CHIPMAN, SAMUEL, fermier, homme d’affaires, homme politique, fonctionnaire et officier de milice, né le 18 octobre 1790 dans le canton de Cornwallis, Nouvelle-Écosse, cinquième enfant de William Allen Chipman* et d’Ann Osborn ; le 11 mai 1815, il épousa Elizabeth Gesner, sœur du géologue Abraham Gesner*, et ils eurent trois filles et un fils, puis le 8 décembre 1841 Jessie W. Hardy, et de ce mariage naquirent sept enfants ; décédé le 10 novembre 1891 à Kentville, Nouvelle-Écosse.

Samuel Chipman est issu d’une famille illustre du comté de Kings, que l’on appelle parfois le « Chipman compact ». Même s’il exerça avant tout le métier de fermier sur la terre de 100 acres qu’il possédait à Canard, il fut également fonctionnaire, armateur et commerçant de produits agricoles (en 1870, par exemple, il vendit 1 200 boisseaux de pommes de terre qui provenaient de sa ferme).

En 1830, Chipman succéda à son père comme député réformiste du comté de Kings à la chambre d’Assemblée. Il conserva ce siège jusqu’en 1843 : Chipman connut alors la défaite parce que son parti tenta d’établir une université provinciale non confessionnelle. Même s’il était baptiste et s’il préconisait l’utilisation de fonds publics pour le financement de l’Acadia College, fondé depuis peu à Wolfville par les baptistes de la Nouvelle-Écosse [V. John Pryor], un grand nombre de ses électeurs le considéraient comme un ennemi du collège. Chipman retourna au Parlement en 1851 à titre de représentant du canton de Cornwallis et le demeura jusqu’à l’abolition de ce siège en 1859, après quoi on l’élut représentant de la division nord du comté de Kings. Il exerça cette fonction jusqu’à sa nomination au Conseil législatif en 1863. À l’Assemblée, Chipman, tout comme son père, s’intéressait principalement à l’agriculture et aux affaires locales comme les routes, les digues, les brise-lames et les ponts. Adversaire convaincu de la Confédération, il appuya Joseph Howe* en 1869, ainsi que les « meilleures conditions » que ce dernier arriva à négocier pour la Nouvelle-Écosse.

En 1856, à l’époque où Chipman était secrétaire aux Finances de la province, on le décrivit dans l’Acadian recorder comme un homme égoïste qui ne connaissait rien aux finances mais qui avait obtenu son poste en vertu d’un « droit héréditaire » et grâce à la « franc-maçonnerie politique ». Physiquement, Chipman était « un petit homme à l’air important », qui s’assoyait « les bras croisés, à la gauche du fauteuil du président, juste sous la tribune de la presse [...] la tête [...] complètement chauve et lustrée et le visage un peu ridé ». Le journal ajoutait : « M. Chipman ne prend presque jamais la parole sauf si la discussion porte sur une question locale [...] mais il le fait comme quelqu’un qui commande. Il a la voix grêle et un fort zézaiement qui rend assez difficile de saisir le sens de ce qu’il lui arrive de dire. » C’est là, il est vrai, une description assez méchante et quelque peu injuste, mais les avantages qu’il retirait du régime de favoritisme contribuèrent certainement à accréditer sa réputation d’homme vénal. En 1842, le gouvernement provincial l’avait nommé commissaire des égouts et, six ans plus tard, commissaire de la paix pour le comté de Kings. À deux reprises, il remplit la fonction de commissaire chargé d’évaluer les dommages causés par la voie ferrée : en 1868, dans le comté d’Annapolis et, en 1869, dans celui de Kings. Quand il quitta le Conseil législatif en 1870, à l’âge de 80 ans, il fut nommé registrateur dans son comté natal et ce n’est que 18 ans plus tard, devenu aveugle, qu’il abandonna ce poste. Il n’accepta de prendre sa retraite qu’à la condition que « son successeur lui verse 400 $ par an pour le reste de ses jours ».

À l’instar de son père, Samuel Chipman fut officier de milice et franc-maçon. À sa mort, à l’âge de 101 ans, on le considérait comme le maçon le plus âgé du monde et le doyen des Néo-Écossais. On l’inhuma selon tous les rites maçonniques et ses obsèques attirèrent plus de 1 000 personnes à sa résidence de Chipmans Corner. Ses admirateurs l’ont décrit comme un homme tranquille et doux, d’« une intégrité authentique » et respecté de ses voisins tandis que d’autres le considéraient comme un homme politique cupide. Sa carrière laisse deviner l’importance et l’étroitesse des liens qui existaient entre la famille et la politique au début de l’histoire de la Nouvelle-Écosse.

Carman Miller

AN, RG 31, C1, Kings County, 1851 ; 1861, district 2, abstract 4, no 32 ; 1871, district 189, no 7.— PANS, MG 20, 1015, no 12a ; MG 100, 12, no 50 ; RG 3, 1, nos 2a, 15, 21, 159 ; RG 7, 6, no 59.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1851–1859.— Acadian Recorder, 14 juin 1856, 10 nov. 1891.— Morning Chronicle (Halifax), 11 nov. 1891.— A Chipman genealogy, circa 1583–1969, beginning with John Chipman (1620–1708), first of that surname to arrive in the Massachusetts Bay colony [...], J. H. Chipman, compil. (Norwell, Mass., 1970), 81.— Legislative Assembly of N.S. (Elliott).— J. M. Beck, Joseph Howe (2 vol., Kingston, Ontario, et Montréal, 1982–1983).— Eaton, Hist. of Kings County.

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Carman Miller, « CHIPMAN, SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chipman_samuel_12F.html.

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Auteur de l'article:    Carman Miller
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    13 déc. 2024