ESSON, HENRY (baptisé sous le nom de Hary Easson), ministre presbytérien, éducateur et auteur, baptisé le 7 mars 1793 à Balnacraig, dans la paroisse d’Aboyne and Glentanner, Écosse, fils de Robert Easson ; décédé le 11 mai 1853 à Toronto.

Henry Esson était le plus jeune fils d’un fermier de l’Aberdeenshire. Il étudia au Marischal College d’Aberdeen en vue de devenir ministre de l’Église d’Écosse ; il y entra en 1807, remporta des prix d’excellence et obtint une maîtrise ès arts en 1811. Six ans plus tard, le révérend John Stuart, professeur au Marischal College, reçut une procuration de l’église Scotch Presbyterian de Montréal, connue par la suite sous le nom d’église St Gabriel Street. Celle-ci, fidèle à ses liens traditionnels avec l’Église d’Écosse, exprimait « son profond désir de resserrer ses liens avec l’Église mère », et demandait qu’un ministre ordonné par l’Église d’Écosse et « envoyé en Amérique avec [son] consentement particulier et sous [son] autorité » soit mandaté pour aider le ministre œuvrant à Montréal, le révérend James Somerville*. On offrait un salaire substantiel de £400 par an, sans compter les honoraires, mais on ne le garantissait que pour quatre ans seulement. Stuart choisit Esson, son ancien élève, qui accepta le poste. Le 15 mai 1817, huit jours après lui avoir donné l’autorisation de prêcher, le consistoire d’Aberdeen ordonna Esson en vue de son ministère outre-mer.

À l’automne de 1817, Esson était installé à Montréal et avait déjà une bonne connaissance de la ville et de ses habitants de confession presbytérienne, tandis que les membres de sa riche congrégation le reconnaissaient peu à peu comme un érudit exceptionnellement doué et un homme à la conversation brillante. Il se retrouva bientôt mêlé à la direction de l’Église dans le Haut et le Bas-Canada. Il rallia ses collègues opposés au plan des ministres presbytériens scissionnistes visant à unir toutes les branches du presbytérianisme dans les Canadas et, à la place, il essaya de nouer « des relations plus étroites » avec l’Église d’Écosse. En 1821, Duncan Mearns, d’Aberdeen, modérateur de l’assemblée générale de cette Église, informa Esson qu’il désespérait de voir l’Église canadienne établir des rapports officiels avec son Église mère tant qu’elle n’aurait pas trouvé un appui financier permanent. Avec d’autres membres du clergé et des laïques, Esson entreprit une campagne longue et infructueuse pour faire reconnaître le droit que revendiquait son Élise de partager avec celle d’Angleterre le statut d’Église établie et de recevoir une partie du revenu provenant des réserves du clergé. Ils se heurtèrent à une opposition tenace, particulièrement à celle de l’archidiacre John Strachan*. Esson laissa éclater sa déception dans le numéro de juin du Canadian Miscellany [...], journal religieux éphémère qu’il publia d’avril à août 1828. « Où que nous nous tournions, écrivait-il, quelle que soit la filière [que nous suivions], quel que soit le secret avec lequel nous faisions (ou pensions que nous faisions) nos démarches auprès du gouvernement de Sa Majesté, l’archidiacre d’York, tel notre mauvais génie, se tenait toujours prêt à s’opposer à nous. »

Esson connut plus de succès dans le domaine de l’enseignement. Il avait ouvert la Montreal Academical Institution avec l’aide du révérend Hugh Urquhart en 1822. À la fin de l’année suivante, l’école accueillait 78 élèves, dont 58 faisaient leurs humanités. En 1836, Esson fut élu membre du comité de direction de l’école normale de Montréal, et il fut le seul ministre de son Église parmi les fondateurs du High School of Montreal, créé en 1844. Avec beaucoup d’autres, il protesta contre la tentative de faire du McGill College un établissement rattaché exclusivement à l’Église d’Angleterre [V. John Bethune*].

Les soucis et les déceptions assombrirent la vie personnelle d’Esson. Maria Sweeny, qu’il avait épousée le 7 juillet 1823, mourut en 1826, à l’âge de 24 ans, et ses deux fils, Campbell Sweeny et Henry Robert, moururent enfants. Il ne se remaria qu’en 1842, avec Elizabeth Campbell, d’Édimbourg. Esson connut aussi des problèmes dans son ministère. En 1822, pendant qu’on négociait à nouveau son contrat, ses paroissiens s’arrangèrent pour que le révérend Somerville bénéficie d’une pension de retraite et firent venir un autre ministre, le révérend Edward Black*. Le style évangélique de ce dernier plaisait à un groupe de paroissiens qui percevaient Esson comme un homme froid et intellectuel. En moins de quelques années, le comité de direction se rendit compte de l’impossibilité d’entretenir les trois ministres et suggéra que Black ou Esson démissionne. Une lutte malveillante entre les ministres et leurs ouailles brouillées et divisées mit la communauté dans une impasse. Un jour, des membres de la faction appuyant Black se barricadèrent dans l’église, tandis que des partisans d’Esson essayaient d’enfoncer la porte.-On répandit des calomnies, dénuées de tout fondement comme on le découvrit plus tard, sur la réputation d’Esson. Cette querelle hâta probablement la création, en juin 1831, d’un organisme ecclésiastique supérieur dans le Haut et le Bas-Canada, le synode de l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse. Un comité du synode imposa la solution : Esson resterait à l’église St Gabriel Street, tandis que Black s’en irait ailleurs. Le prestige d’Esson demeura intact (en 1842, il fut élu modérateur du synode) et son dur travail semble avoir adouci son caractère. Ses contemporains observèrent des changements dans ses opinions théologiques ; son intérêt pour les gens et leurs soucis s’intensifia et il commença à prêcher avec une ferveur évangélique.

En 1844, la scission qui se, produisit parmi les adeptes canadiens de l’Église d’Écosse fut déclenchée par celle qui était survenue dans l’Église mère [V. Robert Burns*]. Esson appuya l’Église libre, peut-être à cause de ses opinions de plus en plus évangéliques, et il se mit à prendre fortement position en faveur du voluntaryism, attitude qu’il manifesta plus tard dans sa brochure intitulée A plain and popular exposition of the principles of voluntaryism [...] et publiée en 1849. En novembre 1844, il accepta un poste de professeur d’histoire, de littérature et de philosophie dans un collège fondé à Toronto par l’Église libre, lequel fut appelé plus tard le Knox College. L’atmosphère qui régnait dans les différentes demeures occupées par Esson à Toronto a dû lui rappeler celle de sa maison de Montréal, où il avait logé deux ou trois professeurs et une dizaine d’étudiants, puisque ces demeures formèrent le noyau du Knox College. Son neveu, le révérend Alexander Gale, de Hamilton, se joignit au personnel du collège en 1846. À la fin de 1851, Esson posa sa candidature à la nouvelle chaire d’histoire et de littérature anglaise de l’University of Toronto, mais il mourut avant que la nomination soit faite. Son corps fut transporté à Montréal et enterré dans le cimetière du Mont-Royal, près de ceux de sa première femme et de ses deux fils.

Son travail d’éducateur constitue sans nul doute la réalisation marquante de Henry Esson. Peu après sa mort, le révérend Michael Willis*, directeur du Knox College, rendit hommage à sa nature d’érudit et de contemplatif, ainsi qu’à « la noble simplicité et [à] l’ingénuité de son tempérament et de ses manières, alliées à une vigueur de l’esprit avec laquelle il accomplissait les travaux de sa profession ».

Elizabeth Ann Kerr McDougall

Henry Esson est l’auteur de : An appeal to the ministers and members of the Presbyterian Church, under the jurisdiction of the Synod of Canada, on the question of adherence to the Church of Scotland as by law established (Montréal, 1844) ; Answer of the Rev. Henry Esson, to the charges and statements of a committee of the session of St. Gabriel Street Church, Montreal [...] (Montréal, 1832) ; A plain and popular exposition of the principles of voluntaryism, in opposition to the misapprehensions of those who have imputed to them an infidel tendency ; being an humble essay, to mediate between the advocates and antagonists of the establishment principle, and to promote generally the catholic unity of evangelical churches (Toronto, 1849) ; « Review of a speech of the venerable John Strachan, D. D., archdeacon of York, in the Législative Council », Canadian Miscellany : or, the Religious, Literary & Statistical Intelligencer (Montréal), 1 (juin 1828), n° 3 : 65–85 ; Statement relative to the educational system of Knox’s College, Toronto ; with suggestions for its extension and improvement (Toronto, 1848) ; Strictures on the présent method of teaching the English language and suggestions for its improvement (Toronto, 1852) ; et Substance of an address explanatory and apologetic, in reference to the late disruption of the Synod of Canada, in connexion with the established Church of Scotland, delivered to the congregation of Saint Gabriel Street Church, on Tuesday, the 20th of July, 1844 (Montréal, 1844).

APC, MG 24, D16, 25 : 21544–21550 ; 13, 8.— GRO (Édimbourg), Aboyne, Reg. of baptisms, marriages, and burials, 1773–1793.— PCA, St Gabriel Street Church (Montréal), reg. of baptisms, marriages, and burials, 7 juill. 1823–9 déc. 1830.— QUA, Presbyterian Church of Canada in connection with the Church of Scotland, Synod papers, overtures, 1836–1838 ; reports, 1821.— UCA, Biog. files ; Montreal-Ottawa Conference (Montréal), St Gabriel Street Church, parish records, box II.— Testimonials of literary and educational qualifications, in favour of the Rev. Henry Esson, A.M., professor of mental and moral philosophy, Knox’s College (Toronto, 1851).— Fasti Academiae Mariscallanae Aberdonensis : selections from the records of the Marischal College and University, [1593–1860], P. J. Anderson, édit. (3 vol., Aberdeen, Écosse, 1898), 2.— Scott et al., Fasti ecclesice scoticancs, 7 : 632–633.— Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church.— The centenary of the granting of the charter of Knox College, Toronto, 1858–1958 (Toronto, [1958]).— Gregg, Hist. of Presbyterian Church.— « Death of the Rev. Professor Esson », Ecclesiastical and Missionary Record for the Presbyterian Church of Canada (Toronto), 9 (1852–1853) : 117.— « The following is the minute of Synod with reference to the lamented deaths of Professor Esson, Mr. John Burns of Toronto, and Mr. John Fraser of London », Ecclesiastical and Missionary Record for the Presbyterian Church of Canada, 9 (1852–1853) : 152.

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Elizabeth Ann Kerr McDougall, « ESSON, HENRY (baptisé Hary Easson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/esson_henry_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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