FREER, JAMES SIMMONS, journaliste, fermier et cinéaste, né le 4 janvier 1855 à Woodstock, Oxfordshire, Angleterre, fils du révérend John Freer et de Mary Wells Simmons ; le 26 février 1878, il épousa à Luton, Bedfordshire, Angleterre, Emily Jenkins, et ils eurent sept fils et deux filles ; décédé le 22 décembre 1933 à Winnipeg.

Fils d’un ministre baptiste, James Simmons Freer travailla comme journaliste dans plusieurs villes du sud de l’Angleterre jusqu’à ce que des membres de la famille Knight, amis de sa femme, Emily, le persuadent des possibilités qu’offrait l’Ouest canadien. Freer quitta alors son emploi au Torquay Times and South Devon Advertiser et émigra au Manitoba avec sa femme et leurs six enfants. En 1888, ils s’établirent dans une ferme de 250 acres à Brandon Hills, à 10 milles au sud de Brandon, où ils cultivèrent surtout du blé et de l’avoine.

Même si Freer devint un « fermier prospère et enthousiaste », selon sa nécrologie, il continua d’exploiter ses talents d’investigateur liés à son métier précédent. Il avait apporté un appareil photo d’Angleterre et, en 1897, deux ans seulement après que les frères Lumière eurent présenté leur premier film à Paris, il acheta une caméra et un projecteur Edison. Cet été-là, avec ce nouvel équipement, Freer commença à filmer la vie quotidienne dans sa ferme et aux alentours. Il devint ainsi le premier Canadien à réaliser des films dans son pays.

À l’instar des frères Lumière, Freer tourna des courts métrages (de moins de deux minutes et sans montage) sur des activités de tous les jours, dans son environnement. Les scènes rurales et les trains étaient ses sujets préférés. Parmi les titres de ses films figurent : Six binders at work in 100 acre wheat field, Typical stacking scene, Cyclone thresher at work, Harnessing the virgin prairie et Harvesting scene, with trains passing. L’une de ses productions, Premier Greenway stooking grain, mettait en vedette Thomas Greenway*, homme politique provincial ; une autre, Coming thro’ the rye (Children play in the hay), montrait probablement ses propres enfants. Freer filma également des événements ailleurs dans la province, comme le révèle le film Winnipeg fire boys on the warpath.

Les films Pacific and Atlantic mail trains et Arrival of C.P.R. express at Winnipeg semblent indiquer que, dès le départ, Freer avait à l’esprit beaucoup plus que le simple reportage. Il avait peut-être communiqué avec la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique avant de commencer ses tournages, car la firme finança son voyage promotionnel en Angleterre au printemps de 1898 pour faire valoir les Prairies canadiennes auprès d’immigrants potentiels et vanter les mérites du chemin de fer comme moyen de transport vers l’Ouest. Freer retourna ainsi à sa terre natale avec des courts métrages et des plaques de verre pour lanterne magique qu’il utilisait pour illustrer sa conférence intitulée « Ten years in Manitoba ». Il y séjourna pendant six mois et visita ses coins favoris, ainsi que Londres et Reading.

D’un naturel extraverti et sociable, Freer mit à profit ses dons d’orateur et son expérience de première main pour décrire la « valeur des projets agricoles au Canada » et les possibilités offertes même aux personnes qui n’avaient aucune expérience de l’agriculture. Dans ses présentations, il insistait sur la « richesse du sol canadien » et ne manquait aucune occasion de mentionner les « vastes concessions gratuites » que le gouvernement canadien octroyait aux immigrants. Il est possible qu’il ait d’abord réalisé ses films pour documenter sa vie au Manitoba, mais ses projections publiques en firent les premiers exemples de films promotionnels.

Freer revint de sa tournée avec des séquences tournées en Angleterre et pendant ses trajets à l’aller et au retour. Il les utilisa comme supplément aux présentations qu’il organisa au Manitoba, fournissant ainsi aux résidents nostalgiques des images de leur mère patrie. Les courts métrages Changing guards at St. James’s Palace (as exhibited at Windsor Castle) et Canadian contingent at the jubilee, entre autres, faisaient partie de son programme.

Pendant que Freer était en Angleterre, il put compter sur des amis pour s’occuper de la ferme, notamment un voisin, Clifford Sifton*. Ministre fédéral de l’Intérieur dans le gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier*, Sifton tenait beaucoup à encourager l’immigration au Manitoba et usa de son influence pour que le gouvernement finance le deuxième séjour de Freer en Angleterre. Ce voyage, en 1902, ne fut pas aussi fructueux que le premier. La plus grande partie des séquences de la première tournée furent réutilisées, enrichies de matériel filmé par d’autres cinéastes, notamment des images des chutes du Niagara, toujours populaires. Comme Freer n’avait pu obtenir la permission de filmer la visite du duc d’York au Canada en 1901, il acheta un film relatant l’événement et l’intégra à sa présentation.

Au retour de son troisième voyage, James Simmons Freer continua de tourner des films, mais il se lassa bientôt de l’agriculture. Vers 1910, il s’établit à Elkhorn, au Manitoba, puis, cédant sa propriété à son fils Joseph, il s’installa avec sa femme à Winnipeg. Après une quatrième tournée promotionnelle en Angleterre, en 1916, au cours de laquelle il n’utilisa ni films ni images fixes, il entra au service du Manitoba Free Press, dirigé par Sifton à Winnipeg, à titre de journaliste agricole. Sa connaissance des gens et des lieux de l’ouest du Manitoba constitua sans doute un atout pour le journal. Il mourut en 1933, toujours en fonction, 17 ans après s’être retiré de l’agriculture. Ses compétences journalistiques lui avaient été fort utiles dans ses entreprises cinématographiques. Freer fut l’instigateur de l’usage de ce nouveau média pour promouvoir les Prairies canadiennes et les perspectives d’avenir que l’Ouest offrait.

Gene Walz

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc., International geneal. index.— Manitoba, Ministère du Tourisme, de la Culture, du Patrimoine, du Sport et de la Protection du consommateur, Bureau de l’état civil (Winnipeg), no 1933-047194.— Gene Walz, « 100 years of moviemaking », Winnipeg Real Estate News, 27 nov. 1997 : 3.— Winnipeg Free Press, 23 déc. 1933.— Peter Morris, Embattled shadows : a history of Canadian cinema, 1895–1939 (Montréal, 1978).

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Gene Walz, « FREER, JAMES SIMMONS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/freer_james_simmons_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
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