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IRVING, WILLIAM, capitaine au long cours et armateur, né le 10 mars 1816 à Annan, dans le Dumfrieshire, en Écosse, décédé le 28 août 1872 à New Westminster, en Colombie-Britannique.
Pendant la jeunesse de William Irving, Annan était un centre de construction navale et son père était charpentier sur un des chantiers. Quant à William, il s’embarqua comme mousse en 1831 sur le brick Helen Douglas qui avait été construit dans la région. Par la suite, il servit sur des bateaux qui allaient à New York et il travailla quelque temps, raconte-t-on, sur des bateaux à vapeur, dans le Nouveau-Brunswick.
Attiré vers la côte du Pacifique par l’or que l’on découvrait en Californie, le capitaine Irving et un associé firent l’acquisition du trois-mâts Success à bord duquel ils rallièrent San Francisco en mai 1849. En août, Irving alla s’installer à Portland, dans l’Oregon, où il devint par la suite propriétaire d’immenses domaines ; d’ailleurs, un des faubourgs de cette ville s’appelle encore Irvington. En 1851, Irving devint copropriétaire du vapeur Eagle, le premier d’une série de vapeurs qui entrèrent en service sur le fleuve Columbia et sur la rivière Willamette et dont Irving était en partie propriétaire. La ruée vers l’or du fleuve Fraser l’attira vers le nord et, en 1859, il acheta des actions de la British Columbia and Victoria Steam Navigation Company dont il devait devenir rapidement le principal actionnaire. La compagnie exploitait, entre Victoria et New Westminster, le Governor Douglas, le premier vapeur construit en Colombie-Britannique ; elle exploitait aussi le Colonel Moody et le Maria en amont du fleuve Fraser, de New Westminster à Yale et au lac Harrison.
Pendant la période 1862–1865, alors que la ruée vers l’or du Cariboo connut son apogée, le fleuve Fraser donna lieu à une rivalité souvent intense et sans scrupule. Les conflits tarifaires furent fréquents ; certains concurrents qui avaient reçu des subsides pour retirer leurs vapeurs de la circulation les vendaient, après quoi, les nouveaux propriétaires les remettaient en service. L’inspection des vapeurs était négligée et il arrivait souvent que les chaudières explosaient. Irving lui-même échappa de justesse au danger en avril 1861 quand une explosion endommagea le Fort Yale, un bateau en concurrence avec les siens, à bord duquel il se trouvait à voyager.
Irving n’était pas satisfait des bateaux qu’il avait achetés et il les revendit tous les trois en mai 1862. Il avait décidé de faire porter tous ses efforts sur la ligne New Westminster-Yale et il commanda un nouveau bateau spécialement conçu pour cette ligne. Il s’agissait du vapeur à roue arrière, le Reliance, d’environ 300 tonneaux, lancé à Victoria en octobre et qui, à cette époque, fut le vapeur qui obtint le plus grand succès sur le fleuve Fraser. En dépit d’une dure concurrence, mais grâce à l’exploitation judicieuse d’Irving, ce vapeur ne cessa jamais d’être rentable. En 1865, Irving fit construire l’Onward, bateau de 283 tonneaux qui était une réplique améliorée du Reliance et dont les quartiers des passagers étaient plus spacieux et plus commodes ; ce navire connut d’ailleurs le même succès que son prédécesseur. Toutefois en 1866, les mines du Cariboo commençaient à s’appauvrir et la navigation sur le Fraser diminua en conséquence. Un seul des rivaux de la Pioneer Line d’Irving avait survécu et, pour réduire leurs dépenses, les deux compagnies s’entendirent pour assurer le service à tour de rôle chaque année jusqu’à la reprise des affaires.
Irving était alors devenu le citoyen sans doute le plus éminent et le plus populaire de New Westminster. Pendant plusieurs années, il siégea au conseil municipal dont il fut président en 1868. Il brassait beaucoup d’affaires et contrôlait, entre autres, l’Albion Iron Works à Victoria. Très généreux, il aurait volontiers transporté gratuitement un passager qui ne pouvait vraiment pas payer son billet, mais il n’aimait pas qu’on lui forçât la main. Quand il mourut, le Colonist de Victoria le dépeignit ainsi : « Ce navigateur intrépide, qui fit preuve d’un cran et d’un courage peu communs, eut le cœur sur la main pour ceux qui étaient dans le besoin. »
En 1851, Irving avait épousé Elizabeth Jane Dixon, née dans l’Indiana. Ils eurent quatre filles et un fils. La maison qu’Irving fit bâtir à New Westminster en 1864 fut achetée de ses petites-filles par la municipalité et elle est maintenant devenue le Irving House Historic Centre.
Pendant une douzaine d’années, William Irving régna sur la navigation du fleuve Fraser. Sous son fils, le capitaine John Irving*, la Pioneer Line s’allia aux armateurs côtiers de la Hudson’s Bay Company pour former la Canadian Pacific Navigation Company, qui devint en 1901 le British Columbia Coast Service, propriété de la compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique.
Colonist (Victoria), 1859–1872.— M. A. [Irving] Cox, Saga of a seafarer ; the annals of Capt. William Irving (New Westminster, C.-B., 1966).— Lewis and Dryden’s marine history of the Pacific northwest (Wright).— N. R. Hacking, Steamboating on the Fraser in the « sixties », BCHQ, X (1946) : 1–41 ; British Columbia steamboat days, 1870–1883. I : Fraser and Stikine River steamboats, BCHQ, XI (1947) : 69–111.
W. Kaye Lamb, « IRVING, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/irving_william_10F.html.
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Auteur de l'article: | W. Kaye Lamb |
Titre de l'article: | IRVING, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 9 nov. 2024 |