Titre original :  Henry Pahtahquahong Chase. From: The Canadian album : men of Canada, volume 1. 

Source: https://archive.org/details/canadianalbum01cochuoft/page/330/mode/2up

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CHASE, HENRY PAHTAHQUAHONG (connu dans l’enfance sous le nom de Pahtahquahong), interprète mississagué de la tribu des Sauteux, fonctionnaire, ministre méthodiste, marchand et ministre de l’Église d’Angleterre, né en 1818 près de Belleville, Haut-Canada ; décédé le 21 mars 1900 à Sarnia, Ontario.

On ignore tout de la famille de Pahtahquahong, qui signifie en sauteux « tonnerre qui approche », sauf que sa mère vivait toujours en 1853 et qu’il était le cousin du fameux prédicateur et écrivain sauteux George Copway [Kahgegagahbowh*]. Dès sa petite enfance, on le prépara à œuvrer pour l’Église méthodiste. Il fut élevé à la mission de l’île Grape, près de Belleville, par William Case*, surintendant des missions indiennes de la Conférence canadienne. Tout comme Peter Jacobs [Pahtahsega*], George Copway, Henry Bird Steinhauer* et David Sawyer [Kezhegowinninne*], il appartient donc au groupe d’Indiens doués que formèrent les méthodistes à la fin des années 1820. La New York City Female Missionnary Society, qui avait assumé les frais de son instruction, obtint le droit de lui donner un nom « anglais » ; vers 1830, il reçut donc celui de Henry Chase, apparemment en l’honneur du président de la Young Men’s Missionary Society de New York. (Il conserva son nom sauteux et signait généralement Henry P. Chase.) Tant Case que le chef de l’île Grape, John Sunday [Shah-wun-dais*], le considéraient comme « un jeune homme d’une conduite exemplaire ».

Doué pour traduire la langue des Sauteux, Chase devint à l’âge de 14 ans interprète du révérend John Clarke, surintendant de la mission méthodiste américaine au lac Supérieur. Il servit deux ans parmi les Sauteux non chrétiens de toute cette région et de Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie, Ontario). Aussi longtemps que vécut Clark, Chase lui demeura « très attaché » en raison de la « bonté » avec laquelle il l’avait traité. Sans doute est-ce Clark qui veilla à ce qu’il entre en 1836 au Genesee Wesleyan Seminary de Lima, dans l’état de New York, que fréquentaient 200 élèves blancs. Pendant l’hiver, Chase étudia l’arithmétique, la grammaire et la diction ; pendant l’été, il travailla comme journalier pour payer ses cours.

Comme l’Église méthodiste n’avait pas tardé à constater ses talents d’orateur, Chase fit en 1837, avec Clark, une tournée de conférences qui les mena à Albany et à Troy dans l’état de New York, à Philadelphie et à Baltimore dans le Maryland, et à New York même. L’hiver suivant, Chase parcourut le Kentucky en compagnie du révérend Benjamin T. Kavanaugh pour recueillir des fonds. Il fut ensuite, de 1840 à 1842, interprète à la mission du lac Sandy, au Minnesota, tout près de la zone mal définie qui séparait les Sauteux de leurs ennemis les Sioux.

À son retour dans le Haut-Canada, en 1843, Chase devint interprète du département des Affaires indiennes à Port Sarnia (Sarnia), auprès des Sauteux du lac Saint-Clair. Après y avoir travaillé à ce titre et à celui de comptable durant 13 ans, il démissionna pour devenir prédicateur méthodiste en 1856. Le révérend Solomon Waldron, qu’il avait souvent assisté à la mission Saint-Clair, disait n’avoir « jamais connu meilleur traducteur des leçons tirées des Écritures ». Chase servit deux ans à Muncey, près de London, et à Michipicoten (Michipicoten River), sur le lac Supérieur, puis pour des raisons mystérieuses abandonna le ministère et le méthodisme. Peut-être ne se sentait-il plus à l’aise dans cette Église qui, depuis la mort de William Case en 1855 et celle de Peter Jones* en 1856, semblait ne plus manifester beaucoup de zèle pour les missions indiennes.

On ne sait pas grand-chose de ce que Chase fit de 1858 à 1863. Il vivait à Sarnia, et quand le prince de Galles s’y rendit, en 1860, il lui lut une adresse au nom des 70 délégués indiens, qui représentaient 35 bandes. Rangé par le Sarnia Observer, and Lambton Advertiser parmi « les marchands les plus entreprenants » de la ville, il fut l’associé principal de la Chase and Armour, puis de la Chase and Buchanan. En 1852, il avait épousé une femme de 19 ans, d’ascendance écossaise, Annie G. Armour ; deux filles et deux garçons naquirent de ce mariage.

Les anglicans de Sarnia convièrent d’abord Chase parmi eux en qualité de catéchiste. Il abandonna les affaires pour devenir diacre en 1863 et ministre un an plus tard. Réaffecté à Muncey, il rallia à l’anglicanisme, dans la seule année 1864, 70 Sauteux adultes qui pratiquaient le méthodisme. Inlassablement, il visitait les trois missions des alentours de Muncey, celle des Onneiouts, celle des Loups (Delawares), qui parlaient le munsee, et celle des Sauteux. Dès 1876, il avait, construit une église anglicane dans chacune d’elles, et chaque dimanche il parcourait 16 milles à pied pour y prêcher. Il affirmait avoir converti 210 Indiens de 1865 à 1878 – donc un cinquième de la population totale des réserves, ce qui était tout un exploit.

Afin de recueillir de l’argent pour l’entretien des églises, Chase se rendit en Grande-Bretagne en 1876, en 1881 et en 1885. Le lord-maire de Londres le reçut à l’occasion de sa troisième visite, et le prince de Galles lui donna aussi audience. Chase quitta la mission de Muncey en 1880 mais, à la demande des autorités anglicanes, il accomplit des tâches spéciales, dont ces tournées de collecte. De 1887 à 1896, il fut ministre à l’église anglicane de la réserve indienne de Sarnia.

Après la Confédération, étant donné son âge, sa renommée et ses qualités d’intermédiaire culturel, Chase fut appelé à travailler au sein des organisations politiques indiennes. En 1870, à titre d’interprète adjoint et de président de plusieurs séances, il participa au « Conseil général des Six-Nations et diverses bandes de l’Ontario et du Québec ». Par élection, le conseil lui confia, ainsi qu’à un autre délégué, le mandat de rencontrer le gouverneur général, sir John Young*, au sujet de la recommandation faite par le conseil qu’une « consultation convenable du peuple indien ait lieu quand une loi du Parlement pouvant les toucher est proposée, et ne soit pas laissée à des subordonnés qui n’ont pas de connaissance réelle des positions ou exigences des Indiens ».

Henry Chase fut élu en 1874, de préférence au médecin agnier Oronhyatekha*, président du grand conseil général indien qui se tint à la réserve de Sarnia. En compagnie du chef de la réserve, William Wawanosh, il se rendit à Ottawa pour présenter au gouvernement fédéral les doléances exprimées par les délégués (plus de 120) de toutes les régions de l’Ontario et de la province de Québec à propos d’une loi sur les Indiens adoptée en 1869. Les délégués voulaient être maîtres de leurs affaires et avoir le droit de faire les règlements qui concernaient leurs réserves. En 1882, le grand conseil tenu à la réserve de New Crédit, près de Hagersville (Haldimand, Ontario), l’élut président pour la durée de la rencontre. À l’époque, un reporter du Free Press de Detroit décrivit le ministre, alors à la retraite, et leader politique indien comme « un vieillard digne, sage et éloquent ».

Donald B. Smith

AN, RG 10, A4, 507 : 352 ; B3, 1942, file 4103 ; CI, 2, vol. 436 : 574–784.— Huron College Arch. (London, Ontario), Clergy list, Diocese of Huron [...], 30 juin 1887.— Minn. Hist. Soc. (St Paul), G. L. Nute, « North West Mission papers ».— UCC-C, Solomon Waldron, « A sketch of the life, travels, and labors of Solomon Waldron [...] ».— UWOL, Regional Coll., James Evans papers.— Colonial and Continental Church Soc., Annual report (Londres), 1865–1885.— Mme B. C. Farrand, Indians at Sarnia (s.l., 1899 ; réimpr., Brights Grove, Ontario, 1975 ; copie à la Bibliothèque nationale du Canada, Ottawa).— Grand General Indian Council of Ontario and Quebec, Minutes (Hamilton, Ontario), 1870 ; (Sarnia, Ontario), 1874 ; (Hagersville, Ontario), 1882 ; 1884.— B. M. Hall, The life of Rev. John Clark (New York, 1857), 184–187.— « An Indian chief at the Mansion House », Aborigines’ Friend : a Journal of the Aborigines’ Protection Society (Londres), [4e] sér., 6 (1885) : 255–256.— Kahgegagahbowh [George Copway], The life, history, and travels of Kah-ge-ga-gah-bowh, (George Copway) a young Indian chief of the Ojebwa nation [...] (Philadelphie, 1847).— Christian Advocate and Journal (New York), 2 mai, 5 déc. 1828, 2 juin 1837, 1er mai 1840.— Christian Guardian, 13 avril 1853.— London Advertiser, 18 mai 1898.— Sarnia Observer, 14 sept. 1860, 23 mars 1900.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 1.— Cornish, Cyclopædia of Methodism.— Crockford’s clerical directory [...] (Londres), 1899 : 244.

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Donald B. Smith, « CHASE, HENRY PAHTAHQUAHONG (Pahtahquahong) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chase_henry_pahtahquahong_12F.html.

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Auteur de l'article:    Donald B. Smith
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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