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HAYR, ANNIE LINDA (Jack), institutrice, auteure, horticultrice et chroniqueuse horticole, née le 1er janvier 1839 dans le Northamptonshire, Angleterre, fille de John Hayr ; le 13 juin 1860, elle épousa probablement à Saint-Rémi, Bas-Canada, Robert Jack (décédé en 1900), et ils eurent 12 enfants, dont 11 parvinrent à l’âge adulte ; décédée le 15 février 1912 à Châteauguay Basin (Châteauguay, Québec).
Annie Linda Hayr immigra aux États-Unis en 1852 et reçut une excellente formation au Troy Female Seminary à Troy, dans l’État de New York. Son goût pour l’écriture se manifesta bientôt ; une de ses compositions scolaires parut dans le Troy Daily Times. Les meilleures élèves de l’école assistaient souvent les instituteurs tout en terminant leurs études ; à 16 ans, Annie Linda était première assistante dans les écoles gratuites de Troy.
Mlle Hayr obtint un poste d’institutrice à Châteauguay, dans le Bas-Canada, à quelques milles au sud de Montréal, où elle fit la connaissance de son futur mari, un Écossais d’origine nommé Robert Jack. Après leur mariage en 1860, ils s’installèrent dans une ferme de 240 acres, Hillside ; propriété de Jack, elle était située à Châteauguay Basin. Voyant que les femmes de fermiers avaient peu de revenus à elles, Mme Jack demanda un acre pour le cultiver à son gré ; les bénéfices seraient son argent de poche. Une vingtaine d’années plus tard, un périodique new-yorkais auquel elle collaborait régulièrement, le Rural New Yorker, décrirait les résultats de cette initiative. Sous son influence, une multitude d’arbres fruitiers, d’arbrisseaux et de vignes furent plantés à Hillside, et une serre fut construite. De 1877 à 1890, elle participa régulièrement à la rédaction d’articles de la Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec et remporta des prix aux expositions de cet organisme. Ses articles, rédigés dans un style clair, s’appuyaient sur ses nombreuses lectures et sur sa correspondance avec d’autres horticulteurs, mais surtout sur ses propres observations et nombreuses expériences. Elle-même et son mari acquirent une réputation de fruiticulteurs et de maraîchers industrieux et prospères. En 1876, par exemple, ils plantèrent plus de 1000 nouveaux pommiers dans leur verger ; quelques années plus tard, ils expédiaient des pommes en Angleterre. Dans les années 1890, ils vendraient également une variété d’arbres fruitiers, d’arbustes et de plantes.
Même si Mme Jack donna naissance à ses enfants à des intervalles rapprochés, elle trouvait le temps de continuer à écrire. Deux poèmes parurent dans le Montreal Daily Witness en 1873–1874 ; l’un d’eux évoquait la mort d’un jeune enfant. Mme Jack enseignait à ses enfants à la maison et s’efforçait de se tenir au courant des progrès de la science. Dans les années 1870 et 1880, elle correspondit avec le géologue John William Dawson*, directeur du McGill College, afin de trouver des mentors pour ses fils et d’avoir elle-même accès à des muséums et à des conférences scientifiques. (Son fils John George deviendrait un dendrologue réputé aux États-Unis.) En outre, elle exposait ses idées sur l’instruction scientifique et la formation dans les écoles rurales. Elle avait peu d’échanges intellectuels avec des Canadiens, et elle le ressentait vivement. Une fois, elle expliqua qu’elle avait reçu plus d’encouragements pour son travail de Boston que de Montréal et ajouta cette remarque lourde de sens : « le Canada est mon pays d’adoption et le pays natal de mes enfants, et je veux lui donner et en recevoir davantage que dans le moment ». Peut-être est-ce dans l’espoir de briser son isolement qu’elle appartint à la Montreal Ladies’ Educational Association en 1882–1883.
Dans les années 1880 ou au début des années 1890, Annie Linda Hayr Jack écrivit une série populaire d’articles sur des thèmes sociaux pour le Montreal Witness sous le pseudonyme de Loyal Janet. Des articles d’elle paraissaient régulièrement dans le Waverley Magazine de Boston, et elle publia, semble-t-il, un grand nombre de nouvelles et de poèmes dans des revues américaines pour adultes, dont le Good Cheer de Greenfield, au Massachusetts, ainsi que dans le Wide Awake de Boston et d’autres périodiques pour enfants. Un article sur les nouveaux domaines de travail accessibles aux femmes attira l’attention du Harper’s Young People de New York, qui lui commanda un article sur le même sujet. En 1895, sa réputation était bien établie ; le Montreal Women’s Club lui décerna le titre de membre honoraire. En 1897, on put lire dans l’American Women [...] que sa maison, havre confortable et raffiné où l’on privilégiait les arts, la musique, les fleurs et l’éducation, était l’une des « attractions du dominion ».
Du 30 avril 1898 jusqu’à 1903 au moins, Mme Jack tint une longue chronique hebdomadaire dans le Montreal Daily Witness. Cette chronique, qui en vint à s’appeler « Garden talks », s’ouvrait en général par un paragraphe sur une question sociale ou morale, abordait divers aspects du jardinage et répondait à des questions de lectrices ou de lecteurs. Entre-temps, Mme Jack continua d’écrire pour des périodiques spécialisés, notamment le Canadian Horticultural Magazine de 1897 à 1899 et le Canadian Horticulturist de 1901 à 1911. Son seul livre sur l’horticulture, The Canadian Garden, parut en 1903 et connut une deuxième édition en 1910. Important dans l’histoire du jardinage, il était l’un des rares ouvrages canadiens offerts à cette époque et, selon l’historienne Edwinna von Baeyer, il « influença des jardiniers de tout l’est du Canada ». Mélange de conseils pratiques et de passages quasi lyriques, il témoigne que, pour l’auteure, l’utilité morale du jardinage n’était pas moindre que son utilité matérielle. L’illustre horticulteur américain Liberty Hyde Bailey décrivit son jardin, qui attirait nombre de visiteurs, comme l’un des plus originaux de l’Amérique du Nord et inclut en 1915 une biographie d’elle par Linus Woolverton dans sa Standard cyclopedia of horticulture.
Moins connus, les autres écrits d’Annie Linda Hayr Jack furent quand même importants. En 1902, elle avait fait paraître The little organist of St. Jerome [...], recueil de nouvelles déjà publiées ailleurs. Situées principalement dans le Québec rural, ces histoires – pour la plupart sentimentales, avec des accents moraux – sont pleines de couleur locale, notamment parce que l’auteure a tenté d’y rendre le dialecte canadien-français. En 1904, Mme Jack publia un petit livre de poésie, Rhyme-thoughts for a Canadian year. À n’en pas douter, lorsqu’elle mourut, à l’âge de 73 ans, cette mère de famille, maîtresse de maison, écrivaine et horticultrice avait atteint son but, apporter sa contribution à son pays d’adoption.
Nous aimerions remercier Pleasance Crawford, de Toronto, Carole Gerson, de Burnaby, C.-B., et Catherine Swann, de Châteauguay, Québec, pour leur aide.
Annie Linda Hayr (Jack) a publié, semble-t-il, de nombreux poèmes, nouvelles et articles dans des périodiques américains, mais il n’a pas été possible de les retrouver pour la plupart. Elle est aussi l’auteure de deux poèmes qui ont paru dans le Montreal Daily Witness du 14 oct. 1873 et du 16 avril 1874. Le Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald) énumère 12 des 17 articles qu’elle a écrits pour le Montreal Horticultural Soc. and Fruit Growers’ Assoc. of the Province of Quebec, Report, 1877–1890, 9 articles pour le Canadian Horticultural Magazine (Montréal), 1 (1897–1898)–2 (1898–1899) et 6 des 7 articles que nous avons trouvés dans le Canadian Horticulturist (Toronto), 24 (1901)–34 (1911). Un article rédigé par Mme Jack a été publié dans Proceedings of a convention of fruit growers of the Dominion of Canada held at Ottawa on the 19th, 20th and 21st February, 1890 (Ottawa, 1890 ; exemplaire conservé aux AO). De plus, Mme Jack est l’auteure de The little organist of St. Jerome, and other stories of work and experience (Toronto, 1902), The Canadian garden : a pocket help for the amateur (Toronto, 1903 ; 2e éd., 1910), Rhyme-thoughts for a Canadian year (Toronto, 1904 ; éd. rév., 1905) et Maple lore (Montréal, 1910). Un des poèmes dans Rhyme-thoughts a paru séparément sous le titre Belated violets (s.l., s.d.). La chronique que Mme Jack publiait sous le titre « Garden talks » a paru le samedi dans le Montreal Daily Witness, de 1898 au moins jusqu’en 1903. [p. m. c.]
AN, RG 31, C1, 1861, 1871, 1881, 1891, Châteauguay.— ANQ-M, CE7-52, 1860–1864 ; CE7-53, 1866–1880.— EAC, Diocese of Montreal Arch., Saint-Rémi, Protestant Episcopal Church (Saint-Rémi, Québec), RBMS, 13 juin 1860. McGill Univ. Arch. (Montréal), MG 1022 (J. W. Dawson papers).— Montreal Daily Star, 16 févr. 1912.— Montreal Daily Witness, 1869–1903.— Gazette (Montréal), 17 févr. 1912.— American women [...], F. E. Willard et M. A. [Rice] Livermore, édit. (éd. rév., 2 vol., New York, 1897 ; réimpr., Detroit, 1973).— L. H. Bailey, « Originality in gardens », Garden Magazine (New York), 1 (1905), no 1 : 17.— Canadian Farm (Toronto), 1er mars 1912 : 9 ; 8 mars 1912 : 9.— Ann Leighton, American gardens of the nineteenth century (Amherst, Mass., 1987).— Literary history of Canada : literature in English, C. F. Klinck et al., édit. (2e éd., 4 vol., Toronto, 1976–1990), 1 : 302s.— Montreal Ladies’ Educational Assoc., Report, 1882–1883.— Montreal Women’s Club, Report, 1900–1901.— Standard cyclopedia of horticulture [...], L. H. Bailey, édit. (6 vol., New York, 1914–1917), 3 : 1581.— Types of Canadian women [...], H. J. Morgan, édit. (Toronto, 1903).— Edwinna von Baeyer, Rhetoric and roses : a history of Canadian gardening, 1900–1930 (Markham, Ontario, 1984).
Paulette M. Chiasson, « HAYR, ANNIE LINDA (Jack) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hayr_annie_linda_14F.html.
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Auteur de l'article: | Paulette M. Chiasson |
Titre de l'article: | HAYR, ANNIE LINDA (Jack) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 13 déc. 2024 |