EASTMAN, DANIEL WARD, ministre de l’Église presbytérienne, né le 2 septembre 1778 dans le canton de Goshen, New York, troisième enfant de Tilton Eastman et de Polly Owen ; épousa en premières noces, le 21 novembre 1800, Elizabeth Hopkins (décédée en 1844) qui donna naissance à neuf ou dix enfants, en deuxièmes noces, Mme Bridget Lowe (décédée en 1853) et en troisièmes noces, Margaret Hinton, née Merritt ; décédé le 4 août 1865 dans le canton de Grimsby (West Lincoln), Haut-Canada.

Daniel Ward Eastman connut une profonde crise religieuse à l’âge de 14 ans et devint chrétien pratiquant adhérant, semble-t-il, à l’Église presbytérienne ; il se croyait appelé par Dieu à devenir ministre. Il étudia à la Goshen Grammar School, au North Salem Seminary (Academy) et suivit probablement par la suite des cours privés en théologie. Le Morris County Associated Presbytery, au New Jersey, qui avait un penchant pour le congrégationalisme, donna à Eastman l’autorisation de prêcher, vraisemblablement en mars 1800. Celui-ci vint au Canada avec une caravane d’immigrants dirigée par son beau-père et il arriva à Beaver Dams, près de St Catharines, en juin 1801. C’est à cet endroit, au mois de juillet, qu’il prêcha pour la première fois au Canada. Peu après il se rendit à Stamford (aujourd’hui dans Niagara Falls) où il trouva une communauté écossaise qui disposait d’une église « petite mais convenable ». Eastman vécut à Stamford pendant un an, acheta 50 acres de « terre en friche » près de Beaver Dams et y construisit une petite maison en pièces de bois non équarries.

Ainsi débuta un ministère long et ardu, empreint de dévouement, qui lui mérita officieusement le titre de « père des Églises presbytériennes des districts de Niagara et de Gore ». En 1800, il y avait seulement quatre autres ministres de l’Église presbytérienne dans le Haut-Canada : John Béthune*, Jabez Couver*, John Ludwig Broeffle et Robert McDowall*. Étant donné l’absence de consistoire dans le Haut-Canada, Eastman fut ordonné à Palmyra (East Palmyra), New York, le 9 juin 1802 par l’Ontario Association (qui fusionna par la suite avec le consistoire de Geneva). L’ordination était obligatoire pour exercer toutes les charges inhérentes au ministère, y compris l’autorisation de célébrer les mariages.

Au cours de ses premières années dans le Haut-Canada, Eastman prêcha régulièrement à Drummondville (Niagara Falls), Stamford et Beaver Dams. Il visita également d’autres endroits entre Fort Erie et Ancaster, « allant porter la Bonne Nouvelle du salut aux colons isolés et solitaires, et prêchant la Parole aux auditeurs de bonne volonté, le long de la route et dans les établissements ». Plus tard, entre 1815 et 1819, il alla vers l’ouest aussi loin que Long Point et London. En 1804, Eastman reçut l’aide de John Burns pour parcourir la péninsule de Niagara et, en 1808, Lewis Williams vint lui prêter son concours ; un de ses fils qui se fit prédicateur laïque l’assista également par la suite dans son ministère. Eastman eut toujours à cœur d’établir des congrégations permanentes ; un groupement dont il avait la responsabilité dans la péninsule de Niagara en vint à prendre le nom des « sept églises de M. Eastman ». Au cours de la guerre de 1812, alors que les églises et les écoles étaient converties en casernes et en hôpitaux, Eastman donna beaucoup de son temps aux malades et aux blessés. De 1815 à 1819, il vécut à Barton (Hamilton) ; il alla par la suite s’installer dans une ferme qu’il possédait dans le canton de Grimsby où se trouvait une des sept églises qu’il avait bâties. Au cours de sa carrière ecclésiastique, Eastman célébra quelque 3 000 mariages, et les honoraires qu’il en retirait venaient augmenter ses émoluments dont la somme, pendant de nombreuses années, s’éleva rarement au-dessus de $50 par année, à laquelle venaient s’ajouter des paiements « en nature ».

Le premier consistoire à voir le jour dans le Haut-Canada, le Presbytery of the Canadas, fut mis sur pied en 1818 par des hommes opposés au « volontarisme » rigide, qui prônait la complète séparation de l’Église et de l’État. Eastman s’y joignit en 1820, l’année où le consistoire devint le Synod of the Canadas. Le synode fut dissous en 1825 et, en 1830, Eastman se joignit au consistoire qui lui succéda, l’United Presbytery of Upper Canada (devenu après 1831 l’United Synod of Upper Canada). Il s’en retira en 1833 pour fonder avec A. K. Buell de St Catharines et Edward Marsh de Hamilton le Niagara Presbytery, lequel ne s’affilia jamais à une juridiction plus haute.

L’insurrection de 1837 fut désastreuse pour le Niagara Presbytery qui comptait alors sept ou huit ministres, pour la plupart des Américains immigrés de fraîche date, et 25 églises. Certains de ces ministres qui avaient sympathisé avec les rebelles quittèrent le Canada ; des soupçons pesaient sur d’autres. La réputation d’Eastman ne fut pas attaquée et il se joignit à temps au United Synod pour participer, en 1840, à sa fusion avec l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse. Lors de la scission de 1844, il jeta son dévolu sur le groupe de l’Église libre (Free Church).

Une vision défaillante contraignit Eastman à prendre sa retraite aux environs de 1851 mais il continua de prêcher occasionnellement. Sa cécité devint totale vers 1856 et il mourut en 1865. Par son endurance et son courage, Eastman était de la trempe des vrais pionniers. Doué d’une voix puissante, il chantait fort agréablement et utilisait les hymnes avec beaucoup d’efficacité au cours des offices religieux. Un seul des sermons qu’il prononça subsiste encore aujourd’hui : bien qu’il ne soit pas l’œuvre d’un homme parvenu à maturité, puisqu’il date de 1800, il est construit de façon réfléchie et laisse transpercer l’influence du calvinisme modifié des disciples de Jonathan Edwards qui préconisaient la « générosité désintéressée ». Il laisse pressentir la prédication évangélique impétueuse et pourtant chaleureuse qui devait faire la réputation d’Eastman.

George L. Douglas

Presbyterian Church in Can. Archives (Toronto), D. W. Eastman, God is love (sermon, 1800) ; Harriet Hagar collection of Eastman papers.— UCA, H. S. McCollum, Presbyterian scrapbook, pp.140–142, 145s., 170–173, 175–180, 185–188 ; comprend les articles écrits par McCollum pour le Canada Presbyterian (Toronto), parmi lesquels le plus important est : Canadian Presbyterian history, no V : 19s. et nVII : 322–324 ; nouv. sér. II (1878–1879) ; Presbyterian Church of Can., Presbytery of Hamilton, Minutes, 1844–1857.— Can. Presbyterian Church, Home and Foreign Record (Toronto), V (1865–1866) : 26s.— Narrative of the origin of the churches and of the state of religion within the bounds of the « Niagara Presbytery » of Upper Canada (St Catharines, Ont., 1834).— Presbyterian Church of Can., Minutes of the Synod (Toronto), 1844–1861.— Presbyterian Church of Can. in Connection with the Church of Scot., Minutes of the Synod, 1831–1845 ; Acts and proc. of the Synod, 1846–1875.— United Presbytery of Upper Canada, Minutes, 18301831.— United Synod of Upper Canada, Extracts from the minutes, 1832–1833.— History and genealogy of the Eastman family of America [...], G. S. Rix, compil. (2 vol., Concord, N.H., 1901), I : 192, 405–408.— F. H. Foster, A genetic history of the New England theology (Chicago, 1907), 52–61, 94–103, 107–186, 369–400.— E. H. Gillett, History of the Presbyterian Church in the United States of America (nouv. éd., 2 vol., Philadelphie, Pa., [1873]), I : 156, 207–215, 380, 389s., 401, 437–440 ; II : 114.— J. H. Hotchkin, A history of the purchase and settlement of western New York, and of the rise, progress, and present state of the Presbyterian Church in that section (New York, 1848), 31–35, 40s., 98–103, 376s.— Loyalist and pioneer families of West Lincoln, 1783–1833, R. J. Powell, compil., Annals of The Forty (Grimsby, Ont.), 4 (1953) : 54–56.

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George L. Douglas, « EASTMAN, DANIEL WARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/eastman_daniel_ward_9F.html.

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Auteur de l'article:    George L. Douglas
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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