Titre original :  Dulongpré, Louis, 1754-1843, La mère Thérèse Geneviève Coutlée, huile/oil, 30

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COUTLÉE, THÉRÈSE-GENEVIÈVE, supérieure des Sœurs de la charité de l’Hôpital Général de Montréal, née le 23 novembre 1742 à Montréal, fille aînée de Louis Coutlée (Coutelais), dit Marcheterre, journalier, et de Geneviève Labrosse ; décédée le 17 juillet 1821 à l’Hôpital Général de Montréal.

Lors de son entrée à l’Hôpital Général de Montréal le 14 octobre 1762, Thérèse-Geneviève Coutlée possédait une instruction enviable pour une jeune fille de l’époque. Mme d’Youville [Dufrost*] remarqua vite les qualités intellectuelles de cette aspirante particulièrement douée. Aussi, peu après sa profession le 24 octobre 1764, Mme d’Youville l’initia aux affaires de la maison en lui confiant le poste d’aide-économe. La jeune professe ne tarda guère à être mise à l’épreuve car, le 18 mai 1765, un incendie ravagea de fond en comble l’Hôpital Général. Les malades et les religieuses trouvèrent asile à l’Hôtel-Dieu ou à la ferme de Pointe-Saint-Charles (Montréal). Pourvoir aux besoins des pauvres dès lors dispersés et avoir l’œil aux travaux de reconstruction de la maison s’avérèrent pour sœur Coutlée un défi qu’elle surmonta à la satisfaction de tous. Le 9 juin 1792, trois jours après la mort de la supérieure, Marguerite-Thérèse Lemoine* Despins, sœur Coutlée fut élue pour la remplacer. Toutefois, elle fut atterrée devant la charge et versa beaucoup de larmes.

Très attentive aux besoins des pauvres, dont le nombre augmentait plus vite que les ressources, mère Coutlée, comme ses devancières, s’employa à recouvrer les rentes que l’hôpital avait en France et dont la dévaluation fut si néfaste aux communautés canadiennes. Mais elle devait mourir avant que l’Hôpital Général ne puisse retirer quelque somme que ce soit, accusant ainsi de lourdes pertes. Dans le but de parer à des revenus insuffisants, mère Coutlée loua par bail emphytéotique une partie du terrain avoisinant l’hôpital, puis elle mit sur pied ou réorganisa des ateliers : broderie, ornements liturgiques, bougies, pain d’autel, ouvrages en cire, reliure, dorure. La supérieure participa elle-même à ces travaux, et c’est avec un ouvrage de broderie à la main que le peintre Louis Dulongpré* allait choisir de la représenter. Cette participation aux tâches était fort appréciée et contribuait à soutenir le courage des ouvrières. C’est au cours du mandat de mère Coutlée que les religieuses cessèrent de travailler aux champs ; la frugalité de la nourriture et l’ampleur des autres tâches rendaient cette mesure nécessaire.

La situation financière de l’établissement demeurait toujours des plus précaires en dépit des dons de plusieurs bienfaiteurs : Mgr Pierre Denaut*, les messieurs du séminaire de Saint-Sulpice, les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame et de l’Hôtel-Dieu. En 1795, mère Coutlée demanda conseil à Mgr Jean-François Hubert* en vue de louer deux terres, l’une à Pointe-Saint-Charles et l’autre sur la côte à Baron. Elle songea même à vendre la seigneurie de Châteauguay « si ces marchés [pouvaient] être profitables aux pauvres ». Mgr Hubert ne désapprouva que le prix trop modique de la location. Par bonheur, en 1801, la chambre d’Assemblée s’engagea à secourir au moyen d’une subvention annuelle l’œuvre des aliénés et celle des enfants trouvés. Il va sans dire que ces sommes aidèrent à asseoir plus solidement la situation financière de l’hôpital, mais les soucis de mère Coutlée ne cessèrent pas pour autant. Trop de jeunes sœurs mouraient alors que les ouvrières manquaient à la tâche. En vue d’améliorer la situation, mère Coutlée organisa une infirmerie en 1804, où les sœurs malades furent désormais mieux soignées.

Au milieu des luttes opiniâtres pour défendre les intérêts des défavorisés, mère Coutlée fêta le cinquantenaire de sa profession religieuse en 1814, événement inoubliable puisque c’était la première fois qu’un jubilé se célébrait dans la communauté. Ce fut toutefois une courte halte entre deux batailles. Quelle ne fut pas la surprise de la supérieure, en 1818, d’apprendre que la chambre d’Assemblée avait voté 2 000 louis pour bâtir sur le terrain de l’Hôpital Général des loges destinées à héberger des aliénés. Les religieuses pouvaient à peine soutenir les œuvres existantes, mais l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis, leur conseilla de ne pas refuser la subvention offerte par l’Assemblée et de l’utiliser pour combler les urgences financières quant aux soins des enfants abandonnés et des aliénés [V. George Selby]. La même année, la ville de Montréal envisagea de prolonger la rue Saint-Pierre jusqu’au fleuve, ce qui séparerait la maison en deux parties. Après avoir éclairci la question, la supérieure reçut de nouveau les conseils et le soutien de l’autorité épiscopale dans la défense des intérêts des malheureux. De plus, Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, membre du Conseil législatif, considéra comme un honneur de se porter défenseur de cette cause. Finalement, la direction de l’Hôpital Général abandonna l’œuvre des aliénés en 1844 parce qu’elle ne pouvait plus loger adéquatement les patients.

Le 17 juillet 1821, mère Coutlée mourut en recommandant à ses sœurs le précepte de la charité après l’avoir recueilli elle-même au chevet de Mme d’Youville.

Laurette Duclos

Arch. des Sœurs Grises (Montréal), Aliénés, historique ; Ancien journal, I ; Dossier de sœur Thérèse-Geneviève Coutlée ; Maison mère, Historique ; Musée ; Mémoire de sœur Julie Casgrain-Baby ; Reg. des baptêmes et sépultures de l’Hôpital Général de Montréal ; Reg. des minutes du Conseil général ; Reg. des recettes et dépenses de l’Hôpital Général de Montréal.— Allaire, Dictionnaire, 1. Gérard Brassard, Armorial des évêques du Canada [...] (Montréal, 1940).— Gauthier, Sulpitiana. [É.-M. Faillon], Vie de Mme d’Youville, fondatrice des Sœurs de la charité de Villemarie dans l’île de Montréal, en Canada (Villemarie [Montréal], 1852).— [Albina Fauteux et Clémentine Drouin], l’Hôpital Général de Sœurs de la charité (Sœurs Grises) depuis sa fondation jusqu’à nos jours (3 vol. parus, Montréal, 1916–  ).

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Laurette Duclos, « COUTLÉE, THÉRÈSE-GENEVIÈVE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/coutlee_therese_genevieve_6F.html.

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Auteur de l'article:    Laurette Duclos
Titre de l'article:    COUTLÉE, THÉRÈSE-GENEVIÈVE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    7 nov. 2024