DAVISON (Davidson), GEORGE, entrepreneur, fonctionnaire et agriculteur, fils d’Alexander Davison, fermier prospère, et de Dorothy Neal, de Kirknewton, Northumberland, Angleterre, décédé à Londres le 21 février 1799.

George Davison vint pour la première fois au Canada vers 1773 et, au début des années 1780, il avait accumulé des terres couvrant une grande étendue dans la seigneurie de Rivière-du-Loup (près de Trois-Rivières), grâce surtout à des transactions d’un frère plus âgé, Alexander. Juge de paix en 1780, Davison fut nommé au Conseil législatif en 1783, à titre de protégé du gouverneur Haldimand, qui était, avec le duc de Northumberland et Evan Nepean, sous-secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur, son plus important ami politique. Il s’absentait souvent des séances du conseil et il fit peu d’interventions importantes lorsqu’il était présent ; il votait généralement avec le French party, par loyauté envers son protecteur et conformément à ses propres conceptions, – profondément traditionalistes. Il s’opposa à l’introduction du jugement par jury, que favorisaient le lieutenant-gouverneur Henry Hamilton et ses partisans, sous prétexte que, « dans toutes les petites communautés aussi bien que dans celle-ci, il se trouv[ait] nécessairement, à un certain degré, des liens divers ou des relations de dépendance, soit par intérêt, alliances ou amitié, qui plaid[ai]ent fortement contre l’impartialité du jugement par jury ».

Pendant son séjour au Canada, Davison accumula une belle fortune, en grande partie grâce au favoritisme gouvernemental et à des affaires dont son frère Alexander prit l’initiative et assuma les risques. En 1786, les deux frères, associés à François Baby*, obtinrent la ferme du Domaine du roi pour une période de 16 ans. Du même coup, ils acquirent le monopole de la traite des fourrures et des pêcheries sur la rive nord du bas Saint-Laurent, un des plus friands morceaux que pouvait offrir le favoritisme gouvernemental, puisqu’il était presque sans risque pour les fermiers, qu’il n’exigeait pour ainsi dire aucune habileté administrative particulière et que son rendement annuel était d’au moins £2 500. Ce bail avait été détenu par William Grant* (1744–1805) et Thomas Dunn*, alliés politiques, au sein du « parti des bureaucrates » ou « parti anglais », du lieutenant-gouverneur Hamilton, qui avait, en 1785, causé un scandale en le renouvelant en leur faveur, bien que ce ne fût un secret pour presque personne qu’il devait recevoir sous peu, de Londres, l’ordre d’accorder le bail aux Davison. Les frères connurent leur triomphe en 1786, malgré le remplacement de leur ami Haldimand par le peu sympathique lord Dorchester [Carleton*].

George Davison se trouvait à Londres, en 1787, au moment où le receveur général sir Thomas Mills le nomma son représentant pour une période de cinq ans. La position promettant d’être lucrative, il se hâta de regagner Québec au mois d’août. Il fut déçu, cependant, car sir Thomas, gêné financièrement, le démit de ses fonctions en moins de deux mois. Sir Thomas lui-même fut bientôt évincé, mais, malgré l’appui de lord Lovaine, un parent du duc de Northumberland, Davison ne put s’assurer le poste de receveur général. Avec deux associés, David Monro* et Mathew Bell*, Davison obtint de son frère, en 1793, le bail des forges du Saint-Maurice. Ces forges, propriété de la couronne, se révélèrent fort lucratives sous la direction de Bell, qui s’occupait de la plupart des affaires de Davison au Canada.

En 1791, Davison rentra en Angleterre et resta à Londres jusqu’à sa mort, si l’on excepte une courte visite au Bas-Canada. Il continua cependant de tirer des revenus du Canada et de s’intéresser aux affaires canadiennes. Son frère était agent pourvoyeur des forces britanniques en Amérique du Nord, et George l’assistait, en entretenant, en particulier, une correspondance avec le gouverneur Simcoe*, du Haut-Canada. Pendant qu’Alexander donnait toute son attention aux guerres continentales et aux énormes fortunes que pouvaient faire les fournisseurs des armées, son frère cadet prenait entièrement charge du marché canadien, obtenant en 1794 un contrat pour la fourniture de 855 012 livres de farine et de 6 000 boisseaux de pois aux armées de Sa Majesté. Ces achats furent faits par ses agents au Canada et rapportèrent à Davison une commission de 5 p. cent.

Tout au long des 20 dernières années de sa vie, George Davison souffrit d’une maladie chronique ; il avait dû invoquer son piètre état de santé pour excuser ses fréquents voyages en Angleterre. Néanmoins, il était toujours prêt à retourner au Canada quand une occasion de profit se présentait. De 1788 à 1793, il traversa l’Atlantique pas moins de huit fois et il ne quitta la province pour de bon que lorsqu’un réalignement des forces politiques eut diminué l’influence de ses protecteurs. La carrière de Davison, partant, n’apparaît pas comme celle d’un homme fortement attaché au Canada.

Bien que les affaires et la politique eussent rempli une bonne partie du temps de Davison, spécialement dans ses dernières années, il resta toujours beaucoup plus intéressé à l’agriculture qu’à toute autre activité. Son lieu de résidence favori, dans les années 1780, était sa propriété de 400 acres, Lanton Farm, située près de Saint-Antoine-de-la-Rivière-du-Loup (Louiseville), où il entretenait une nombreuse domesticité. Il se considérait comme un innovateur dans le domaine de l’agriculture et un modèle pour ses voisins canadiens. Ses fermes étaient gérées par des Anglais qui avaient recours aux plus récentes améliorations mises au point en Grande-Bretagne ou en Europe continentale. Lanton Farm possédait une batteuse (c’était encore une nouveauté dans plusieurs parties de l’Angleterre) et, apparemment, avait un rendement exceptionnellement élevé en blé de bonne qualité. Davison était propriétaire ou locataire d’au moins trois moulins, dont l’un assez important, situés à Saint-Antoine-de-la-Rivière-du-Loup et à Sainte-Anne-d’Yamachiche (Yamachiche), de même que d’un grand nombre de censives éparpillées dans toute la région.

Son intérêt pour l’agriculture, Davison ne le limitait pas à l’exploitation de ses propres terres. Il présida un comité du Conseil législatif sur la culture du chanvre. Par la suite, quand la Société d’agriculture de Québec fut constituée, en 1789, il fut élu au bureau de direction, dont il fut de loin le membre le plus actif pendant les premiers mois de l’existence de cette société. Il prit des mesures pour faire venir d’outre-mer des graines de semence et il accepta que l’on fît des expériences, avec du blé, sur ses terres. En moins d’un an, toutefois, son intérêt décrut, et la Société d’agriculture, par la suite, perdit de son importance. Il reste que c’est dans le domaine de l’agriculture plus qu’en tout autre que George Davison apparaît comme un citoyen indépendant et soucieux du bien public.

Allan Greer

Les deux courts articles biographiques consacrés à George Davison, Turcotte, le Cons. législatif, 43s., et Charles Drisard, « L’honorable George Davidson », l’Écho de Saint-Justin (Louiseville, Québec), 7 juin 1934, 1, se révèlent incohérents et criblés d’erreurs. [a. g.]

On trouve des renseignements épars sur George Davison dans un grand nombre de sources, la plupart manuscrites : ANQ-MBF, Greffe de Joseph Badeaux, 8 janv. 1800 ; Greffe de Benoit Le Roy, 17 sept. 1791, 12 oct. 1793.— ANQ-Q, AP-G-323.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 25, pp.264–294 ; 49, pp.36–41 ; 74/2, pp.291–305 ; MG 23, HI, 1, sér. 3, 2, p.63 ; 3, pp.206s., 220s., 234, 275s., 284–286 ; 4, pp.105s., 281–283 ; 5, pp.3–5, 139s. ; RG 14, A1, 2–8.— BL, Add. mss 21 715, 17 juill. 1782 ; 21 717, 12 juin 1783 ; 21 718, 25 oct. 1784 ; 21 723, 4 mars 1783 ; 21 727, 16 juill. 1782 ; 21 735/2, 1er mars 1784 (copies aux APC).— APC Rapport, 1889, passim. [Joseph Hadfield], An Englishman in America, 1785, being the diary of Joseph Hadfield, D. S. Robertson, édit. (Toronto, 1933), 163s.-[Robert Hunter], Quebec to Carolina in 1785–1786 ; being the travel diary and observations of Robert Hunter, Jr., a young merchant of London, L. B. Wright et Marion Tinling, édit. (San Marino, Calif., 1943), 27s.— La Gazette de Québec, 5 juin, 18 déc. 1783, 27 oct. 1785, 30 août, 6 sept. 1787, 11 déc. 1788, 23 avril 1789, 25 mars 1790, 5 mai, 20 oct. 1791, 11 juill. 1793, 11 juin 1795, 2 août 1798, 21 août, 4 déc. 1800, 25 août 1803.

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Allan Greer, « DAVISON (Davidson), GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/davison_george_4F.html.

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Auteur de l'article:    Allan Greer
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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