GUY, LOUIS, juge de paix, notaire, fonctionnaire, officier de milice et homme politique, né le 27 juin 1768 à Montréal, fils de Pierre Guy*, marchand et propriétaire terrien, et de Marie-Josephte Hervieux ; le 19 octobre 1795, il épousa Josette Curot, de Montréal, et ils eurent quatre fils et cinq filles ; décédé le 17 février 1850 dans cette ville.

La famille de Louis Guy, l’une des plus distinguées de Montréal, descendait de Nicolas Guy, de Paris, grand chambellan sous Louis XIV. En premier lieu, Louis acquit une formation d’arpenteur. Il passa l’hiver de 1791–1792 au College of New Jersey, à Princeton, pour apprendre l’anglais ; son frère Étienne* fréquenta le même établissement quelques années plus tard. À son retour, Louis étudia le droit dans le cabinet de Joseph Papineau et, le 31 août 1801, fut reçu notaire. Il réussit très bien dans cette profession et devint notaire du roi en 1828. À ce titre, il exécuta de nombreux travaux lucratifs pour le gouvernement et l’armée.

Major du 5e bataillon de la milice d’élite incorporée au cours de la guerre de 1812, Guy prit part à la bataille de Châteauguay sous le commandement du lieutenant-colonel Charles-Michel d’Irumberry* de Salaberry. Une fois la paix conclue, il continua de s’intéresser à la milice et n’épargna ni temps ni argent pour en accroître l’efficacité. Aussi fut-il promu colonel en 1830, distinction rare pour un Canadien. Pendant la réorganisation de la milice, la même année, l’administrateur sir James Kempt* le consulta fréquemment sur des questions relatives aux unités de Montréal.

En 1822, Guy avait été à la tête des Canadiens opposés au projet d’union du Bas et du Haut-Canada. Le 7 octobre, à Montréal, il avait présidé la première assemblée de citoyens qui s’opposaient à cette mesure. En compagnie de Louis-Joseph Papineau*, de Denis-Benjamin Viger*, de Pierre-Dominique Debartzch et d’autres notables, il avait organisé dans la ville un comité constitutionnel pour faire campagne contre l’union. Le 10 juillet 1823, c’est lui qui informa les comités constitutionnels de toute la province que les délégués envoyés à Londres pour défendre leurs intérêts, Papineau et John Neilson, avaient eu gain de cause : le gouvernement britannique avait écarté le projet d’union.

Par la suite, Guy évita de se mêler de politique populaire, surtout à mesure que le mouvement réformiste de la province, sous la direction de Papineau, se montrait plus agressif. Grâce à sa compétence et sa promptitude à accepter des responsabilités publiques, il obtint de nombreuses commissions. La première avait été celle de juge de paix du district de Montréal en avril 1800. Par la suite, il se vit confier régulièrement d’autres fonctions, dont celles de commissaire de la voirie et des ponts de la ville et de la région Montréal, syndic de la Maison d’industrie, commissaire du recensement, commissaire chargé de la construction des églises et des presbytères, en plus de recevoir une commission d’audition et de jugement des causes criminelles. Le 20 décembre 1830, lord Aylmer [Whitworth-Aylmer] qui, comme son prédécesseur Kempt, le tenait en très haute estime le nomma au Conseil législatif.

Comme il bénéficiait d’une position sociale et financière sûre, qu’il était doué d’énergie, de compétence et d’affabilité, Guy fut l’un de ces chefs conservateurs de la population canadienne qui appuyaient le régime politique en place et travaillaient à l’intérieur de ses cadres. À l’instar de la plupart des habitants de la province, il désapprouvait l’opposition illégale. Pourtant, lorsqu’à la fin de novembre 1837 des combats éclatèrent entre les insurgés et les troupes gouvernementales à Saint-Denis et à Saint-Charles-sur-Richelieu, il hésita à soutenir les juges de paix de Montréal, qui résolurent de demander au gouverneur lord Gosford [Acheson] de proclamer la loi martiale dans le district. Il espérait, comme son ami intime Jacques Viger*, premier maire de la ville, que l’armée pourrait mater rapidement l’insurrection sans qu’il faille recourir à de telles extrémités. Son fils Louis, alors officier, faisait partie des soldats que sir John Colborne* avait affectés spécialement à la mobilisation, à Montréal, de volontaires loyalistes.

Louis Guy siégea au Conseil législatif jusqu’en mars 1838 et exerça le notariat jusqu’en 1842. Il partageait avec son ami Viger une passion pour l’histoire du Bas-Canada et avait, disait-on, des talents certains d’archéologue amateur.

Elinor Kyte Senior

ANQ-M, CE1-51, 28 juin 1768, 19 oct. 1795, 17 oct. 1850.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 239 : 382 ; RG 68, General index, 1651–1841.— AUM, P 58.— La Minerve, 18 févr. 1850.— Montreal Gazette, 20 févr. 1850.— Louis Guy, « Lettre de Louis Guy, président du comité constitutionnel de Montréal aux comités des comtés », BRH, 38 (1932) : 443–446.— C.-M. d’Irumberry de Salaberry, « Lettre de Charles de Salaberry à Louis Guy », BRH, 38 : 135.— L.-J. Papineau, « Lettres de Louis-Joseph Papineau à Louis Guy », BRH, 34 (1928) : 81–104.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891).— Officers of British forces in Canada (Irving).— Turcotte, le Conseil législatif.— W. H. Atherton, Montreal, 1535–1914 (3 vol., Montréal et Vancouver, 1914), 3.— Chapais, Cours d’hist. du Canada, 3.— François Daniel, Notice sur la famille Guy et sur quelques autres familles (Montréal, 1867).

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Elinor Kyte Senior, « GUY, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/guy_louis_7F.html.

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Auteur de l'article:    Elinor Kyte Senior
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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