CLARKE, LAVINIA, missionnaire, née vers 1864 à l’Île-du-Prince-Édouard, elle était peut-être la fille de David Clark, d’East River, et de Maria Gay ; décédée célibataire le 8 octobre 1905 à Charlottetown des suites d’un « trouble des valves du cœur ».

Au recensement de 1881, une certaine Livina Clarke, âgée de 16 ans, habitait chez Albert Gay dans le comté de Queens, à l’Île-du-Prince-Édouard. Peut-être s’agissait-il de Lavinia Clarke. Tôt dans son existence, Lavinia Clarke commença à se préparer à l’enseignement, mais elle dut renoncer à cause de la maladie chronique qui allait l’affecter tout au long de sa vie d’adulte.

Lavinia Clarke se mit à s’intéresser aux œuvres missionnaires vers 1885 dans son village de Pownal, à l’Île-du-Prince-Édouard. Dans la seconde moitié du xixe siècle, les associations missionnaires laïques féminines connurent une expansion rapide au Canada. On peut considérer la Woman’s Missionary Society, association méthodiste à laquelle elle s’inscrivit, comme le plus ambitieux de ces groupes. En effet, cette société administrait elle-même son actif, et son réseau géographique d’activité missionnaire était le plus vaste. En 1890, elle subventionnait les deux établissements où Mlle Clarke travaillerait.

Cette année-là, Lavinia Clarke alla occuper la position d’intendante à la Coqualeetza Missionary School de Sardis, dans la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique. Pareille initiative n’était certes pas courante pour les femmes de son époque : la plupart de celles qui s’intéressaient aux missions restaient dans leur milieu pour y mobiliser du soutien [V. Catharine Morton* ; Jane Buchan ; Marjorie Laing] et rares étaient celles qui allaient en territoire de mission [V. Susanna Carson ; Agnes Maria Turnbull]. C’était la période où les établissements implantés dans les communautés autochtones du Canada se consolidaient et prenaient de l’expansion. On construisait des édifices imposants qui logeaient des écoles, des hôpitaux et divers organismes d’assistance sociale, de sorte que l’État fédéral et les missionnaires comme Mlle Clarke devenaient présents dans la vie des autochtones d’une manière plus concrète et plus structurée qu’auparavant. L’essor que connut l’école Coqualeetza pendant le séjour de Lavinia Clarke illustre bien ce processus. À son arrivée, l’établissement, réservé aux enfants autochtones de la région, était dans sa quatrième année d’existence ; de petite dimension, c’était simplement une école de jour. Un an plus tard, un incendie détruisit le bâtiment. En 1894, un établissement beaucoup plus grand, le Coqualeetza Industrial Institute, ouvrit ses portes. Subventionné par la Woman’s Missionary Society et par le gouvernement fédéral, il abritait 60 pensionnaires autochtones, garçons et filles.

Lavinia Clarke demeura à Sardis jusqu’en 1895 et retourna à l’Île-du-Prince-Édouard pour un congé d’un an. Ensuite, elle fut affectée au Crosby Girls’ Home de Port Simpson, sur la côte nord de la Colombie-Britannique. Là encore, elle était intendante ; elle avait la charge d’environ 37 pensionnaires et occupa ce poste jusqu’en 1902. On en sait davantage sur sa vie à cet endroit parce qu’elle envoyait régulièrement des rapports au Missionary Outlook, la revue des missionnaires méthodistes du Canada. Ses écrits de Port Simpson révèlent qu’elle croyait profondément avoir été appelée et être soutenue par une force divine. Malgré les nombreuses maladies et les nombreux décès qui survenaient parmi les élèves, et malgré la résistance acharnée des parents, elle soutenait : « Personnellement, j’avoue avoir la conviction que l’avenir justifiera nos actions présentes et que l’œuvre du Foyer subsistera. » Selon elle, sa tâche consistait à transformer la société autochtone en enseignant aux jeunes femmes à être de bonnes chrétiennes et de bonnes maîtresses de maison. Elle était loin d’être la seule à juger malsaines et inférieures la société et la culture indigènes. Pareille opinion était courante parmi les missionnaires et les fonctionnaires gouvernementaux qui, au xixe et au xxe siècle, ont édifié, financé et administré les établissements de santé et d’éducation destinés aux autochtones du Canada. Lavinia Clarke fut inhumée au Pownal United Methodist Cemetery ; ses compagnes missionnaires firent placer une pierre sur sa tombe.

Megan B. Davies

AN, RG 31, C1, 1881, Queens County (copie au P.E.I. Museum).— P.E.I. Museum, Geneal. Div., Marriage book no 8 (1862–1867) : 63 ; Pownal United Methodist Cemetery transcript.— Jean Barman, The west beyond the west : a history of British Columbia (Toronto, 1991), 154s., 161.— J. W. Grant, Moon of wintertime : missionaries and the Indians of Canada in encounter since 1534 (Toronto, 1984), 175.— Isobel McFadden, Living by bells : a narrative of five schools in British Columbia, 1874–1970 ([Toronto ?], 1971 ; exemplaire aux EUC-C), 3.— Missionary Outlook (Toronto), 14 (1896)–21 (1902), particulièrement 17 (1899) : 190, 263 ; 18 (1900) : 166.— Wendy Mitchinson, « Canadian women and church missionary societies in the nineteenth century : a step towards independence », Atlantis (Wolfville, N.-É.), 2 (1977), no 2 : 61.— Mme W. E. [Elizabeth] Ross, « In affectionate remembrance of Miss Lavinia Clarke », Missionary Outlook, 24 (1905) : 284s.

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Megan B. Davies, « CLARKE, LAVINIA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/clarke_lavinia_13F.html.

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Auteur de l'article:    Megan B. Davies
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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