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HAYES (Hays), MOSES JUDAH, homme d’affaires et fonctionnaire, né à Montréal en 1799, fils unique d’Andrew Hayes et d’Abigail David, décédé à Montréal le 12 novembre 1861.
Le père de Moses Judah Hayes, un commerçant new-yorkais d’origine hollandaise, était venu s’établir à Montréal vers 1763. Il connut de rapides succès en affaires et il devint un membre éminent de la communauté juive qui s’implantait autour de la synagogue Shearith Israel. Moses, tout en restant fidèle à la vocation commerciale et aux obligations religieuses de sa famille, s’intéressait vivement aux fonctions publiques ainsi qu’aux affaires municipales.
Durant sa jeunesse, Hayes occupa un poste de commis au Royal Engineers’ Office, mais il ne tarda pas à résigner ses fonctions pour consacrer plus de temps aux intérêts commerciaux de la famille. Bien qu’il possédât dans la ville une quantité importante de riches biens immobiliers, dont une partie lui avait été léguée par la famille de sa mère, et qu’il fût membre du conseil d’administration de plusieurs sociétés, dont la compagnie de gaz de Joseph Masson* et la Banque d’Épargnes et de Prévoyance de Montréal, la fortune semblait ne pas vouloir lui sourire. En 1832, par exemple, il mit sur pied une compagnie dont il détenait la majorité des actions avec son beau-frère Isaac Valentine de Trois-Rivières, afin d’acheter de Thomas Porteous l’aqueduc et les bains municipaux de Montréal au prix de £60 000. Il fit remplacer les conduites d’eau de quatre pouces par des conduites de dix pouces et installer une pompe à vapeur plus puissante, mais les améliorations qu’il apporta au système ne lui permirent pas de relever la situation financière de l’entreprise. En 1845, après plusieurs années de mécontentement public, il ne fut pas caché de vendre l’aqueduc à la ville de Montréal pour la somme de £50 000. La faillite de la Banque d’Épargnes et de Prévoyance de Montréal, survenue en 1848 par suite d’une mauvaise administration, et la dépréciation des valeurs, des titres et des biens immobiliers vinrent compliquer ses activités commerciales, car il avait fait des emprunts considérables à cette banque à titre d’administrateur-gérant de l’établissement de février 1845 à avril 1846. Entre 1848 et 1852, alors que l’économie était généralement à la baisse, la Banque de Montréal lui envoya de nombreux protêts parce qu’il ne remboursait pas les emprunts qu’il avait contractés. Cependant, Hayes était loin de se trouver dans le dénuement. Peu de temps après la vente de l’aqueduc, il avait ouvert un hôtel élégant et un théâtre sur une propriété de valeur qu’il possédait au carré Dalhousie, pour remplacer le théâtre Molson démoli en 1845. Haute de quatre étages et construite en pierre, avec son théâtre logé à l’arrière, la Hayes House était administrée par George F. Pope, l’ancien gérant de l’hôtel Donegana. Durant l’hiver, un orchestre allemand et des danses viennoises étaient à l’affiche. En 1849, toutefois, après l’incendie de l’édifice du parlement, Hayes n’hésita pas à louer son immeuble au parlement de la province du Canada pour une période de six mois au prix de £125 par mois. L’établissement fut lui-même détruit de fond en comble trois ans plus tard, durant le grand incendie de 1852, et Hayes – dont l’épouse, Abigail Levy, était décédée au cours de l’année 1840 en lui laissant cinq enfants-passa le reste de sa vie dans une pension de famille.
Doué « d’une vigueur et d’une énergie indomptables », Hayes obtint plus de compensation dans le travail qu’il accomplit auprès de son groupe ethnique et de ses concitoyens. Durant toute sa vie, il consacra son temps et ses ressources à l’amélioration du sort de la communauté juive. Avec Benjamin Hart*, en 1826, il fut à l’origine du mouvement qui permit aux fidèles de Shearith Israel d’obtenir une nouvelle synagogue en 1838. Il devint conseiller et président de la communauté et, en 1847, il contribua à la fondation de la Hebrew Philanthropic Society.
Cependant, les activités sociales de Hayes ne se limitaient pas à ses coreligionnaires. Membre de la Grande Loge provinciale des francs-maçons, où il avait le rang de porte-glaive, il faisait également partie de l’Institut des artisans de Montréal, dont il fut secrétaire-archiviste durant plusieurs années, et de la Société d’agriculture du comté de Montréal, qu’il présida de 1846 à 1851.
Par le rôle important qu’il joua dans les affaires municipales, Hayes aida à obtenir pour les juifs canadiens le droit d’accéder aux fonctions publiques. En août 1837, Hayes et Benjamin Hart, deux alliés paisibles mais sûrs du gouvernement et des marchands tories de Montréal, furent nommés juges de paix ; ils devenaient les premiers juifs canadiens à occuper ce poste. Hayes remplit cette fonction jusqu’à son décès. En 1849, la ville le nomma membre du Bureau central de santé. Reconnu pour son équité et sa loyauté, il obtint le poste de chef de la police municipale en 1854, avec grade de capitaine et la direction de quelque 100 constables, ce qui n’était pas une occupation de tout repos dans un milieu où les conflits de race et de religion n’étaient pas rares. Il accomplit néanmoins avec succès, semble-t-il, ses difficiles fonctions.
Moses Judah Hayes mourut d’une crise cardiaque le 12 novembre 1861. Malgré ses insuccès dans le domaine des affaires, il avait gagné le respect et la confiance de ses concitoyens, et il avait aidé la communauté juive à obtenir le droit d’occuper des charges publiques.
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Carman Miller, « HAYES (Hays), MOSES JUDAH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hayes_moses_judah_9F.html.
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Auteur de l'article: | Carman Miller |
Titre de l'article: | HAYES (Hays), MOSES JUDAH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 9 déc. 2024 |