FLOQUET, PIERRE-RENÉ, jésuite, né à Paris le 12 septembre 1716, décédé à Québec le 18 octobre 1782.

Pierre-René Floquet entra au noviciat de Paris le 6 août 1734, après avoir complété deux années de philosophie. Il professa les classes de grammaire et les humanités au collège de Quimper (1736–1740), fit sa théologie au collège de La Flèche (1740–1744) et arriva au Canada le 17 août 1744. Après cinq années d’enseignement au collège des jésuites de Québec, il tenta la vie missionnaire à Sault-Saint-Louis (Caughnawaga) en 1749–1750, puis revint à Québec comme procureur du collège (1750–1756). En 1757, il remplaça le père Nicolas Degonnor comme supérieur des jésuites à Montréal ; il remplit cette charge jusqu’à sa retraite, en 1780, tout en s’occupant de la Congrégation des hommes de Ville-Marie et du ministère sacerdotal à la chapelle des jésuites.

Avant 1775, au moment où il eut la malchance de se trouver mêlé aux affaires politiques, rien ne le signala spécialement à l’attention du public ; mais, pendant l’occupation de Montréal par les Américains, en 1775–1776, ses rapports plus ou moins fréquents avec eux le compromirent à la fois aux yeux des autorités anglaises et à ceux de Mgr Briand, qui avait fait appel à la loyauté du clergé et du peuple canadien.

Le 15 février 1776, le deuxième Congrès continental de Philadelphie, Pennsylvanie, chargea le célèbre Benjamin Franklin, Samuel Chase et Charles Carroll de se rendre au Canada pour gagner les Canadiens à sa cause ; Charles Carroll s’adjoignit son cousin, John Carroll, jésuite et futur archevêque de Baltimore, Maryland, afin de contacter le clergé canadien. La délégation fut reçue à son arrivée à Montréal, le 29 mars 1776, par le général de brigade Benedict Arnold* lui-même et logea chez le marchand Thomas Walker, sympathique aux Américains. John Carroll rendit visite à Floquet qui occupait encore la résidence des jésuites. Porteur d’une lettre d’introduction du père Ferdinand Farmer, son supérieur à Philadelphie, Carroll obtint d’Étienne Montgolfier, vicaire général à Montréal, la permission de dire la messe chez le père Floquet, mais il ne prit le dîner qu’une seule fois à la résidence des jésuites. Malheureusement, Floquet se compromit davantage.

Dans une lettre du 15 juin 1776, envoyée à Mgr Briand qui le menaçait d’interdit, Floquet justifie ses imprudences : il n’aimait pas l’Acte de Québec et s’en était trop déclaré ; il croyait protéger ses confrères du Maryland et de la Pennsylvanie contre des persécutions possibles, en ménageant les Bostonnais ; l’attitude de neutralité des députés de Montréal vis-à-vis des envahisseurs l’avait trompé, ce qui le rendit tolérant au tribunal de la pénitence envers les miliciens enrôlés dans les troupes américaines ; il avait cru bon de donner secrètement la communion à trois d’entre eux, refusés à l’église paroissiale ; il s’était rendu dîner chez le colonel Moses Hazen* en compagnie de l’abbé John McKenna, ami du colonel, mais chassé de New York par le parti whig anticatholique et retiré chez les jésuites à Montréal, au printemps de 1776. Floquet ne croyait pas avoir mal agi ; néanmoins, il aurait dû suivre, en matière politique, la directive de son évêque, dans l’intérêt supérieur de la religion.

L’interdit lui fit mieux comprendre la situation, et Floquet se rendit à Québec sur l’ordre de Mgr Briand, semble-t-il. Là, le 29 novembre 1776, il écrivit à son évêque pour lui demander de lever l’interdit. Ce qui fut fait, et Floquet continua son ministère à Montréal. Mais, dans une lettre au jésuite Sébastien-Louis Meurin, missionnaire au pays des Illinois, le 27 avril 1777, Mgr Briand écrivait : « Le P. Floquet s’est bien mal conduit ; il a été interdit six mois pour son entêtement [...] Il ne croit pas avoir eu tort et le dit quand il ne craint pas ses auditeurs. » Floquet, décédé à Québec le 18 octobre 1782, fit figure d’exception même parmi ses confrères jésuites, qui « s’étaient bien comportés, et furent très affligés » de sa conduite.

Joseph Cossette

ASJCF, 583 ; 856.16.— Bannissement des jésuites de la Louisiane, relation et lettres inédites, Auguste Carayon, édit. (Paris, 1865).— Rochemonteix, Les jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, II : 217s.— T.-M. Charland, La mission de John Carroll au Canada en 1776 et l’interdit du P. Floquet, SCHÉC Rapport, I (1933–1934) : 45–56.— Têtu, Le chapitre de la cathédrale, BRH, XVI : 37.

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Joseph Cossette, « FLOQUET, PIERRE-RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/floquet_pierre_rene_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    5 déc. 2024