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COTTON, WILLIAM LAWSON, rédacteur en chef et éditeur, né le 23 juillet 1848 à New London, Île-du-Prince-Édouard, fils aîné de Richard Cotton, prédicateur de l’Église Bible Christian, et de Maria Lawson ; le 17 juin 1874, il épousa à Charlottetown Margaret Ellin Harris, et ils eurent quatre filles, dont une mourut bébé, et quatre fils ; décédé dans cette ville le 31 mars 1928.

À l’âge de 16 ans, William Lawson Cotton quitta l’école de New London pour aller, à Charlottetown, s’initier au monde de l’imprimerie et du journalisme sous la direction de John Ings, rédacteur en chef de l’Islander. Au début des années 1870, il travailla deux ans à Halifax comme reporter au Halifax Citizen d’Edmund Mortimer McDonald*, puis retourna à Charlottetown, où il devint en juin 1873 rédacteur en chef et administrateur de l’Examiner, propriété de Jedediah Slason Carvell*. Deux ans plus tard, il acheta ce journal. En 1877, il le transforma en quotidien, le premier de l’Île-du-Prince-Édouard. Son geste était audacieux, mais l’optimisme régnait à Charlottetown, comme en témoignait la construction de vastes demeures et d’édifices publics. Cette période faste ne dura pas, mais l’Examiner, si, et le Patriot, son plus sérieux rival, devint à son tour un quotidien en 1881. Au moins jusqu’en 1901, Cotton continua de publier aussi une édition hebdomadaire. En 1922, l’Examiner fut absorbé par le Charlottetown Guardian, avec lequel il avait fusionné en 1915, et Cotton prit sa retraite après l’avoir dirigé durant 49 ans. Cependant, il resta au Guardian en tant que chroniqueur et membre du comité de rédaction. Ses chroniques, consacrées le plus souvent à l’histoire de l’île, parurent en 1927 sous la forme d’un recueil intitulé Chapters in our Island story.

Lorsqu’il avait assumé le poste de rédacteur en chef de l’Examiner, en 1873, Cotton avait perpétué la tradition établie par le fondateur du journal, Edward Whelan*, en prenant position pour l’entrée de l’Île-du-Prince-Édouard dans la Confédération. Un mois après son entrée en fonction, la colonie avait acquis le statut de province canadienne. Durant une quarantaine d’années, l’Examiner fut le seul journal conservateur de Charlottetown. Cotton lui-même fut conservateur toute sa vie, mais, selon ce que déclara le Guardian au moment de son décès, il sut garder « un esprit d’indépendance qui l’amenait par moments à se rebiffer contre la discipline de parti ». On aurait d’ailleurs tort de le considérer comme un réactionnaire. Les premiers temps, dans ses éditoriaux, il prôna l’instruction gratuite et la réforme agraire, et il affirma la nécessité de construire le Prince Edward Island Railway « de Georgetown à Cascumpec » et de doter Charlottetown d’un réseau moderne d’égout et de distribution d’eau. Vers 1880, la qualité de l’information et des commentaires parus dans l’Examiner commença à baisser, mais Cotton continua, à l’occasion, d’afficher ses opinions. Par exemple, au moment où l’automobile suscitait encore la controverse, il pressa les insulaires d’accepter ce moyen de transport, banni de la voie publique par une loi provinciale de 1908 qui demeurerait en vigueur jusqu’en 1913, année où les véhicules à moteur seraient autorisés à circuler le lundi, le mercredi et le jeudi. En outre, ses articles sur les questions agricoles étaient bien documentés – chose essentielle pour un rédacteur en chef dans la province-jardin – et les comptes rendus de ses voyages (il en fit plusieurs, notamment dans l’Ouest et en Grande-Bretagne en 1922 avec sa femme, Margaret Ellin Harris) fourmillaient de détails sur les lieux et les gens.

Durant de nombreuses années, Cotton présida le conseil d’administration de la cathédrale anglicane St Peter de Charlottetown. Forme inhabituelle de gouvernement ecclésiastique, ce conseil avait été mis en place pour préserver le caractère anglo-catholique de St Peter lorsque, en 1879, l’évêque de la Nouvelle-Écosse, Hibbert Binney*, dont l’autorité s’étendait sur l’île, en avait fait la cathédrale anglicane de l’ÎIe-du-Prince-Édouard. Le mariage de Cotton avait été le deuxième célébré à St Peter après que cette église fut devenue une succursale de l’église paroissiale St Paul en 1869. Par ailleurs, Cotton fut, pendant de longues années, secrétaire-trésorier de la Children’s Aid Society de l’île.

D’humeur égale, Cotton (qui, incidemment, avait les cheveux sombres et la barbe fournie) était marié à une femme très à cheval sur les convenances pour son mari et leurs nombreux enfants. Toutefois, il y avait une pièce de la maison sur laquelle elle ne régnait pas, une pièce sans chauffage où Cotton se retranchait l’été et, bien emmitouflé, l’hiver.

William Lawson Cotton mourut en 1928 ; Margaret Ellin Harris, en 1944. Par la suite, on installa un vitrail à leur mémoire en la chapelle All Souls de la cathédrale St Peter, le chef-d’œuvre créé par deux des frères de Mme Cotton, l’architecte William Critchlow Harris* et le peintre Robert Harris*. Fabriqué par la firme de William Morris à Westminster (Londres) d’après des cartons de Frederick W. Cole, ce vitrail est l’un des plus beaux du genre à l’Île-du-Prince-Édouard. Il représente le Christ-Roi sur la Croix. Des portraits importants du couple, peints par Robert Harris, appartiennent à la collection permanente du Centre de la Confédération galerie d’art et musée de Charlottetown et font souvent partie des expositions de cette galerie.

Robert Critchlow Tuck

L’information sur la famille nous a été gracieusement fournie par Frederick E. Hyndman, de Charlottetown, un des petits-fils de William Lawson Cotton et Margaret Ellin Harris. [R. C. T.]

PARO, P.E.I. Geneal. Soc. coll., family files, Cotton family, contemporary obit. notices and tributes.— Charlottetown Guardian, 1922–1928.— Examiner (Charlottetown), 1875–1922.— Canadian annual rev., 1913.— The Island family Harris : letters of an immigrant family in British North America, 1856–1866, R. C. Tuck, édit. (Charlottetown, 1983).— PARO, « Checklist and historical directory of Prince Edward Island newspapers, 1787–1986 », Heather Boylan, compil. (Charlottetown, 1987).— Deborah Stewart, « The Island meets the auto », Island Magazine (Charlottetown), nº 5 (automne-hiver 1978) : 9–14.

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Robert Critchlow Tuck, « COTTON, WILLIAM LAWSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cotton_william_lawson_15F.html.

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Auteur de l'article:    Robert Critchlow Tuck
Titre de l'article:    COTTON, WILLIAM LAWSON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    5 déc. 2024