GORDON, JOHN, officier de marine, né en 1792, septième enfant de George, lord Haddo, et de Charlotte Baird, décédé le 11 novembre 1869 à Londres.
Le père de John Gordon mourut peu de temps avant la naissance de son fils. John entra dans la marine royale le 15 avril 1805 ; nommé commandant le 15 juin 1814, il servit dix mois à la station de Terre-Neuve. Le 31 décembre 1818, il fut promu au grade de capitaine de vaisseau. Puis il passa 26 années dans le cadre de réserve. C’est peut-être grâce à l’influence de sa famille que Gordon parvint à obtenir, le 22 février 1844, le commandement de l’America, une frégate de 50 canons affectée à la station du Pacifique. À ce moment-là, son frère, le 4e comte d’Aberdeen, était ministre des Affaires étrangères ; il avait un autre frère, William, qui était un lord de l’Amirauté et l’un des associés de sir George Francis Seymour, le commandant en chef de la station du Pacifique, à Valparaiso, au Chili. Gordon, dont les fonctions allaient inclure le transport des espèces en Angleterre, pouvait escompter que sa nomination lui apporterait de gros bénéfices, car environ la demie de 1 p. cent de toutes les espèces amenées de l’Amérique latine en Angleterre à bord d’un vaisseau britannique revenait de droit au capitaine.
En février 1845, le gouvernement britannique ordonna à Gordon de quitter l’Angleterre sur l’America à destination de l’Oregon où il devait fournir un appui naval à la Hudson’s Bay Company dans la querelle de frontière concernant cette région. Après un voyage difficile, Cordon arriva à la hauteur du cap Flattery le 28 août 1845, et, ayant raté l’entrée du fort Victoria, dans l’Île-de-Vancouver, il poursuivit sa route jusqu’à Port Discovery. À cet endroit, il donna l’ordre au lieutenant William Peel, fils du premier ministre de la Grande-Bretagne, et au capitaine Henry W. Parke de se rendre au fort Vancouver (Vancouver, Washington) pour s’informer de « la situation existant dans la région des rives du fleuve Columbia et dans le district appelé Oregon ». Gordon recommandait également à Peel, dans ses instructions du 2 septembre 1845, de ne donner aux Américains aucun « motif de jalousie ni de mécontentement », sauf en cas de légitime défense, et de collaborer avec l’agent principal John McLoughlin*. Au fort Vancouver, Peel eut des entretiens avec Henry James Warre et Mervin Vavasour concernant la mission secrète de reconnaissance que ces militaires avaient à effectuer en Oregon.
En septembre 1845, alors que l’America était à l’ancre à Port Discovery, Gordon parla de l’Oregon avec l’agent principal de la Hudson’s Bay Company, James Douglas*, lequel déclara par la suite : « [Cordon] pense que la région ne vaut pas quatre sous et il s’étonne que le gouvernement prenne la peine de s’en occuper [...]. Il n’a montré aucune sympathie pour la Hudsons Bay Company et il m’a dit sans détour que nous ne devions pas nous attendre à conserver toute la région. » Au fort Victoria, selon Roderick Finlayson*, Gordon aurait affirmé, à propos de l’île de Vancouver, qu’il ne donnerait pas « une acre des collines désertes de l’Écosse pour tout ce qu’il voyait autour de lui » ; et ce « grand chasseur de cerfs », déclarant que la chasse et la pêche dans l’île étaient bien moins bonnes qu’en Écosse, avait dit : « Qu’est-ce que ce pays où le saumon ne veut pas gober la mouche ? » Néanmoins, lorsque Peel revint de sa mission, Gordon fut d’accord avec lui que si la frontière devait être établie au 49e parallèle, il faudrait alors garder possession de l’Île-de-Vancouver puisque cette colonie était dotée de ports adéquats, qu’elle commandait l’entrée des détroits de Juan de Fuca et de Georgia et qu’elle allait bientôt devenir le siège principal de la compagnie dans la région. En outre, il préconisait la liberté de navigation dans les détroits. Peel fut chargé par Gordon d’aller porter à Londres les renseignements qui avaient été recueillis ; le 10 février 1846, il était rendu à destination. Le gouvernement britannique eut donc en main des données plus complètes sur l’Oregon à un moment critique des négociations que lord Aberdeen avait engagées avec les États-Unis au sujet de l’avenir de cette région. La ligne de démarcation recommandée par Gordon fut celle que proposèrent les autorités britanniques, et les Américains l’acceptèrent.
Quittant Port Discovery à bord de l’America le 26 septembre 1845, Gordon fit route à destination de Honolulu. Le contre-amiral Seymour lui ordonna de demeurer dans le nord-est du Pacifique et de surveiller les mouvements de la marine des États-Unis, car les visées des Américains sur la Haute-Californie lui inspiraient des craintes. Gordon ne prit pas cette menace à la légère, mais des marchands de Mazatlán, au Mexique, qui désiraient mettre leur fortune à l’abri en cas de guerre, le pressèrent vivement de retourner en Angleterre. L’America, chargé d’espèces mexicaines dont la valeur atteignait presque $2 000 000, selon l’estimation de Gordon, parvint en Angleterre le 19 août 1846. Gordon fut traduit en conseil de guerre le 26 août, à Portsmouth, pour avoir quitté son poste sans en avoir reçu l’ordre. Sa culpabilité ayant été « pleinement établie », il fut « sévèrement réprimandé », mais la possibilité qu’il ait recherché des bénéfices personnels fut écartée. Bien qu’il n’ait pas été relevé de son commandement, Gordon accepta de prendre sa retraite à des conditions avantageuses le 1er octobre. Il eut droit à l’avancement régulier dans le cadre de retraite et il fut promu amiral en 1863. Il mourut en 1869.
HBC Arch., B.226/b/l, ff.35–36d.— Maritime Museum of B.C. (Victoria), H.M.S. America, 1810–1867, [P. W. Brock, compil.].— National Maritime Museum (Londres), JOD/42.— PRO, Adm. 1/5 561–5 562, 1/5 564, 1/5 568 ; 13/103–104 ; 53/1 946.— Warwick County Record Office (Warwick, Angl.), CR 114A/414/1, Seymour order book.— HBRS, VII (Rich) : liv.— O’Byrne, Naval biographical dictionary (1849), 411.— Walbran, B. C. coast names.— B. M. Gough, The Royal Navy and the northwest coast of North America, 1810–1914 : a study of British maritime ascendancy (Vancouver, 1971), 50–83 ; H.M.S. America on the north Pacific coast, Oreg. Hist. Quarterly (Portland), LXX (1969) : 293–311.
Barry M. Gough, « GORDON, JOHN (1792-1869) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gordon_john_1792_1869_9F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/gordon_john_1792_1869_9F.html |
Auteur de l'article: | Barry M. Gough |
Titre de l'article: | GORDON, JOHN (1792-1869) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 1 nov. 2024 |