CHOQUET, FRANÇOIS-XAVIER, avocat, juge et réformateur social, né le 8 janvier 1851 à Varennes, Bas-Canada, fils de Jean-Baptiste Choquet, fermier, et d’Adéline Provost ; le 10 juin 1884, il épousa à Trois-Pistoles, Québec, Marie-Caroline Barry, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 31 décembre 1926 à Montréal.
François-Xavier Choquet naquit à Varennes dans une famille de cultivateurs qui accordait une grande importance à l’instruction et lui permit de faire des études au collège de L’Assomption de 1863 à 1869 et au petit séminaire de Montréal de 1869 à 1871. Après ses études classiques, il poursuivit une formation juridique au cabinet de Louis-Amable Jetté* à Montréal et au McGill College. Licencié en droit civil en 1874, il fut admis au barreau l’année suivante. Il pratiqua le droit avec Jetté et Frédéric-Ligori Béïque*, deux éminents libéraux, jusqu’en 1878, moment où Jetté fut nommé à la Cour supérieure. Pendant des années, il posséda son propre cabinet, puis, en 1886, il s’associa à un autre cabinet prestigieux, également dirigé par des « rouges », celui d’Honoré Mercier*, de Cléophas Beausoleil* et de Paul-Gédéon Martineau. Après le départ de Mercier en 1891, on renomma le cabinet Beausoleil et Choquet, et l’année suivante, Beausoleil, Choquet et Girard. Les relations de Choquet avec les libéraux sont évidentes dans le choix de ses associés et son travail le confirme ; ainsi, son cabinet fut chargé de s’occuper de tous les litiges électoraux du Parti libéral.
Pendant les années 1890, l’excellente réputation de juriste de Choquet fut reconnue : le 7 mars 1893, il obtint du gouvernement fédéral le titre de conseiller de la reine et, de 1894 à 1897, il fut membre du conseil du barreau de Montréal. Son engagement politique contribua à sa nomination aux postes de commissaire de révision de la charte de Montréal (septembre 1897), de juge des sessions de la paix, de magistrat de police, de commissaire des licences (24 décembre 1898) et de commissaire fédéral à l’extradition (20 juillet 1901). Choquet assumerait sa charge de juge et de commissaire à l’extradition pendant plus de 20 ans.
Au cours de la première décennie du xxe siècle, Choquet devint réformateur social, plaidant en faveur de la protection de l’enfance. Sa femme, Marie-Caroline Barry, soutint aussi cette cause. Le couple travailla à la mise sur pied de la Children’s Aid Society of Montreal et, en 1908, Choquet en devint le premier président. Marie-Caroline occupa un des trois postes à la vice-présidence. Les Choquet appuyèrent énergiquement la Loi des jeunes délinquants adoptée par le gouvernement fédéral en 1908. Cette loi prévoyait la création des cours juvéniles provinciales et municipales disposant de vastes pouvoirs en matière d’enquête et de peine, et elle interdisait l’incarcération de jeunes délinquants avec des adultes. En 1910, le gouvernement de la province de Québec adopta la loi et prit les mesures nécessaires pour créer une cour juvénile à Montréal. La Cour des jeunes délinquants de Montréal entama officiellement ses activités en mars 1912 avec Choquet comme premier juge.
À l’ouverture de la cour, Choquet fit part de sa compréhension des buts visés par la loi, à savoir que « chaque jeune délinquant soit traité, non comme un criminel, mais comme un enfant mal dirigé, ayant besoin d’aide, d’encouragement et de secours ». Pendant plus d’une décennie, il fut juge à la cour juvénile, et adopta les idées qui avaient cours au Canada anglais et aux États-Unis en matière de protection de l’enfance. La presse, avec affection et respect, l’appela le juge des enfants et son idée de transformer un tribunal de droit en un « foyer de compassion » fut accueillie comme un signe de progrès. Il fut un fervent défenseur de la probation au lieu de l’emprisonnement, mais soutint fermement le système Borstal pour les jeunes délinquants (système élaboré à la prison de Borstal, à Kent, en Angleterre, qui incluait l’instruction, le travail, la formation professionnelle et l’orientation de groupe). Dans son travail à la cour, il fut secondé par les agents de probation Rose Henderson* et Marie Clément, ainsi que par le commis Owen Dawson. Il démissionna comme juge en avril 1922. La cour juvénile de Montréal avait été façonnée par la présence de cet homme paternel dont les idéaux progressistes modifièrent irrévocablement le traitement des jeunes délinquants dans la ville.
Au cours de sa longue et distinguée carrière, François-Xavier Choquet s’est taillé une réputation d’ami des jeunes et de serviteur infatigable de l’État. Il mourut en 1926, après une brève maladie ; son cortège funèbre comprenait les sénateurs Béïque et Donat Raymond ainsi que plusieurs ministres et juges.
François-Xavier Choquet est l’auteur de « The juvenile court », article paru dans le Canadian Municipal Journal (Montréal), 10 (1914) : 232s.
BAC, MG 30, C27, 7 : 25A.35.4 (lettre de K. Weller à W. L. Scott).— Le Devoir, 23 mars 1912.— Gazette (Montréal), 24 oct. 1907, 1er janv. 1927.— Montreal Daily Star, 4 janv. 1927.— Montreal Herald, 3 janv., 8 juin 1912, 3 mars 1914, 11, 20 avril 1922.— La Presse, 13 janv., 8 juin 1923, 3 janv. 1927.— W. H. Atherton, Montreal, 1534–1914 (3 vol., Montréal, 1914).— I.-J. Deslauriers, les Tribunaux du Québec et leurs juges : Cour provinciale, Cour des sessions de la paix, Tribunal de la jeunesse, Cour municipale (Cowansville, Québec, 1987).— L. E. Mendelsohn et Sharon Ronald, « History of the Montreal juvenile court : an historical-descriptive study of the Montreal juvenile court, later known as the Social Welfare Court » (rapport de recherche de
Tamara Myers, « CHOQUET, FRANÇOIS-XAVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/choquet_francois_xavier_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/choquet_francois_xavier_15F.html |
Auteur de l'article: | Tamara Myers |
Titre de l'article: | CHOQUET, FRANÇOIS-XAVIER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 11 déc. 2024 |