CLINTON, GEORGE, officier de la marine royale, gouverneur de Terre-Neuve et de la colonie de New York, né vers 1686 dans l’Oxfordshire en Angleterre, second fils de Francis Rennes Clinton, 6e comte de Lincoln, et de Susan Penniston ; il épousa Anne Carle qui lui donna six enfants, dont trois atteignirent l’âge adulte ; décédé en Angleterre le 10 juillet 1761.

George Clinton entra dans la marine en 1707 et devint capitaine en 1716. il reçut son premier commandement d’importance en 1731, lorsqu’il fut nommé gouverneur de Terre-Neuve et commodore des navires envoyés à cet endroit, devenant le premier officier à occuper ces deux postes. Clinton reçut l’ordre de surveiller la conduite des magistrats locaux nommés depuis peu [V. William Keen] et, de façon générale, il les soutint dans leurs litiges juridictionnels contre les amiraux de la flotte de pêche. Il veilla, cependant, à ce qu’ils n’outrepassent pas leurs pouvoirs, en tentant par exemple de taxer les salaires des ouvriers locaux pour aider à défrayer le coût de la prison construite à St John’s. Même si les amiraux s’opposèrent à son autorité, Clinton se révéla un efficace et diligent administrateur du gouvernement civil établi par ses prédécesseurs, lord Vere Beauclerk et Henry Osborn*. En 1732, Edward Falkingham lui succéda au poste de gouverneur.

En 1737, alors qu’il était encore capitaine, il devint commodore de la flotte de la Méditerranée. Il fut l’un des commandants de l’escadre qui fut formée en 1740 pour aller servir dans les Antilles, mais il obtint d’être dégagé de ce poste indésirable. Clinton avait à ce moment accumulé de nombreuses dettes. Ayant sollicité du duc de Newcastle un emploi plus rémunérateur, il fut nommé gouverneur de la colonie de New York en 1741, quoiqu’il n’y parvint pas avant septembre 1743.

Après l’ouverture des hostilités entre la France et l’Angleterre, en 1744, le gouverneur Clinton entreprit de protéger la frontière nord de la colonie de New York et de participer à la lutte contre les Français. Il soutint fermement les expéditions contre la garnison française du fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.) et recommanda que des troupes de New York soient envoyées au siège de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), en 1745. Cependant, son assemblée refusa de lever des troupes pour toute offensive, quelle qu’elle fût, et, finalement, seule l’artillerie fut envoyée à Louisbourg. Plusieurs membres de l’assemblée qui étaient marchands désiraient protéger un commerce profitable avec les Français de Montréal et avec les Indiens qui se trouvaient sous l’influence française. Ils s’opposèrent donc également à la proposition de Clinton d’envoyer de l’aide aux Indiens des Six-Nations pour obtenir leur appui contre les Français, puisque leur neutralité était nécessaire au maintien du commerce. Cependant, entouré de ses représentants, il tint plusieurs assemblées avec les Six-Nations, et, à partir de 1746, le colonel William Johnson*, à titre de représentant de Clinton, s’appliqua à maintenir la participation des Indiens à la guerre.

En 1746, Clinton et les autres gouverneurs coloniaux reçurent d’Angleterre l’ordre de mobiliser des volontaires pour une expédition contre le Canada. On recruta environ 1 400 hommes dans la colonie de New York, et en 1746–1747 l’assemblée vota des fonds pour défrayer le coût initial de l’expédition. Cependant, plusieurs membres de l’assemblée n’acceptaient pas encore l’attitude favorable de Clinton par rapport à la guerre ; sa position cessa d’être enviable lorsqu’on abandonna cette expédition d’envergure et fort coûteuse. C’est la faction dirigée par James DeLancey qui s’opposa le plus farouchement à Clinton. D’abord l’allié de Clinton, qui l’avait nommé juge en chef de la Cour suprême, DeLancey était devenu, à partir de 1746, son fougueux adversaire. Nommé lieutenant-gouverneur de la colonie en 1747, DeLancey vit sa position se raffermir. À la recherche de nouveaux alliés, Clinton confia la direction des affaires indiennes à William Johnson et consulta Cadwallader Colden, un conseiller d’expérience, en matière de politique. Après la guerre, sur l’avis du gouverneur du Massachusetts, William Shirley, il tenta de retrouver son autorité et d’affermir ses liens avec l’assemblée, mais les forces de DeLancey maintinrent leur suprématie. Clinton implora l’aide du Board of Trade et demanda à être relevé de ses fonctions, sa santé commençant à décliner. Il conseilla également au Board of Trade de faire en sorte à l’avenir que les salaires des gouverneurs de la couronne ne relèvent plus des législatures coloniales. En 1753, il fut finalement remplacé par sir Danvers Osborn.

Dans l’ensemble, Clinton semble avoir été dépourvu du tempérament, de l’expérience et de l’habileté politique dont il aurait eu besoin pour manier les astucieux politiciens de New York groupés en factions. II travailla assidûment à exécuter ses mandats, mais le Board of Trade fit tous les efforts pour l’empêcher de maintenir l’autorité royale face à l’opposition de son assemblée. Il connut son seul succès dans le domaine des affaires indiennes, où, en concluant une alliance avec les Six-Nations, il jeta la base d’un accord anglo-iroquois permanent qui survécut même à la guerre de l’Indépendance américaine.

Clinton reçut plusieurs promotions dans la marine royale alors qu’il occupait le poste de gouverneur de New York ; il fut promu amiral en 1747, même s’il ne devait jamais plus servir en mer. Sa fortune semble avoir été modeste au moment où il retourna en Angleterre et il connut des problèmes financiers tout le reste de sa vie. Il fut élu député de la circonscription de Saltash au Parlement en 1754 et devint amiral de la flotte en 1757. En vain il avait demandé une pension à Newcastle avant sa mort survenue en juillet 1761, alors qu’il était âgé de 75 ans.

La fille de Clinton, Lucy Mary, épousa le capitaine Robert Roddam qui sera plus tard amiral ; son fils, sir Henry Clinton, fut commandant des forces britanniques en Amérique du Nord durant une partie de la Révolution américaine.

Dennis F. Walle

Plusieurs lettres de George Clinton sont conservées à la Clements Library. V. : Guide to the manuscript collections in the William L. Clements Library, H. H. Peckham, comp. (Ann Arbor, Mich., 1942) ; 2e éd., W. S. Ewing, comp. (Ann Arbor, 1953).

BM, Add. mss, 32 856, f.225.— Johnson papers (Sullivan et al.), I, IX.— NYCD (O’Callaghan et Fernow).— PRO, Acts of P. C., Col., 1720–45 ; CSP, Col., 1731 ; JTP. 1728/29–1731, 1741/42–1749, 1749/50–1753.— William Smith, The history of the late province of New-York, from its discovery, to the appointment of Governor Colden, in 1762 (2 vol., New York, 1830), II : 82181.— Peter Wraxall, An abridgement of the Indian affairs contained in four folio volumes, transacted in the colony of New York, from the year 1678 to the year 1751, C. H. McIlwain, édit. (« Harvard historical studies », XXI, Cambridge, Mass., 1915), 231251.— Charnock, Biographia navalis, IV.— Arthur Collins, The peerage of England (5e éd., 8 vol., Londres, 1779), II : 275278.— DAB.— The history of parliament : the House of Commons 1754–1790, Lewis Namier et John Brooke, édit. (3 vol., Londres, 1964), II : 222.— P. U. Bonomi, A factious people ; politics and society in colonial New York (New York, 1971), 150s., 153157.— S. N. Katz, Newcastles New York ; Anglo-American politics, 17321753 (Cambridge, Mass., 1968), 3335, 179.— M. M. Klein, William Livingston’s A review of the military operations in North-America, The colonial legacy, L. H. Leder, édit. (2 vol., New York, 1971), II : 109113.— L. W. Labaree, Royal government in America : a study of the British colonial system before 1783 (New Haven, Conn., 1930), 286293.— Lounsbury, British fishery in Nfld.— W. B. Willcox, Portrait of a general : Sir Henry Clinton in the War of Independence (New York, 1964), 313.

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Dennis F. Walle, « CLINTON, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/clinton_george_3F.html.

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Année de la publication:    1974
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