HOLMES, ELKANAH, missionnaire baptiste, né le 22 décembre 1744, probablement à Canterbury, New Hampshire ; de son premier mariage à New York, vers 1763, il eut deux fils et une fille, puis il se remaria à Bedford, New York, et de cette union naquirent deux fils ; finalement, le 26 juin 1802, il épousa à New York la veuve de James Bingham ; décédé le 17 janvier 1832 à Bedford.

Elkanah Holmes fit d’abord carrière dans l’armée et participa avec les Britanniques à la prise du fort Carillon (près de Ticonderoga, New York) en 1759 et à celle de La Havane, à Cuba, en 1762. Il fut baptisé vers 1770 et ordonné ministre baptiste quatre ans plus tard environ. Ardent républicain, il servit durant la guerre d’Indépendance américaine dans un régiment du New Jersey, à la fois comme aumônier et combat-tant. Après la guerre, il occupa un certain nombre de postes de pasteur : le plus remarquable fut le dernier, à l’île Staten, dans l’état de New York, où, en 1786, il joua un rôle prépondérant dans la fondation de la première église baptiste. En 1791, il fut l’un des fondateurs et le premier modérateur de la New York Baptist Association. Six ans plus tard, il publia à l’intention des congrégations baptistes A church covenant [...], où s’exprimaient un strict calvinisme et le principe de l’Église de communiants.

En 1796, Holmes avait informé l’association de son désir de voyager chez les Indiens qui vivaient à l’ouest de l’état de New York. Ce souhait annonçait sa carrière de missionnaire pour laquelle il est surtout connu. En 1797 et 1798, il visita les bandes du comté d’Oneida ; deux ans plus tard, la New York Missionary Society, qui regroupait baptistes et presbytériens, l’employa pour ouvrir des missions chez les Indiens à l’est du Niagara. Holmes établit sa résidence au village de Tuscarora près de Lewiston ; il prêchait l’Évangile aux Tuscarorens et aux Tsonnontouans, et bénéficia quelque temps, semble t-il, de l’appui du chef tsonnontouan Red Jacket [Shakóye:wa:thaˀ]. Au début de 1801, il visita la rivière Grand pour solliciter les conseils de Joseph Brant [Thayendanegea*] qui, en fait, cherchait surtout à placer des jeunes Indiens dans des écoles missionnaires. C’était la première fois qu’un ministre baptiste accrédité partait des États-Unis pour s’aventurer dans le Haut-Canada. Au début des années 1800, plusieurs associations baptistes américaines encouragèrent activement l’établissement de congrégations dans cette province. La résidence de Holmes près de Lewiston devint une étape habituelle pour leurs représentants et, à plu-sieurs reprises, il franchit la frontière avec eux pour aller prêcher.

En 1807, Holmes fut congédié par sa société, dont les baptistes s’étaient d’ailleurs retirés l’année précédente. Ayant prêché occasionnellement à Queenston, dans le Haut-Canada, il entreprit en 1808 d’y fonder une petite église avec l’appui des sociétés missionnaires baptistes du Massachusetts et de l’état de New York. Jusqu’en 1810, il fut aussi ministre d’une église située dans ce qui est aujourd’hui Beamsville. À l’instar de son confrère, le prédicateur baptiste Elijah Bentley* à York (Toronto), Holmes accueillit les troupes américaines d’invasion en 1813 et il eut une fois l’occasion de recevoir leurs officiers. En décembre de la même année, leur officier commandant, forcé de battre en retraite, fit envoyer un chariot pour Holmes et sa femme. La famille put ainsi aller se mettre à l’abri, non sans d’abord connaître bien des péripéties : les Britanniques la capturèrent, le lieutenant-colonel Cyrenius Chapin vint à sa rescousse dans des circonstances dramatiques et elle dut fuir Buffalo quand la ville fut incendiée par les Britanniques. Holmes demeura plusieurs années dans la région de Canandaigua, puis s’installa à Bedford en 1818, à l’âge de 74 ans. De 1814 jusqu’à sa mort en 1832, il n’occupa aucun poste régulier, mais il continua de prêcher dans des « églises sans ressources » et d’encourager l’appui à la cause missionnaire. La congrégation de Queenston ne subsista pas après son départ ; pourtant, jusqu’en 1817, Holmes rapporta que son revenu était en grande partie assuré par ses amis canadiens.

Les personnes qui avaient rendu visite à Holmes au village de Tuscarora manifestaient un enthousiasme unanime quand elles parlaient de son programme, tant sur le plan scolaire que sur le plan religieux, ou de la réaction qu’il suscitait auprès des Indiens. Après son départ, cependant, les membres du conseil d’administration de la New York Baptist Missionary Society affirmèrent que, comme Holmes ne parlait aucun dialecte indien, la mission de Tuscarora n’avait jamais pu espérer se développer au point de justifier les dépenses qu’elle avait engagées. Avant d’arriver dans le Haut-Canada, Holmes avait servi de propagateur pour les missions indiennes relevant de sa secte, et ce rôle était probablement le plus important de ceux qu’il avait joués. Durant de nombreuses années, il entretint une correspondance, dûment rapportée à son association, avec une diversité de bandes. Parmi elles se trouvaient les Iroquois de Caughnawaga (Kahnawake, Québec), qui demandaient aux baptistes de leur fournir des instructeurs dans le domaine agricole, tout en ne montrant qu’un faible intérêt pour leurs croyances.

Elkanah Holmes était typique des prédicateurs autodidactes qui agissaient en pionniers, par des qualités telles que la force de conviction, la prompti-tude à discuter et l’originalité des manières. Il était également apte au commandement, ce qui lui valut la confiance de ses collègues. En 1814, il résolut d’abandonner la politique, et il devint alors presque impossible de le provoquer en controverse ou même de le faire paraître en public. Selon un de ses contemporains, William Leete Stone, Holmes avait l’air « vraiment patriarcal » à la fin de sa vie. « Ses longs cheveux blancs tombaient sur ses épaules ; ses manières étaient remarquablement impressionnantes et tout son comportement était celui d’un homme prêt à entrer au paradis. »

John Webster Grant

Un instantané d’un tableau présenté comme étant le portrait d’Elkanah Holmes se trouve dans une des collections de l’American Baptist Hist. Soc. (Rochester, N. Y.). Ce portrait ne répond pas à la description que l’on connaît de Holmes à la fin de sa vie, mais peut-être correspondrait-il à celle d’un Holmes plus jeune. [j. w. g.]

A church covenant ; including a summary of the fundamental doctrines of the Gospel, compilé par Elkanah Holmes, fut publié à New York en 1797. Une édition subséquente, adoptée par la First Baptist Church of Baltimore, Md., parut en 1818. Une partie de la correspondance de Holmes a été publiée sous le titre de « Letters of the Reverend Elkanah Holmes from Fort Niagara in 1800 : his work among the Tuscaroras, the Senecas, and in Buffalo », Buffalo Hist. Soc., Pub. (Buffalo, N.Y.), 6 (1903) : 187–205.

American Baptist Hist. Soc., Elkanah Holmes, personal papers.— Canadian Baptist Arch., McMaster Divinity College (Hamilton, Ontario), First Baptist Church (Beamsville, Ontario), minute-books, 1807–1832 (copie dactylographiée).— Baptist annual reg. (Londres), 3 (1798–1801) : 369–376, 421–423.— Buffalo Hist. Soc., Pub., 6.— Mass. Baptist Missionary Magazine (Boston), 1 (1803–1808)–2 (1808–1810).— New York Baptist Assoc., Minutes, 1791–1839.— New York Missionary Magazine and Repository of Religious Intelligence (New York), 1 (1800) 381–388.— William Parkinson, The funeral sermon of Elder Elkanah Holmes, preached in the meeting house of the First Baptist Church in the city of New York, Lord’s Day, Feb. 26, 1832 (New York, 1832).— Deidamia Covell Brown, Memoir of the late Rev. Lemuel Covell, missionary to the Tuscarora Indians and the province of Upper Canada [...] (2 vol. en 1, Brandon, Vt., 1839).-S. [E. H.] Ivisonet Fred Rosser, The Baptists in Upper and Lower Canada before 1820 (Toronto, 1956).— W. L. Stone, Life of Joseph Brant – Thayendanegea [...] (2 vol., New York, 1838 ; réimpr., New York, 1969, et St Clair Shores Mich.,1970), 2.

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John Webster Grant, « HOLMES, ELKANAH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/holmes_elkanah_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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