FARGUES, THOMAS, médecin et fonctionnaire, né le 11 octobre 1777 à Québec, fils de Pierre Fargues et d’Henriette Guichaud ; décédé célibataire le 11 décembre 1847 dans la même ville.

Thomas Fargues appartenait à une famille bourgeoise de Québec. Son père était un homme d’affaires et sa mère, elle-même fille de marchand, avait fait ses études chez les ursulines. Thomas était le septième enfant, mais plusieurs de ses frères et sœurs moururent en bas âge. En 1783, trois ans après le décès de son mari, Henriette Guichaud se remaria avec Thomas Dunn*, personnage bien en vue dans la province. Trois fils naquirent de cette union : Thomas et William, qui firent carrière dans l’armée et avec qui Fargues resta en étroite relation, et Robert.

Fargues étudia au Harvard College de Boston, où il obtint un diplôme en 1797, puis il se rendit en Europe poursuivre des études universitaires en médecine, à Londres et à Édimbourg. Le 21 juin 1811, il reçut le titre de docteur en médecine de l’University of Edinburgh après avoir présenté une thèse en latin sur la chorée, maladie connue sous le nom de danse de Saint-Guy.

De retour à Québec, Fargues adressa une demande au gouverneur sir George Prévost* afin d’obtenir l’autorisation de pratiquer la médecine au Bas-Canada, mais on ne lui accorda le permis que deux ans plus tard. Dès lors, sa renommée ne tarda pas à s’étendre et plusieurs établissements eurent bientôt recours à ses services. Il fut, entre autres, chirurgien général à l’Hôtel-Dieu, médecin des pensionnaires de l’Hôpital Général, des ursulines et de la prison du district de Québec. Fargues recruta aussi une clientèle privée importante : il comptait parmi ses patients l’évêque anglican Jacob Mountain*, le supérieur du séminaire de Québec, Jérôme Demers*, et l’archevêque de Québec, Joseph-Octave Plessis*, qu’il assista d’ailleurs au moment de sa mort en 1825.

En juin 1816, Fargues fut nommé examinateur en médecine du district de Québec. Lorsque ce poste devint électif en 1831, l’assemblée des médecins du district de Québec le choisit comme examinateur et il remplit cette fonction jusqu’au début des années 1840. Médecin informé, Fargues suivait de près l’évolution de sa discipline ; il possédait du reste l’une des bibliothèques médicales privées les mieux garnies du pays. À la fin de sa vie, le développement de l’homéopathie faisait aussi partie de ses préoccupations. Ainsi dans un testament rédigé en 1842, il avait inscrit une clause par laquelle il cédait la somme de £6 000 au McGill College, à Montréal, pour la création d’une chaire d’homéopathie qui porterait son nom.

Considéré comme un homme intelligent et excentrique, Fargues était d’agréable compagnie et versé en métaphysique. Après 1840, il fut cependant atteint d’une grave maladie qui se manifesta par plusieurs attaques de paralysie et qui affecta considérablement ses facultés mentales et physiques. Un de ses neveux s’occupa dès lors d’une bonne partie de ses affaires. En juin 1843, Fargues partit pour l’Angleterre, en compagnie de son ami, le notaire John Greaves Clapham, afin, semble-t-il, de rendre visite à ses demi-frères Thomas et William et de se refaire une santé. Mais celle-ci était toujours aussi chancelante à son retour et elle le resta jusqu’à sa mort.

Thomas Fargues laissa une fortune évaluée à £25 000 qui fit l’objet de convoitises. Outre des propriétés à l’intérieur et à l’extérieur des murs de la ville, il détenait des actions dans des banques canadiennes et des obligations du gouvernement et de la ville de Québec d’une valeur de plus de £6 000 ; ses débiteurs, parmi lesquels on trouve quelques hommes d’affaires de Québec, lui devaient plus de £10 000. Selon son dernier testament en date du 21 avril 1844, le principal héritier aurait dû être son cousin, Robert Walker Stansfeld, qui avait vécu chez lui pendant plus de six ans en qualité d’apprenti et à qui il avait payé des études en médecine au McGill College. D’après ce testament, Fargues aurait aussi laissé à René-Édouard Caron* et à Antoine Parant* la somme de £6 000 destinée à la construction d’un asile pour indigents à Québec. La famille Dunn contesta ce testament et un procès s’ensuivit ; on rendit le jugement le 8 juillet 1850. Le juge déclara alors que Stansfeld exerçait une influence indue sur Fargues à la fin de sa vie et il rejeta la demande des exécuteurs testamentaires. La famille Dunn resta ainsi la principale dépositaire des biens.

Jacques Bernier

Thomas Fargues est l’auteur de : De chorea (Édimbourg, 1811).

ANQ-Q, CE1-61, 11 oct. 1777, 12 déc. 1847 ; CN1-67, 2 juill. 1841 ; CN1-116, 20, 25 mai 1840 ; CN1-208, 10 sept. 1842, 21 avril 1844, 15 déc. 1847 ; T11-1/449, n° 577.— APC, RG 4, B28, 48 : 415–416, 418–419.— ASQ, Séminaire, 128, n° 135.— James Douglas, Journals and reminiscences of James Douglas, M.D., James Douglas, Jr, édit. (New York, 1910).— Le Journal de Québec, 18 déc. 1854.— Quebec Gazette, 4 nov. 1802, 26 mai 1803, 7 mai 1807, 27 juin 1816, 22 mai 1817, 5 juill. 1821, 13 déc. 1847.— Almanach de Québec, 1817–1843.— Annuaire de l’Hôtel-Dieu du Précieux-Sang (Québec, 1909).— Sœur Sainte-Léonie, « l’Hôtel-Dieu de Québec, 1639–1900 : notices historiques et dépouillement des registres, 2e partie : 1759–1900 » (thèse de bibliothéconomie, univ. Laval, 1964).— Wallace, Macmillan dict. M.-J. et George Ahern, Notes pour servir à l’histoire de la médecine dans le Bas-Canada depuis la fondation de Québec jusqu’au commencement du XIXe siècle (Québec, 1923).— Burke, les Ursulines de Québec, 3 : 226 ; 4 : 586–588, 633.— P.-G. Roy, « la Famille Fargues », BRH, 44 (1938) : 129–132.

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Jacques Bernier, « FARGUES, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fargues_thomas_7F.html.

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Auteur de l'article:    Jacques Bernier
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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