GREGORY, JOHN, fonctionnaire, né le 13 octobre 1806 à Édimbourg ; il épousa en 1833 Mary Grosvenor de Fredericton, Nouveau-Brunswick, et ils eurent huit fils et quatre filles ; décédé le 29 octobre 1861 à Fredericton.

On connaît peu de chose de l’enfance de John Gregory si ce n’est, comme il le révéla plus tard, qu’il était le fils d’un artisan. Il vint au Nouveau-Brunswick vers 1820 et il servit probablement dans le 74e régiment cantonné alors à Fredericton. En 1825, il devint commis dans le bureau du secrétaire provincial et plus tard il fut greffier du Conseil législatif jusqu’à sa mort.

Son souci pour l’éducation de sa famille amena Gregory à jouer un rôle important et de premier plan sur la scène locale. En 1844, Gregory et les députés James Brown et Sylvester Zolieski Earle* formèrent un comité spécial nommé par le lieutenant-gouverneur sir William MacBean George Colebrooke et chargé de faire enquête sur les écoles secondaires et paroissiales de la province. Leur rapport, publié plus tard sous forme de brochure, fournit une preuve écrasante de l’incompétence des professeurs et de l’insuffisance de l’éducation en général, spécialement dans les écoles paroissiales. Il recommandait fortement l’établissement d’une école normale à Fredericton, d’une école modèle et d’un conseil provincial de l’éducation, mesures visant à la création d’un système d’éducation de meilleure qualité pour toute la population. Une autre enquête, menée en 1846 dans les écoles secondaires, confirma les découvertes et les recommandations du comité de 1844. Cependant, en 1846, l’Assemblée vota une loi réformant non pas les écoles paroissiales, plus nombreuses, mais seulement les écoles secondaires que fréquentaient, en général, les élèves provenant des familles aisées des principaux centres urbains ou des environs. Plus tard, après l’intervention du lieutenant-gouverneur Colebrooke, on effectua une réforme plus poussée de l’éducation par la loi de 1847 sur les écoles paroissiales, qui prévoyait une école modèle où l’on formerait les professeurs sous la surveillance du conseil de l’Éducation nouvellement constitué. Gregory fut le premier secrétaire du conseil avec un salaire de £100 par année.

Le principal de l’école normale nommé par la même loi, Joseph Marshall* d’Avray, arrivé de l’île Maurice en 1848, annonça dans son discours d’inauguration de l’institution que ses idées sur l’éducation et la formation des professeurs étaient semblables à celles que contenait le rapport rédigé par Gregory et ses collègues inspecteurs en 1845. Cependant, selon la remarque d’un historien de l’éducation, Gregory semblait avoir décelé une marque de condescendance envers les écoles paroissiales dans quelques-unes des remarques de d’Avray laissant croire que ces institutions étaient des « écoles pour coloniaux incapables de s’élever au-dessus du bas niveau où ils se trouvaient ». Si Gregory a pu avoir cette impression, il reflétait probablement la défiance et l’hostilité de quelques citoyens du Nouveau-Brunswick opposés à la nomination d’étrangers. Gregory peut aussi avoir pressenti l’éventuel déclin de sa propre influence dans les milieux de l’éducation avec l’arrivée de d’Avray, homme courtois et bien qualifié. Quelles qu’en aient été les raisons, un climat d’hostilité se développa rapidement. En avril 1848, d’Avray se plaignit à Colebrooke de ce que les membres du conseil de l’Éducation n’étaient pas enclins à accepter ou à approuver toute amélioration « ne provenant pas d’eux-mêmes [...]. Plusieurs d’entre eux [étaient] entièrement guidés par l’opinion et les vues de leur secrétaire qui n’[était] rien autre qu’un théoricien comme eux-mêmes. » De son côté, Gregory critiqua le premier rapport de d’Avray en se plaignant auprès de Colebrooke que d’Avray ne comprenait pas la forme représentative du gouvernement de la province.

Le 21 avril 1849, le King’s College Council reçut un mémoire de Gregory déplorant certaines dispositions des nouvelles bourses de comté qui excluaient le plus vieux de ses fils. Malgré les nombreuses requêtes de Gregory et ses lettres enflammées aux journaux locaux, le conseil refusa de modifier les règlements. Gregory écrivit au Head Quarters de Fredericton le 22 juin 1849, soulignant qu’un autre de ses fils avait été « lésé » par la manière dont « certaines étapes de l’examen de la Collegiate School » avaient été effectuées. Le 30 juin 1849, il fit publiquement appel à l’évêque John Medley* afin qu’il demandât au Collegiate School Committee de réadmettre son troisième fils, George, âgé de dix ans, qui avait été expulsé. Un débat animé dans le Head Quarters entre Gregory et George Goodridge Roberts, principal de l’école et ami intime de d’Avray, ne réussit pas à résoudre le problème, même si le King’s College Council, mêlé à cette affaire, admit que l’expulsion était le résultat des remarques intempestives du père.

Une pétition de Gregory adressée au lieutenant-gouverneur sir Edmund Walker Head fut lue à l’Assemblée le 7 mars 1850. Il y demandait copie des lettres du principal donnant les motifs de l’expulsion et un compte rendu de tout l’argent versé par le gouvernement en 1849 pour le maintien de l’école et le salaire du personnel du collège. Gregory fut informé de tout mais ses efforts soutenus jusqu’en 1854 ne lui apportèrent aucune réparation pour les injustices dont il s’était plaint.

En 1853, en tant que secrétaire du conseil de l’Éducation, Gregory se trouva mêlé à un débat acerbe avec d’Avray, devenu surintendant de l’Éducation, professeur de langues modernes au King’s College et instructeur à temps partiel à la Collegiate School. Une fois de plus, un autre fils de Gregory était à l’origine du conflit. Gregory fit paraître dans les journaux plusieurs lettres amères critiquant les vues de d’Avray sur l’éducation ; ce qui au début était un conflit de personnalité se transformait en un affrontement entre les diverses théories concernant l’enseignement. D’Avray fut accusé d’être du côté de l’élite réservant l’enseignement classique à la minorité fréquentant les écoles secondaires, tout en limitant les écoles paroissiales à l’instruction élémentaire.

En 1854, le bureau de surintendance de d’Avray prit à sa charge les fonctions du secrétaire du conseil de l’Éducation et Gregory perdit son poste. À plusieurs reprises, au cours des années 1850, il essaya, mais en vain, d’obtenir un siège à l’Assemblée. Ses fils eurent des carrières remplies de succès et plusieurs embrassèrent des professions libérales. Bien connus du public, les affrontements orageux de Gregory avec les autorités dans le domaine de l’éducation peuvent être considérés comme rien de plus que les agissements d’un père trop ardent pouvant aller jusqu’aux moyens extrêmes sinon parfois jusqu’à la déraison. Mais ses revendications furent comme l’écho d’un mécontentement largement répandu face à un système d’éducation qui favorisait les riches aux dépens de la majorité de la population.

Richard Wilbur

APC, MG 9, A10, 5, p.277 (mfm à la UNBL).— PANB, REX/pa/Education papers, University of New Brunswick, 1850–1859.— UNBL, King’s College, College Council, Minutes, 1849–1851.— Documents before the Council of King’s College, in the case of the expulsion of George Gregory from the Collegiate Grammar School, and the minutes of the council [...], John Gregory, compil. (Fredericton, 1850).— N.-B., House of Assembly, Journals, 1851, app., Report of secretary of Provincial Board of Education.— Head Quarters, 22 juin 1849, 1861.— Royal Gazette (Fredericton), 1833, 30 oct. 1861.— Hutchinson’s New Brunswick directory, for 1865–66 [...], Thomas Hutchinson, compil. (Montréal, [1865]).— Lovell’s Canadian dominion directory for 1871 [...] (Montréal, [1871]).— The old grave-yard, Fredericton, New Brunswick : epitaphs copied by the York-Sunbury Historical Society Inc., L. M. B. Maxwell, compil. ([Fredericton], 1938).— K. F. C. MacNaughton, The development of the theory and practice of education in New Brunswick, 1784–1900 : a study in historical background, A. G. Bailey, édit. (Fredericton, 1947), 122–143.

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Richard Wilbur, « GREGORY, JOHN (1806-1861) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gregory_john_1806_1861_9F.html.

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Auteur de l'article:    Richard Wilbur
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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