CASTLE, JOHN HARVARD, ministre baptiste et éducateur, né le 27 mars 1830 à Philadelphie, fils de Robert Castle, du comté d’Antrim (Irlande du Nord) ; le 15 septembre 1853, il épousa Mary Antoinette Arnold, de Rochester, New York, et ils eurent deux filles et trois fils ; décédé le 11 juin 1890 à Philadelphie.

John Harvard Castle était issu d’une famille irlando-écossaise qui avait émigré aux États-Unis et s’était établie en Pennsylvanie en 1825. Après s’être converti et s’être fait baptiser vers l’âge de 16 ans, il décida de devenir ministre baptiste. C’est dans ce but qu’après avoir achevé un premier cycle d’études à Philadelphie, il s’inscrivit en 1847 à l’université de Lewisburg (devenue par la suite la Bucknell University) qui venait d’être fondée. Il y termina ses études en 1851 et fit partie du premier groupe de diplômés. (Il obtiendra un doctorat en théologie en 1866.) Il entra ensuite au Rochester Theological Seminary ; après avoir reçu son diplôme de cette institution et avoir été ordonné en 1853, à Pottsville, Pennsylvanie, il assuma différents pastorats dans cet état et dans celui de New York. Au cours de ces années, il prit une part active à l’œuvre missionnaire et éducative des baptistes américains, siégeant par exemple aux conseils d’administration de l’université de Lewisburg et du Crozer Theological Seminary. Cette expérience lui fut d’ailleurs fort utile au cours de sa carrière qu’il poursuivra au Canada.

Il semblerait que ce soit en bonne partie grâce à l’influence de Susan Moulton, une Américaine de naissance que le sénateur William McMaster, financier et homme d’affaires de Toronto, avait épousée en secondes noces et qui avait fait partie des ouailles de Castle, que ce dernier se vit offrir en 1873 la chaire de l’église baptiste Bond Street, à Toronto. La communauté s’épanouit sous la vigoureuse direction de Castle, et le nombre des fidèles augmenta au point qu’on dut bientôt songer à trouver de nouveaux locaux. Une campagne de financement lancée par Castle et l’apport financier des McMaster permirent la construction de l’église baptiste Jarvis Street, terminée en 1875. Ce temple qui venait remplacer l’église Bond Street devint rapidement un lieu très connu à Toronto et le centre d’attraction de la communauté baptiste de la ville.

Plus tard, Castle joua un rôle décisif dans la fondation du Toronto Baptist College dont allait naître la McMaster University. Cette école était née d’un projet visant à déménager à Toronto le département de théologie du Canadian Literary Institute de Woodstock, Ontario. Fondé par les baptistes en 1857 et ouvert en 1860, cet établissement (en 1883 il prit le nom de Woodstock College) était dirigé par Robert Alexander Fyfe* ; on y enseignait les disciplines classiques et préparait les élèves au ministère. Le déménagement du département de théologie fut motivé par la conviction que partageaient Castle et le sénateur McMaster que la ville de Toronto, alors en pleine expansion, constituerait un milieu plus stimulant que la petite ville de Woodstock pour la formation des ministres baptistes. Tout au long de cette affaire, Castle assuma avec beaucoup d’habileté la tâche délicate de convaincre la communauté baptiste de la nécessité de tenter cette nouvelle aventure scolaire en milieu urbain, ce qui aboutirait en fait au démembrement du respectable « institut » littéraire. Grâce à ses efforts, on surmonta l’opposition au projet lors d’un colloque spécial sur l’éducation organisé par les baptistes en avril 1879. Deux ans plus tard, le Toronto Baptist College ouvrait ses portes dans l’immeuble appelé McMaster Hall, sur un terrain acheté à cette fin rue Bloor par McMaster. Comme on pouvait s’y attendre, Castle fut nommé directeur de la nouvelle institution, ce qui l’obligea à démissionner de la charge qu’il occupait à l’église Jarvis Street.

Dès le début, Castle occupa la chaire de théologie systématique et de théologie pastorale. Bien vu de la communauté baptiste, autant comme théologien que comme éducateur, il chercha, avec l’appui des McMaster et de ses collègues, Théodore Harding Rand* et Malcolm MacVicar, à former des ministres qui seraient capables de faire face non seulement aux problèmes d’une population rurale traditionnelle mais également à ceux posés par les forts courants d’industrialisation et d’urbanisation qui traversaient le Canada. Il espérait aussi que le Toronto Baptist College deviendrait le grand centre canadien de formation des futurs pasteurs baptistes, aspiration qui allait peut-être de pair avec les ambitions que nourrissait la ville de Toronto de devenir métropole à la fin du xixe siècle. Mais des difficultés administratives et des problèmes financiers vinrent contrecarrer ces espoirs, et, par suite de cette situation, des institutions sœurs telles l’Acadia University, en Nouvelle-Écosse, continuèrent à former leurs propres diplômés en théologie.

Bien que le collège fût affilié à l’University of Toronto depuis sa fondation, Castle joua un rôle déterminant dans la décision de bloquer le projet de fédérer le collège et l’université, arrangement envisagé par d’autres institutions confessionnelles telles le Victoria College, à Cobourg, et le Trinity College, à Toronto. En 1884, des représentants de ces différents collèges et universités se réunirent pour discuter de ce projet. Au cours du débat, il semble que Castle et MacVicar aient tenu à faire une nette distinction entre fédération et affiliation. L’affiliation permettait au collège de continuer à donner l’enseignement des disciplines classiques, en particulier la philosophie, qui avait été ajoutée au programme d’études du collège, alors que la fédération signifierait, du moins cela paraissait de plus en plus certain, l’amputation du programme d’études classiques. Ces sérieuses réserves au sujet de la fédération étaient renforcées par l’opposition exprimée par certains membres de la confession dont ni Castle ni MacVicar ne voulaient perdre l’appui moral et financier. Ce groupe était déjà convaincu de la nécessité d’une université indépendante, placée sous les auspices des baptistes, qui offrirait une « solution de rechange chrétienne » au programme d’études classiques prévu par le projet de fédération. Au printemps de 1887, Castle, accompagné de Rand, se présenta devant le comité des bills privés de la législature ontarienne pour tenter de démontrer la viabilité d’une université privée. La McMaster University reçut sa charte plus tard au cours de la même année, absorbant le Toronto Baptist College et le Woodstock College. En 1930, elle déménagera à Hamilton.

Le Toronto Baptist College devint la faculté de théologie de la McMaster University, tout en continuant à donner le même enseignement que par le passé jusqu’à l’ouverture officielle de l’université en 1890. Castle enseigna et occupa le poste de directeur de la faculté jusqu’à ce que sa santé chancelante, qui l’avait empêché de devenir le premier chancelier de l’université en 1887, le forcât à prendre sa retraite en 1889. Il retourna aux États-Unis pour s’installer à Rochester après une carrière bien remplie de 16 ans au Canada. Il mourut à la fin du printemps de 1890, dans sa ville natale de Philadelphie, peu de temps après avoir donné une série de sermons dans une église locale.

Dans une notice nécrologique, Thomas Trotter*, ministre et éducateur, parle de la personnalité engageante de Castle et de ses grandes qualités d’administrateur et de conciliateur qui avaient si bien servi les intérêts du Toronto Baptist College. C’était un homme « de tact, de ressources, et un chrétien convaincu ».

Charles M. Johnston

Canadian Baptist Arch., Biog. file, J. H. Castle ; Toronto Baptist College, Board of Trustees, Minute book, 12 avril 1881–28 avril 1887 ; Corr., 1881–1885 ; Executive Committee, Minute book, 21 juin 1881–28 oct. 1887.— [William Davies], Letters of William Davies, Toronto, 1854–61, W. S. Fox, édit. (Toronto, 1945).— Toronto Assoc. of Baptist Churches, Minutes (Toronto), 1875–1880.— Canadian Baptist (Toronto), 26 juin 1890.— The Baptist year book [...] (Toronto), 1873–1890 (spécialement les rapports annuels du président du Toronto Baptist College et du principal de la faculté de théologie pour 1882–1889).— Robert Hamilton, « The founding of McMaster University » (thèse de b.d., McMaster Univ., Hamilton, Ontario, 1938).— C. M. Johnston, McMaster University (2 vol., Toronto et Buffalo, N.Y., 1976–1981).— A. L. McCrimmon, The education policy of the Baptists of Ontario and Quebec (Toronto, 1920).— McMaster University, 1890–1940 [...] (Hamilton, 1940).— D. C. Masters, Protestant church colleges in Canada : a history (Toronto, 1966).— Thomas Trotter, « John Harvard Castle », McMaster Univ. Monthly (Toronto), 1 (1891–1892) : 145–150.

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Charles M. Johnston, « CASTLE, JOHN HARVARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/castle_john_harvard_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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