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CAMERON, sir RODERICK WILLIAM, homme d’affaires, lobbyist et commissaire d’exposition, né le 25 juillet 1823 dans le comté de Glengarry, Haut-Canada, fils de Duncan Cameron* et de Margaret McLeod ; le 6 août 1845, il épousa Mary Ann Cumming (décédée en 1858), puis en 1861 Anne Fleming Leavenworth (décédée en 1879), et de ce mariage naquirent deux fils et cinq filles ; décédé le 19 octobre 1900 à Londres.
Roderick William Cameron fit une partie de ses études primaires à Williamstown, dans le Haut-Canada, et eut probablement John Rae* comme précepteur ; par la suite, il aurait fréquenté des écoles à Williamstown, à Cornwall et à Kingston. À partir de 1839 environ, et jusqu’en 1847, il fut dans les affaires à Hamilton et servit pendant un certain temps à titre de commis au magasin de marchandises sèches de Robert Roy. Il prétendit par la suite qu’en 1849, sur la recommandation de William Hamilton Merritt*, il avait fait du lobbying à Washington afin d’inciter le gouvernement américain à signer un traité de réciprocité avec le Canada. À cette occasion, Samuel Lawrence et d’autres marchands de Boston avaient assumé ses « menues dépenses ». Il aurait aussi voyagé et chassé dans le Nord-Ouest canadien durant sa jeunesse.
En 1852, au moment où la ruée vers l’or australien passionnait la population de l’Amérique du Nord, Cameron affréta un navire pour transporter passagers et provisions de New York vers l’Australie. Puis, durant 26 mois, il loua 17 autres navires et consolida son entreprise grâce à une compagnie de navigation appelée Australian Pioneer Line. Après s’être associé à William Augustus Street en 1870, il changea le nom de son entreprise pour celui de R. W. Cameron and Company, raison sociale sous laquelle elle fonctionne encore aujourd’hui. Avant de se lancer dans le transport maritime, Cameron avait subi certains revers financiers à New York, et il en subit d’autres quelques années après mais, somme toute, sa carrière d’homme d’affaires semble avoir été un succès continu. Sa compagnie survécut à la crise économique de 1857, à la guerre de Sécession et au déclin des clippers. La firme s’occupait surtout du commerce entre New York et l’Australie tout en assurant une liaison avec la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre, mais elle faisait également du commerce en Asie et ailleurs. Ses cargaisons pouvaient aussi bien contenir du kérosène et des machines agricoles en provenance des États-Unis que de la laine d’Australie. Après ses premières années d’activité, la compagnie acheta des navires en plus d’en louer mais, vers la fin du xixe siècle, elle était revenue à la seule location.
Le succès de sa compagnie fit de Cameron un homme riche, et il se complut dans ce rôle. À l’île Staten, dans l’état de New York, il établit un domaine, Clifton Berly, qui faisait l’admiration de tous. Un des principaux promoteurs de courses de chevaux à New York, il avait un haras à Clifton Berley et s’enorgueillissait d’avoir importé Leamington, le père d’Iroquois, premier cheval américain à remporter le derby et le Saint-Léger à Londres en 1881. Il se passionnait aussi pour la navigation de plaisance et fit un voyage dans la mer du Nord et la Baltique en 1890.
Des notices biographiques parues de son vivant font ressortir le rôle de Cameron à titre de représentant officiel à différentes expositions internationales. Il ne fait aucun doute qu’il aimait tout particulièrement ce genre de nominations, bien qu’elles semblent avoir été davantage un hommage à son succès commercial et social qu’un véritable travail. Il fut représentant de la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) à l’exposition de Philadelphie en 1876 et à celle de Paris en 1878. Il fut également commissaire honoraire du Canada en Australie, à l’exposition de Sydney en 1879–1880 et à celle de Melbourne en 1880–1881. Cependant, dans le premier cas, le Canada n’envoya qu’un nombre restreint d’exhibits et aucun dans le second. Cameron accepta de figurer comme l’un des trois auteurs d’un rapport officiel publié en 1882 dans les documents parlementaires du Canada au sujet de l’exposition de Sydney même si, personnellement, il n’était pas d’accord avec quelques-unes des affirmations qu’il contenait. Dans ces documents, le gouvernement publia en outre une certaine quantité de données sur l’Australie que Cameron avait présentées dans un rapport sur l’exposition de Melbourne. L’ouvrage de Cameron, simple compilation sans aucune valeur en soi, rend bien peu compte des vastes connaissances de son auteur sur l’Australie, mais démontre cependant l’intérêt qu’il portait à la promotion du commerce entre ce pays et le Canada.
En 1882, le gouvernement canadien recommanda que Cameron soit fait chevalier. Les autorités britanniques hésitèrent d’abord mais, le 11 juin 1883, sir Alexander Tilloch Galt, haut commissaire du Canada à Londres, à la retraite depuis peu, était en mesure d’informer sir John Alexander Macdonald qu’il avait obtenu pour leur « ami » Cameron son titre de chevalier. La cérémonie eut lieu le 16 juin. Officiellement, cet honneur se voulait une récompense pour services rendus au Canada à titre de commissaire d’exposition. Il existe toutefois une explication plus près de la réalité, quoique moins précise : c’était une façon de reconnaître tout le crédit dont Cameron jouissait auprès du gouvernement canadien. Ainsi, au moment de l’exposition de Philadelphie, il avait généreusement accueilli des visiteurs canadiens et australiens à sa résidence de New York.
Cameron, qui demeura toujours sujet britannique, soignait ses relations avec le Canada, tout particulièrement au cours de ses dernières années. C’était un bon ami des Macdonald. En 1885, il était à Ottawa pour l’ouverture de la session et, en juin 1891, il assistait aux funérailles du premier ministre. Au mois de mars précédent, il avait offert ses services à celui-ci pour aller défendre la cause de la réciprocité à Washington ; en, plus de connaître « intimement » le secrétaire d’État américain, James Gillespie Blaine, il prétendait avoir « le tact d’un diplomate et un certain degré de magnétisme ». Cameron avait une résidence d’été à Tadoussac, dans la province de Québec, qui avait déjà appartenu à l’ancien gouverneur général lord Dufferin [Blackwood*]. Dans les années 1880 et 1890, il se porta acquéreur d’une vaste étendue de terre en friche près de Lethbridge (Alberta), qui allait être connue sous le nom de Cameron Ranch. Cependant, il fit peu pour exploiter cette propriété, si ce n’est d’y mettre des poneys.
Sir Roderick William Cameron ne négligeait pas les États-Unis pour autant. Malgré sa loyauté ostentatoire vis-à-vis de la Grande-Bretagne, en vertu de laquelle il envoya son fils aîné étudier à Harrow, la population de son pays adoptif et une foule d’amis l’admiraient. On le reconnaissait comme un authentique exemple américain du gentilhomme campagnard anglais. Durant la guerre de Sécession, il avait aidé à recruter le 79th New York Regiment, composé de Highlanders liés au clan Cameron et dont le colonel était le frère du secrétaire d’État à la Guerre, Simon Cameron. Sir Roderick connaissait d’éminents Américains, tels Blaine et Jay Gould, et il était un membre assidu de clubs new-yorkais et londoniens. Comme il comptait un grand nombre d’amis en Angleterre, dont le duc d’Albany, ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande, il voyagea beaucoup à l’étranger dans les dernières années de sa vie.
On trouve des récits des jeunes années de sir Roderick William Cameron dans un certain nombre de notices biographiques contemporaines énumérées ci-dessous dans l’ordre chronologique. On suppose que la documentation qui les a inspirées venait directement ou indirectement de Cameron lui-même, ce dont il faut tenir compte si on les utilise. [r. c. macg.]
Alexander Mackenzie, History of the Camerons, with genealogies of the principal families of the name (Inverness, Écosse, 1884), 409–412.— Appletons’ cyclopædia (Wilson et al.), 1 : 509 ; 7 : 47.— History of Richmond County (Staten Island), New York, from its discovery to the present time, R. M. Bales, édit. (New York, 1887), 695–697. On trouve dans ce volume un portrait pleine page de Cameron.— Prominent families of New York [...], [L. H. Weeks, édit.] (New York, 1897), 94–95 ; (éd. rev., 1898), 94–95.— National cyclopædia of American biography [...] (63 vol. parus, New York, [etc.], 1892– ), 8 : 400. La biographie de Cameron paraît dans le volume de 1898.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Frederic Boase, Modern English biography [...] (6 vol., Truro, Angl., 1892–1921 ; réimpr., Londres, 1965), 4 : 586. La biographie de Cameron paraît dans le volume de 1908.
Cameron est l’auteur de : « The Commonwealth of Australia », Forum (New York), 11 (mars–août 1891) : 379–397.
AN, MG 11, [CO 448], 1B (photocopies) ; MG 26, A : 93793–93795, 251048–251051 ; G : 29185a–b ; MG 27, I, B4, 1, Macdonald à Lorne, 11 août 1882 ; RG 17, AI, 1, vol. 245 ; 247–248 ; 258 ; 286–287 ; 289 ; 295–296 ; 310 ; 314 ; 331 ; 334.— AO, MS 107, reg. of births, 1823 ; MU 7629–7630.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, New York, 342 : 251 ; 348 : 822, 900a/9, /39, /48, /60, /85, /109, /161, 900q.— Glenbow Arch., M2427, files 6–7.— HPL, Clipping file, Hamilton biog., George Mills.— Mitchell Library (Sydney, Australie), Sir Henry Parkes corr., lettres de R. W. Cameron.— New York Public Library, mss and Arch. Division, Robert Bonner papers, R. W. Cameron corr. concerning horses.— St John’s Church (Staten Island, N.Y.), Memorial plaques, window inscription, and vital records relating to Cameron family.— Staten Island Institute of Arts and Sciences, T. A. Watson, recollections of Cameron family and Clifton Berley (copie dactylographiée).— Canada, Parl., Doc. de la session, 1882, no 11, app. 46.— G.-B., Royal Commission for the Paris Exhibition, 1878, Catalogue of the British colonies (Londres et Paris, [1878]).— Melbourne, Australie, Intercolonial Exhibition, 1875, Official record [...] (Melbourne, 1875).— New South Wales, Australie, Commission to the International Exhibition, Philadelphie, 1876, New South Wales, its progress and resources (Sydney, 1876).— William Todd, The Seventy-Ninth Highlanders, New York Volunteers in the war of rebellion, 1861–1865 (Albany, N.Y., 1886), 5.— Glengarrian (Alexandria, Ontario), 20 déc. 1889.— Hamilton Gazette, and General Advertiser, 1852–1855, particulièrement 19 oct. 1854.— New York Herald, 21 oct. 1900.— New York Times, 20 nov. 1867, 14 juill. 1884, 20 oct. 1900.— Sydney Morning Herald, 3 mars 1881.— Times (Londres), 2 juin, 15 sept. 1881, 25 mai, 20 juin 1883, 22 oct. 1900.— H. Livingston, « A three-hundred-acre estate in New York City », Country Life in America (New York), 4 (avril 1904).— Via Port of New York–New Jersey (New York), 23 (févr. 1971) ; 34 (déc. 1982).
Royce C. MacGillivray, « CAMERON, sir RODERICK WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cameron_roderick_william_12F.html.
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Auteur de l'article: | Royce C. MacGillivray |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 7 nov. 2024 |