HONEYMAN, DAVID, ministre presbytérien, géologue, professeur et conservateur de musée, né en 1817 dans le Fifeshire, Écosse ; il épousa Mary Donaldson, de Dundee, Écosse, et ils eurent trois filles ; décédé le 17 octobre 1889 à Halifax.
David Honeyman fit ses études en Écosse, à la Dundee High School et à l’University of St Andrews où il se spécialisa en langues orientales tout en étudiant les sciences naturelles. Ses connaissances dans ce dernier domaine lui permirent de remplir les fonctions de collectionneur de spécimens pour la Watt Institution à Greenock. Cependant, en 1836, Honeyman relégua les sciences au second plan et entra à l’école de théologie de l’United Secession Church. Après des études à Glasgow et à Édimbourg, il reçut l’autorisation de prêcher en 1841. À la suite de la « grande scission » dans l’Église d’Écosse en 1843, qui entraîna la fondation de l’Église libre, Honeyman se joignit à celle-ci et, sous les auspices de son comité colonial, accepta un poste de professeur d’hébreu au Free Church College à Halifax où il arriva en septembre 1848. Il y enseigna jusqu’en 1850, année où il quitta l’Église libre, renonça à ses projets de déménagement aux États-Unis et joignit les rangs de l’Église presbytérienne de Nouvelle-Écosse, laquelle, beaucoup plus que l’Église libre, adhérait au principe de la séparation de l’Église et de l’État et du soutien de l’Église par contributions volontaires, et s’opposait à l’idée d’une Église établie. Au début de 1851, il s’occupa d’œuvres missionnaires à Canso et, le 19 août, reçut l’ordination, avant de prendre en charge les paroisses de Gays River, de Shubenacadie et de Lower Stewiacke. En juin 1852, il devint membre du Board of Home Missions de son Église et accepta, en septembre 1853, la charge de la paroisse presbytérienne d’Antigonish où il demeura pendant les 15 années suivantes.
L’intérêt qu’avait porté Honeyman aux sciences, alors qu’il était étudiant, n’avait toutefois pas disparu, et la publication du livre de John William Dawson*, Acadian geology [...] (Édimbourg et Pictou, Nouvelle-Écosse, 1855), l’incita à explorer les formations rocheuses environnantes peu connues. Les études géologiques l’absorbèrent à tel point qu’en 1858 il abandonna son poste de ministre. Il continua néanmoins jusqu’à sa mort de prêcher et de prendre une part active aux œuvres de son Église ; par ailleurs, il demeura serein et peu préoccupé des contradictions entre les thèses religieuses et scientifiques qui ébranlèrent les convictions théologiques de tant de ses contemporains.
Au cours de l’année qui suivit sa démission, Honeyman fit paraître son premier écrit dans les Transactions de la Nova Scotia Literary and Scientific Society ; il y traitait des roches fossilifères d’Arisaig dans le comté d’Antigonish. L’article, premier d’une longue série, établit sa réputation de collaborateur sérieux dans le champ à peine exploré de la géologie de la Nouvelle-Écosse. Il arrivait, de plus, au bon moment : on se rendait en effet de plus en plus compte des richesses minérales potentielles de la colonie. Honeyman était donc bien placé pour solliciter, puis pour accepter, en août 1861, la mission de préparer et de transporter en Angleterre une collection de minéraux de la Nouvelle-Écosse devant figurer à l’Exposition internationale de Londres de 1862. Il devait représenter de nouveau la Nouvelle-Écosse à titre de commissaire à l’Exposition internationale de Dublin (1865), comme commissaire en chef à l’Exposition universelle de Paris (1867) et en qualité de délégué à l’Exposition internationale du centenaire de Philadelphie (1876). En 1882, il représenta également le Canada à l’Exposition internationale des pêcheries à Londres.
Honeyman avait pour but principal d’étudier et d’inventorier de façon systématique la géologie de la province, avec l’aide d’une commission géologique subventionnée par le gouvernement, comme cela s’était fait dans la province du Canada depuis 1842. Dès 1861, on avait pressé le gouvernement de la Nouvelle-Écosse d’instituer une telle commission, et les efforts précipités pour recueillir des spécimens en vue des expositions internationales de 1862 et 1865 accrurent le sentiment de l’insuffisance des connaissances de la province quant à l’importance de ses ressources minéralogiques. Honeyman espérait diriger cette commission, mais fut amèrement déçu lorsqu’en 1864 les mesures promises par le gouvernement de Charles Tupper* ne furent pas adoptées. Des restrictions financières persistantes et la forte possibilité qu’une telle commission puisse être intégrée à la Commission géologique du Canada, par suite de l’avènement de la Confédération, empêchèrent sans doute la création d’une commission indépendante. Dans l’intervalle, Honeyman se consola en acceptant pour 1864–1865 le mandat de préparer un bref survol de la géologie de la Nouvelle-Écosse. Il collabora étroitement à l’exécution de ce projet avec Henry How*, professeur d’histoire naturelle et de chimie au King’s College de Windsor, Nouvelle-Écosse, collège qui décerna à Honeyman un doctorat honorifique en droit civil en 1864. Il travailla également pendant une courte période en 1868 pour la Commission géologique du Canada, sous les ordres de sir William Edmond Logan*.
Honeyman connut plus de succès dans la création du Provincial Museum de Halifax, l’actuel Nova Scotia Museum. Appuyé particulièrement par John Robert Willis* et Andrew MacKinlay*, Honeyman persuada le gouvernement provincial de lui fournir de l’espace pour loger les collections recueillies si péniblement pour les expositions internationales, ainsi que celles du défunt Halifax Mechanics’ Institute. Le musée ouvrit ses portes en 1868, Honeyman occupant le poste de conservateur. Les premières années s’avérèrent toutefois difficiles, car le musée ne reçut pas de sanction ni de crédits de l’Assemblée avant 1872. Sous l’administration de Honeyman de 1868 à 1889, le budget annuel du musée, son salaire compris, dépassa rarement $1 300. Gêné par le manque de fonds et d’espace, il put néanmoins augmenter considérablement les collections, notamment les collections géologiques, et accroître sa réputation ainsi que celle du musée en publiant de nombreux écrits.
Les collections géologiques minutieusement assemblées par Honeyman lui valurent des médailles aux expositions internationales des décennies 1860 et 1870 ; ses relations avec des savants éminents aboutirent par ailleurs à son élection en 1862 à titre de membre d’organismes scientifiques comme la Société géologique de France, la Society of Arts and Letters, l’Horticultural Society et la Geologists’ Association of London. Il devint également fellow de la Geological Society of London et membre fondateur de la Geological Society of America ; il reçut la médaille Mantuan du mérite scientifique et, en 1882, fut l’un des premiers fellows de la Société royale du Canada. Honeyman maintint sa réputation d’érudit en publiant environ 58 articles sur la géologie de la Nouvelle-Écosse. Bien que ses travaux parussent dans des revues internationales respectées, il les publiait de préférence dans les Proceedings and Transactions du Nova Scotian Institute of Natural Science, dont il devint membre en 1866 et à l’établissement duquel il avait sans doute contribué en 1862. Il rehaussa la réputation de l’institut en se joignant à son conseil en 1870, en devenant son secrétaire en 1871 et en acceptant de diriger la publication de ses Proceedings en 1887 ; il remplit toutes ces fonctions jusqu’à sa mort. Il fit preuve également dans ses dernières années d’un intérêt croissant pour la biologie marine. Dans les années 1870, il se montra aussi actif dans le domaine de l’éducation, tentant, sans succès, d’établir dans le climat de contraintes financières de cette décennie des écoles de mines, de sciences et de technologie. Il aida à fonder la première faculté de sciences à la Dalhousie University en 1878 ; il y enseigna la géologie, sans être payé, et donna également des cours au musée.
Comme tant de ses contemporains, David Honeyman était un amateur qui s’éleva au rang d’homme de science tout en contribuant à l’établissement d’une nouvelle branche du savoir. Il fit beaucoup pour vulgariser la géologie en Nouvelle-Écosse, à la fois par ses écrits et par le musée provincial. Fait peut-être tout aussi remarquable à une époque de conformisme religieux, il sut pendant toute sa carrière conserver une crédibilité inattaquable sur le plan religieux et clérical, tout en maintenant une attitude scientifique qui en fit le propagateur approprié d’une science naissante encore tenue pour suspecte d’hérésie par la majorité croyante de la population.
David Honeyman est l’auteur de Giants and pigmies, geological ([Halifax, 1887]). Une bibliographie complète de ses ouvrages se trouve dans Bibliography of the geology of Nova Scotia, D. J. Gregory, compil. (Halifax, 1975).
Dalhousie Univ. Arch.,
William D. Naftel, « HONEYMAN, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/honeyman_david_11F.html.
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Auteur de l'article: | William D. Naftel |
Titre de l'article: | HONEYMAN, DAVID |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 12 nov. 2024 |