allé dans les basses terres continentales en 1884 pour occuper un poste de contremaître cantonnier dans la construction du chemin de fer canadien du Pacifique et serait retourné pendant une brève période sur l’île de Vancouver en 1886 pour travailler de nouveau en tant que mineur. Aucun de ces éléments ne peut cependant être confirmé.
Les activités de Calori vers la fin de 1886 et après sont plus faciles à trouver. En juin, un incendie détruisit tous les bâtiments à Vancouver, à l’exception d’une structure en bois, que Calori acheta, transforma et nomma European Hotel. Cinq ans plus tard, la population de la ville était passée d’environ 1 000 habitants à plus de 13 000 et l’établissement était connu sous le nom d’Hotel Europe. Une photographie de Calori prise en 1893 montre un homme d’affaires sûr de lui, avec des yeux noirs et une moustache fournie soigneusement taillée. À cette époque, une grave dépression ébranlait l’économie nord-américaine ; la découverte d’or dans le territoire du Yukon en 1896 aiderait à mettre fin à cette récession. Selon l’histoire familiale, Calori fit fortune pendant la ruée vers l’or du Klondike, mais les seules preuves que ses héritiers possédaient étaient les bijoux en pépites d’or qu’il leur légua dans son testament. On ignore s’il acquit ses richesses en investissant dans une concession, en vendant des approvisionnements aux prospecteurs, ou en leur fournissant des logements ou des moyens de transport.
Calori, un dandy qui pouvait largement satisfaire ses goûts en matière de vêtements et de bijoux, était, relativement à son apparence et à sa situation, nettement différent de la majorité des Italiens vivant dans les maisons de pension du quartier italien de Vancouver. De nombreux habitants de la ville, dont 85 % avaient des racines britanniques, mettaient les Italiens dans la même catégorie que les Chinois : des étrangers célibataires aux reins solides qui travailleraient pour un maigre salaire. Ces gens, qui avaient laissé leur famille dans leur pays d’origine, avaient rarement quelqu’un pour prendre soin d’eux lorsqu’ils étaient malades ou pour les enterrer quand ils mouraient. Par conséquent, Calori, Agostino Gabriele Ferrera et 57 autres hommes fondèrent en 1905 la Sons of Italy, pour laquelle Calori suggéra le nom original de Società di Mutuo Soccorso Figli d’Italia (Société de secours mutuel des fils d’Italie) ; il fit partie de son conseil d’administration pendant des années et resterait membre de la mutuelle toute sa vie.
Les Italiens constituaient une petite partie de la population de Vancouver et Calori fut l’un des rares hommes d’affaires de cette communauté culturelle à connaître le succès. En 1908, il afficha sa prospérité en commandant aux architectes John Edmeston Parr et Thomas Arthur Fee la conception d’une adjonction à son hôtel. Le bâtiment de quatre étages fut construit en béton armé, ce qui était alors innovateur. Au début du xxie siècle, il dominerait toujours l’îlot triangulaire situé à l’angle des rues Alexander et Powell. Calori installa à l’hôtel des membres de sa famille élargie, dont sa femme, sa fille, son gendre, son petit-fils, son propre frère et peut-être sa belle-fille, et les emmena en Italie en 1912. Quand ils revinrent à Vancouver en 1915, ils allèrent vivre dans une maison de 25 pièces au 1281 de la rue Burnaby, dans l’ouest de la ville.
Malgré sa vaste demeure éloignée du quartier italien et un grand nombre d’autres biens immobiliers, comme le Lux Theatre et d’autres propriétés de la rue Hastings Est, Calori ne put se faire accepter au sein de la communauté anglo-saxonne de Vancouver. Ses affaires et sa vie sociale se concentraient apparemment sur ses compatriotes. En 1937, il fut l’un des leaders communautaires qui accueillirent le nouveau consul d’Italie, Giuseppe Brancucci, dans une annonce parue dans le journal l’Eco italo-canadese (l’Écho italo-canadien), publié à Vancouver. À partir de la fin des années 1920, les consuls avaient encouragé les Italo-Canadiens à devenir membres de clubs appelés fasci (groupes politiques), ce qui faisait partie du plan du leader fasciste Benito Mussolini visant à s’assurer le concours de la diaspora italienne. Le gendre de Calori, William Gennaro Ruocco, fut l’un des hommes qui entrèrent naïvement dans les rangs de ces groupes. À l’époque où Ruocco en devint membre, Calori avait la santé trop fragile pour pouvoir faire de même. Il mourut le 7 mai 1940, à l’âge de 78 ans. Ses funérailles eurent lieu deux jours plus tard à la cathédrale Our Lady of the Holy Rosary et il fut enterré au cimetière Mountain View. Le 10 juin, l’Italie déclara la guerre à la Grande-Bretagne et à ses alliés, et la Gendarmerie royale à cheval du Canada commença à arrêter des Italiens qu’on soupçonnait de trahison possible. Ruocco, qui était l’exécuteur testamentaire de Calori, ainsi que 40 autres hommes d’origine italienne de Vancouver furent internés à Kananaskis, en Alberta. Il divisa le fruit des années de travail de Calori au Canada entre les héritiers de son beau-père pendant qu’il se trouvait derrière une clôture en fil barbelé.
Angelo Battista Calori figurait parmi les quelques immigrants italiens de la Colombie-Britannique dont le succès dépassait l’acquisition d’un petit commerce ou l’obtention d’un travail peu rémunéré. Son exemple et ses qualités de leader dans la communauté seraient une source d’inspiration pour les milliers d’Italiens qui arriveraient après la Deuxième Guerre mondiale et qui trouveraient une place dans la société canadienne que jamais leurs prédécesseurs n’auraient pu espérer.
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Lynne Bowen, « CALORI, ANGELO BATTISTA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/calori_angelo_battista_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/calori_angelo_battista_16F.html |
Auteur de l'article: | Lynne Bowen |
Titre de l'article: | CALORI, ANGELO BATTISTA |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2016 |
Année de la révision: | 2016 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |