GERRISH, BENJAMIN, marchand, fonctionnaire, né le 19 octobre 1717 à Boston, le plus jeune des fils de John Gerrish et de Sarah Hobbes (Hobbs) ; il épousa Rébecca Dudley à Boston en 1744 ; décédé le 6 mai 1772 à Southampton, Angleterre.

Benjamin Gerrish fut élevé à Boston où son père était un marchand prospère ; lorsque celui-ci mourut en 1737, il fit probablement du commerce dans cette ville avec Joseph, son frère aîné. En 1751, semble-t-il, il suivit l’exemple de son frère et alla s’installer à Halifax. Comme d’autres commerçants de la Nouvelle-Angleterre qui, à l’époque, s’établirent à cet endroit, Gerrish nourrissait l’espoir de faire des profits en approvisionnant les militaires et les civils et en exploitant les ressources de la région. Il s’associa avec Joseph Gray, et leur entreprise devint l’une des plus florissantes de Halifax, ce succès étant dû, en paille. aux gains qu’ils réalisèrent durant la guerre de Sept Ans.

Les Gerrish étaient au nombre des marchands de la Nouvelle-Angleterre qui firent pression sur le gouverneur Charles Lawrence* et sur le Board of Trade, au milieu des années 1750, pour qu’une chambre d’Assemblée fût instituée en Nouvelle-Écosse. Ils atteignirent leur but en 1758. Lorsque Joseph, élu à la première Assemblée, fut nommé au Conseil de la Nouvelle-Écosse l’année suivante, Benjamin brigua, avec succès, le siège de son frère. Sa nomination à trois hautes fonctions, en 1760, montre bien qu’il faisait partie de l’élite politique de Halifax : il fut nommé capitaine de milice, juge de paix du comté de Halifax et commissaire du commerce avec les Indiens. Ce dernier poste était le plus lucratif, car il le plaçait en fait à la tête d’un monopole d’État dans lequel le gouvernement assumait tous les risques, payait les employés de Gerrish et lui garantissait un pourcentage des revenus provenant de toutes les ventes aux Indiens et de tous les achats de leurs fourrures. En outre, il était autorisé à conserver son commerce et à approvisionner les trafiquants avec des articles de son propre magasin. Il semble que Gerrish tira grand profit de cette nomination.

Lorsque Lawrence mourut en 1760, son successeur, Jonathan Belcher, chercha à réduire les énormes pertes subies dans la traite avec les Indiens en remettant le monopole à un entrepreneur privé. Au printemps de 1761, le conseil recommanda Michel Francklin, mais Belcher soutint que Francklin n’était que le prête-nom de Gerrish et il accorda plutôt le contrat à Alexander Grant. Gerrish ne demeura commissaire du commerce avec les Indiens qu’à titre nominal ; il protesta auprès du Board of Trade, affirmant que le gouvernement provincial lui devait quelque £2 500. Pour mieux se faire entendre à Londres, il s’assura le concours de Joshua Mauger et finalement il reçut environ le quart du montant réclamé.

La question de la traite avec les Indiens fut l’un des divers facteurs qui amenèrent les marchands de Halifax à former, avec l’appui de Mauger, un mouvement d’opposition à Belcher. En 1761, lorsque le Board of Trade donna l’ordre à Belcher d’abroger le Debtors’ Act, qui empêchait les créanciers habitant à l’étranger de poursuivre leurs débiteurs de la Nouvelle-Écosse devant les tribunaux de cette province, les Gerrish dirigèrent la lutte contre le lieutenant-gouverneur. Ils firent de l’obstruction à l’Assemblée, avec l’aide notamment de Jonathan Binney*, de Philip Augustus Knaut et de Malachy Salter, ce qui empêcha Belcher d’obtenir, durant l’hiver de 1761–1762, le quorum dont il avait besoin. Le Debtors’ Act, qui avait été reconduit en 1760 jusqu’à la fin de la session tenue après le lev octobre 1761, se trouva donc prolongé jusqu’en 1762. La tâche des Gerrish fut rendue plus facile du fait que le groupe de Halifax, ayant remporté des victoires électorales dans un certain nombre de circonscriptions à l’extérieur de la capitale, dominait presque entièrement l’Assemblée. Les marchands, appuyés par Mauger en personne, dénoncèrent également Belcher au Board of Trade. En fin de compte, Belcher fut remplacé par Montagu Wilmot* en 1763. Benjamin et son frère, relevés de presque toutes leurs fonctions pour avoir participé à l’obstruction, y furent rétablis dès que Belcher eut été destitué. Benjamin fut élu député de Halifax en 1765 et, trois ans plus tard, on le nomma au Conseil de la Nouvelle-Écosse.

Gerrish était l’un des principaux adeptes laïques du mouvement congrégationaliste et il fréquentait l’église Mather (St Matthew). De concert avec Malachy Salter en 1770, il entreprit de réclamer l’aide financière d’influentes églises de Boston en vue d’entretenir les églises et le clergé congrégationalistes de la Nouvelle-Écosse. La réaction fut enthousiaste : on donna surtout des articles d’utilité, rares en cet endroit, ce qui eut pour effet, semble-t-il, d’accroître la sympathie des habitants de la Nouvelle-Écosse à l’égard de la Révolution américaine, du moins à ses débuts.

Toutefois, Gerrish ne s’engagea pas directement dans la controverse suscitée par la révolution. On pourrait dire qu’il se conduisit plutôt comme un commerçant opportuniste : il appuya ou transgressa les règlements britanniques suivant son propre intérêt. Tout en faisant des affaires avec les militaires de la Grande-Bretagne, il fut de ceux qui, sous la direction de Francklin, défièrent les restrictions britanniques sur l’exportation du charbon de l’île du Cap-Breton en 17671768.

Gerrish fit son testament à Boston en 1772, après quoi il s’embarqua pour l’Angleterre où il mourut. Il laissait des biens considérables en Nouvelle-Écosse, notamment une grande ferme et un manoir appelé Gerrish Hall à Windsor ; la plus grande partie de la succession alla à son épouse et à son neveu, Benjamin Gerrish Gray*.

Stephen E. Patterson

Mass. Hist. Soc., Andrews-Eliot papers, Benjamin Gerrish et Malachy Salter à Andrew Eliot et Samuel Cooper, Halifax, 18 janv. 1770 ; Benjamin Gerrish à Andrew Eliot et Samuel Cooper, Halifax, 10 mai 1770 ; Nehemiah Porter à Andrew Eliot, Yarmouth, 16 nov. 1770.— Akins, History of Halifax City, 52, 61, 237, 253.— J. G. Bourinot, Builders of Nova Scotia [...] (Toronto, 1900), 133, 146.— Brebner, Neutral Yankees (1937), 18–22, 71–73, 78s., 81s., 84–89, 136s., 191, 216n., 218n.— MacNutt, Atlantic provinces, 68s.— A. W. H. Eaton, Old Boston families, number two : the family of Capt. John Gerrish, New England Hist. and Geneal. Register, LXVII (1913) : 105–115.— W. S. MacNutt, The beginnings of Nova Scotian politics, 1758–1766, CHR, XVI (1935) : 41–53.

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Stephen E. Patterson, « GERRISH, BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gerrish_benjamin_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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