DeGAUGREBEN (Gaugreben, Gaugräbe), FRIEDRICH (Frederick), officier et ingénieur militaire, né vers 1777, apparemment en Allemagne ; décédé le 6 janvier 1822 à Cassel (République fédérale d’Allemagne).

On sait peu de chose de la vie de Friedrich DeGaugreben, si ce n’est qu’il fit son service militaire dans l’armée britannique. Il était catholique, et il devint lieutenant en second dans le corps de génie de la King’s German Legion le 14 novembre 1809, sans doute après avoir acquis les principes de base du génie militaire. Le 22 février 1811, il fut promu lieutenant et passa l’année dans l’île de Jersey. À la mi-octobre de l’année suivante, il arriva à Québec avec les renforts destinés aux troupes du Canada, ce qui était une affectation inhabituelle puisque la King’s German Legion servait en Europe. DeGaugreben se rendit peu après dans le Haut-Canada et, au début de 1813, il se trouvait à Prescott, où le lieutenant-colonel Ralph Henry Bruyeres*, ingénieur en chef du Haut et du Bas-Canada, lui avait ordonné de bâtir une casemate. Christopher Alexander Hagerman* passa par là en novembre et nota que le fort Wellington, nom qu’on avait donné à l’ouvrage, consistait en « un remblai de terre très haut érigé autour d’une casemate solide, qu’on disait à l’épreuve des bombes ». Il affirma également que le fort avait été « très mal construit » par DeGaugreben et qu’il « se délabr[ait] très rapidement ». Les tâches de DeGaugreben ne se limitaient pas à la construction. Le 22 février 1813, son officier commandant, l’énergique lieutenant-colonel George Richard John Macdonell*, lança une attaque contre Ogdensburg, dans l’état de New York, et DeGaugreben eut la responsabilité d’un canon de campagne ; il reçut les éloges de Macdonell pour sa conduite.

À la fin de cette année-là, DeGaugreben se trouvait à la frontière du Niagara où, le 19 décembre, il accompagna les troupes qui attaquèrent victorieusement le fort Niagara (près de Youngstown, New York). Il resta au fort pour en améliorer la défense. Toutefois, dès mars 1814, le major général Phineas Riall*, commandant à la frontière, se plaignait au lieutenant général Gordon Drummond* en ces termes : « je n’aurai rien de fait si [DeGaugreben] continue à diriger le service [du génie] ici ». L’inactivité de DeGaugreben semble avoir été causée par une ophtalmie ; en avril, Drummond le renvoya donc à Prescott, poste moins exigeant. DeGaugreben y demeura jusqu’à la fin de la guerre. Il semble qu’il n’était pas très aimé des habitants de la région, qui se rappelaient avec amertume la manière soi-disant dure dont il avait traité les fermiers afin d’acheter de force des vivres pour l’armée, lors de la proclamation de la loi martiale par le major-général Francis de Rottenburg, en novembre 1813.

Au milieu de l’année 1815, DeGaugreben se trouvait au Bas-Canada à titre d’ingénieur en chef du district de Montréal. À cette époque, il rédigea deux mémoires sur la défense du Canada à l’intention de l’inspecteur général des fortifications du Board of Ordnance, le lieutenant général Gother Mann. Dans l’un de ses mémoires, il suggéra de construire un canal qui relierait la rivière des Outaouais au lac Ontario. Il est toutefois probable que la première personne à avoir eu cette idée ait été Macdonell, qui voyait ce canal comme un moyen plus permanent d’assurer les communications militaires du Haut-Canada. DeGaugreben aurait donné apparemment des conseils techniques concernant les routes et les plans, mais il n’existe aucune preuve étayant les arguments selon lesquels l’idée du canal était la sienne. D’ailleurs, il n’accompagna pas Macdonell et Reuben Sherwood, capitaine du service des renseignements, au cours des levés initiaux. Néanmoins, en janvier 1815, après que les autorités militaires eurent décidé de réaliser le plan de Macdonell, Rottenburg ordonna à DeGaugreben (promu capitaine en second le 5 mars 1814) de faire les levés préliminaires pour la construction d’un canal à Lachine, qui serait la première partie d’une voie militaire navigable vers le lac Ontario. Le général se plaignit que DeGaugreben en faisait trop peu mais, dès le mois de mai, ce dernier avait dessiné et soumis les premiers plans détaillés d’une partie du futur système de canaux le long de la rivière des Outaouais et de la rivière Rideau [ V. John By*]. Si DeGaugreben en fit moins qu’on ne l’espérait, ce fut peut-être parce que, pour lui, la construction du canal de Lachine ne correspondait à aucun besoin militaire, et peut-être aussi parce que les quelques ingénieurs du Haut et du Bas-Canada étaient surchargés de travail à cause de leurs fonctions dans d’autres services, comme DeGaugreben et les capitaines Samuel Romilly et Matthew Charles Dixon le firent remarquer à Mann en juin. Leurs plaintes aidèrent à convaincre le duc de Wellington, maître général du Board of Ordnance, de réorganiser le service du génie. Une fois qu’on eut apporté les réformes nécessaires, les officiers du génie menèrent à bien de nombreux projets et rendirent de grands services aux colons du Haut et du Bas-Canada.

Quant à Friedrich DeGaugreben, il quitta Québec à la fin de 1815. En décembre, on ordonna le licenciement de la King’s German Legion et, en avril 1817, on rapporta que DeGaugreben avait atteint Hanovre (République fédérale d’Allemagne) et qu’il avait été mis à la demi-solde. Contrairement à beaucoup de ses compagnons d’armes, DeGaugreben ne rejoignit pas l’armée hanovrienne qui venait d’être créée. On ne sait rien de sa carrière jusqu’à sa mort.

George Karl Raudzens

APC, RG 8, 1 (C sér.), 38.— PRO, WO 17/1516–1519 ; WO 55/860.— Select British docs. of War of 1812 (Wood), 2 : 64 ; 3, pi. 1 : 98.— Montreal Gazette, suppl., 26 févr. 1813.— N. L. Beamish, History of the King’s German Legion (2 vol., Londres, 1832–1837), 2 : 531.— G. [K.] Raudzens, The British Ordnance Department and Canada’s canals, 1815–1855 (Waterloo, Ontario, 1979), 20–25.— B. H. Schwertfeger, Geschichte der Königlich Deutschen Legion, 1803–1816 (2 vol., Hanover, République fédérale d’Allemagne, 1907).— G. [K.] Raudzens, « Red George » Macdonell, military saviour of Upper Canada ? », OH, 62 (1970) : 199–212.

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George Karl Raudzens, « DeGAUGREBEN (Gaugreben, Gaugräbe), FRIEDRICH (Frederick) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/degaugreben_friedrich_6F.html.

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Titre de l'article:    DeGAUGREBEN (Gaugreben, Gaugräbe), FRIEDRICH (Frederick)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    9 nov. 2024