JACKSON, JAMES, ministre méthodiste, né en 1789 ou 1790, probablement dans l’état de New York ; décédé le 6 juillet 1851 à Norwich, Haut-Canada.
On ne connaît pas le passé de James Jackson, mais on sait que la famille de son père se trouvait à Potsdam, dans l’état de New York, durant la guerre de 1812, et qu’elle immigra dans le canton d’Edwardsburgh, dans le Haut-Canada, à la suite de ce conflit. Il se peut que, quelque temps après, Jackson ait remplacé provisoirement un ministre faisant office de président de district de l’Église méthodiste épiscopale, secte américaine qui avait des missions dans le Haut-Canada, et qu’il ait assisté le révérend Isaac B. Smith dans la circonscription ecclésiastique de la rue Yonge, près d’York (Toronto). Jackson obtint en 1817 une recommandation pour exercer le ministère au sein de cette Église et fut envoyé dans la circonscription de Duffin’s Creek, dans le canton de Pickering, puis revint à celle de la rue Yonge en 1818. Ordonné diacre en 1819, il fut nommé dans la circonscription de Long Point où il demeura jusqu’en 1821, soit durant trois années, période d’une longueur inhabituelle en comparaison des nominations d’un an qui étaient alors la pratique courante chez les méthodistes. De 1821 à 1824, il œuvra dans les circonscriptions de Westminster et de Thames, près de London.
Jackson était fort apprécié des fidèles. Un de ses collègues, John Saltkill Carroll*, disait qu’il « était certainement l’un des prédicateurs les plus attirants de l’époque », et ce jugement était confirmé par les succès qu’il obtenait. Au cours de sa dernière année à Long Point, Jackson signala que 102 fidèles s’étaient ajoutés aux 404 membres que sa communauté comptait en 1819, et, à Westminster, le nombre d’adhérents passa de 356 à 475. C’est à cette époque, toutefois, qu’un conflit opposa Jackson aux dirigeants de l’Église, au nombre desquels se trouvait William Case. La réunion de 1822 de la Conférence de Genesee fut en grande partie consacrée à un débat sur la situation de Jackson. Une proposition visant à l’expulser fut ramenée à une suspension temporaire de ses fonctions de ministre et à un blâme de l’évêque qui présidait la réunion. Malgré les questions qui se posaient au sujet de son caractère et de sa façon d’exercer le ministère, il fut ordonné prédicateur en 1824 et nommé de nouveau dans la circonscription de Westminster l’année suivante.
En 1826, Jackson fut mis à la retraite pour des raisons de santé et il commença de travailler comme professeur dans une école de mission à Westminster. Ses problèmes avec l’Église n’étaient pas finis pour autant et, à l’époque, la cause principale de ses conflits était les rapports qui existaient entre l’Église et l’organisation américaine dont elle était issue. Comme il souhaitait l’indépendance, Jackson s’allia avec Henry Ryan*, un de ses collègues, et il mena une campagne en faveur de la séparation complète de la section canadienne. Cet objectif fut atteint en 1828, mais les deux hommes, loin d’être satisfaits, organisèrent des réunions en vue de faire éclater la nouvelle société, appelée l’Église méthodiste épiscopale en Canada. En 1829, Jackson fut accusé d’avoir tenu des propos diffamatoires à l’endroit de certains prédicateurs et d’avoir détourné des fonds de la mission. Il ne se présenta pas pour se défendre et il fut expulsé.
Jackson aida alors Ryan à mettre sur pied l’Église méthodiste wesleyenne canadienne, une « Église réformée et pure », dont les statuts prévoyaient une représentation laïque et des élections à la présidence. Les partisans de Ryan parvinrent à attirer quelques membres de l’Église méthodiste épiscopale, mais ils ne formèrent qu’un petit groupe et, en 1833, la mort du leader porta un dur coup au mouvement. Jackson, qui s’était remis aux pénibles tournées de prédication, prit alors la tête du groupe et présida la conférence de 1835. Le problème le plus urgent auquel il devait faire face était la possibilité que les membres réintègrent l’Église méthodiste épiscopale en Canada, depuis la fusion de 1833 avec l’Église méthodiste wesleyenne. En effet, la fusion avec cette organisation britannique avait atténué l’hostilité de son groupe envers les membres de l’Église méthodiste épiscopale. Afin de parer à cette éventualité, il fit campagne pour l’union avec l’Église méthodiste New Connexion, secte anglaise qui était également favorable à une plus forte représentation laïque dans le gouvernement de l’Église. Il arriva à ses fins en 1841, lorsque les 1 915 membres de son Église se joignirent à ce groupe pour former l’Église méthodiste wesleyenne canadienne New Connexion. Jackson, qui œuvrait alors dans la circonscription du canal Welland, devint le premier président de la nouvelle organisation. « Cette union, écrivit Carroll, a mis le groupe dans une situation beaucoup plus respectable que toutes celles où il s’était trouvé auparavant. »
En 1843, la société mère britannique demanda à la mission canadienne d’envoyer quelqu’un en Angleterre pour faire rapport des activités de la filiale et pour recueillir des fonds ; Jackson fut choisi comme délégué. Le ministre qui avait été envoyé d’Angleterre pour exercer les fonctions de surintendant de la mission au Canada écrivit une lettre dans laquelle il présentait Jackson à son homologue d’Angleterre. Cette missive donne une idée des difficultés que Jackson éprouvait dans l’exercice de son ministère. « Le révérend Jackson, écrivait le pasteur, est un sanguin et un fonceur, et il laisse aux autres le soin de penser aux conséquences. Dans la gestion des affaires, il est résolu et persévérant, mais il manque de prudence. En outre, il aime beaucoup la controverse. C’est à peine s’il existe une organisation dans la province avec laquelle il n’a pas été en guerre, plus ou moins, pour des raisons de doctrine ou d’administration [...] Pour les services missionnaires et les assemblées revivalistes, je pense qu’il se révélera une acquisition. J’espère que nos amis seront indulgents pour ses manières américaines. » Son voyage fut une réussite partielle : les contributions à la société missionnaire s’accrurent du tiers en Angleterre, mais il eut moins de succès quand il demanda une aide financière pour liquider la dette de l’Église canadienne. Il proposa alors d’organiser une grande vente de charité au Canada ; des amis en Angleterre allaient donner des objets qui seraient vendus au Canada, et les profits serviraient à construire un vaste séminaire et des maisons pour les ministres, et à soutenir financièrement les missionnaires. La proposition fut acceptée et les dons arrivèrent d’Angleterre, mais on ignore ce qui en résulta.
Après son retour au Canada, James Jackson œuvra dans les circonscriptions de Hamilton et du canal Welland en 1844–1845, puis il devint ministre auxiliaire à Waterford en 1846, dans le canton de Malahide en 1847 et à Norwich en 1849–1850. Bien qu’il ait occupé une troisième fois le poste de président de la conférence en 1848, il perdit rapidement sa place de chef au sein de cette Église unie. Les personnes les plus influentes devinrent le surintendant et les prédicateurs envoyés d’Angleterre. Jackson « travailla jusqu’à ce que les infirmités grandissantes l’obligent à se retirer ». Il mourut le 6 juillet 1851 à l’âge de 61 ans. On ne sait pas s’il s’était marié. L’Église qu’il avait aidé à constituer et pour laquelle il avait travaillé sans ménager ses efforts ne compta guère plus de 7 000 fidèles durant sa meilleure période et elle fut la première, parmi les petites sectes méthodistes, à se fondre dans l’Église méthodiste du Canada en 1874.
SOAS, Methodist Missionary Soc. Arch., Methodist New Connexion Church, Foreign and Colonial Missions Committee, corr., North America, John Addyman à W. Cooke, 25 juill. 1843 ; James Jackson à Cooke, 21 avril 1844 (mfm aux UCA).— UCA, Biog. files, James Jackson ; Albert Burnside, « The Canadian Wesleyan Methodist New Connexion Church, 1841–1874 » (copie dactylographiée, 1967), 26, 148–149 ; « Relationships between the Methodist Church in the Canadas, the Methodist Episcopal Church in the United States, and the Wesleyan Methodist Society in England, 1791–1847 » (copie dactylographiée, 1959), 29–30.— Canadian Wesleyan Methodist New Connexion Church, Minutes of the annual conference (Toronto), 1852 : 7–8.— Cornish, Cyclopædia of Methodism, 1 : 43, 240, 468.— Carroll, Case and his cotemporaries, 2 : 95–96, 98–99, 306, 390–391 ; 3 : 1, 3, 253–254, 295.— [H.] O. Miller, A century of western Ontario : the story of London, The Free Press, and western Ontario, 1849–1949 (Toronto, 1949 ; réimpr., Westport, Conn., 1972), 21–23, 25–26.— J. E. Sanderson, The first century of Methodism in Canada (2 vol., Toronto, 1908–1910), 1 : 141, 206, 226.— Thomas Webster, History of the Methodist Episcopal Church in Canada (Hamilton, Ontario, 1870), 228–229.— D. J. Brock, « The confession : Burleigh’s pre-hanging « statement’ mystery », London Free Press (London, Ontario), 10 avril 1971 : 8M ; « That confession again : error leads to further probe, suggestion of Burley’s innocence », 24 avril 1971 : 8M.— H. O. Miller, « The history of the newspaper press in London, 1830–1875 », OH, 32 (1937) : 120–121.
Albert Burnside, « JACKSON, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/jackson_james_8F.html.
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Auteur de l'article: | Albert Burnside |
Titre de l'article: | JACKSON, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 3 déc. 2024 |