JONES, JOHN, soldat et ministre dissident de l’Église d’Angleterre, né dans le pays de Galles en 1737 de parents dissidents, décédé à St John’s, Terre-Neuve, le 1er mars 1800.

John Jones s’engagea dans l’artillerie royale à l’âge de 20 ans. Si l’on en croit son biographe, « Jamais le bœuf ne but de l’eau plus avidement qu’il buvait l’iniquité », et sa conduite empira lorsqu’il fut muté avec sa compagnie à St John’s en 1765. On peut penser que ce jugement est quelque peu exagéré, mais il demeure que le comportement de Jones n’était pas un exemple de probité chrétienne.

Jones changea de vie en 1770 à la suite, semble-t-il, d’un incident au cours duquel un soldat, qu’il avait entendu blasphémer contre Dieu, succomba à des blessures subies dans une querelle. Ce fut, dans une certaine mesure, l’encouragement de Laurence Coughlan – il le rencontra en 1771 et correspondit ensuite avec lui – qui lui permit de persévérer dans sa décision. Lorsque sa compagnie regagna l’Angleterre en 1773, il se joignit à un groupe de gens influencés par les idées du prédicateur dissident George Whitefield. Deux ans plus tard, devenu sergent-major, quartier-maître, officier payeur et commis de sa compagnie, il revint avec celle-ci à St John’s où il se mit à suivre régulièrement les offices célébrés par Edward Langman qui appartenait à l’Église d’Angleterre, la seule autorisée dans l’île. En même temps, toutefois, il fonda une congrégation dissidente qui, au début, comprenait un geôlier, un sergent et sa femme, et trois autres soldats. Durant l’hiver de 1775–1776, il obtint des autorités locales la permission de tenir des assemblées religieuses dans le palais de justice, mais il vit presque immédiatement Langman s’opposer à lui. Ce dernier, l’été suivant, parvint à convaincre le gouverneur John Montagu de faire respecter la loi anglaise hostile aux dissidents et d’interdire de leur louer des locaux pour leurs offices ; la congrégation de Jones fut obligée de se réunir en secret aux « Barrens », à l’extérieur de St John’s, jusqu’au moment où Montagu quitta la colonie, à la fin de la saison de la pêche. Deux disciples de Jones érigèrent un temple pendant l’absence du gouverneur, mais à son retour, l’année suivante, celui-ci le fit fermer. Il menaça de faire démolir l’édifice et de muter Jones à Placentia, mais il s’en abstint, peut-être parce que Jones était un bon soldat et recevait l’appui de son commandant.

Jones retourna en Angleterre durant l’été de 1778. Peu après, ses fidèles le prièrent d’abandonner la vie militaire et de revenir exercer son ministère auprès d’eux. Il fut ordonné par un pasteur dissident et arriva à St John’s en juillet 1779. L’un de ses premiers gestes fut de demander au gouverneur Richard Edwards l’autorisation de prêcher, mais cette requête et une deuxième furent repoussées. Le gouverneur subissait l’influence de Langman, mais il devait également tenir compte du fait que Jones était bien vu à Londres et, à la suite d’une recommandation faite par l’ingénieur en chef, Robert Pringle, il céda à une troisième pétition en 1780 et permit au ministre de prêcher. Le temple fut réouvert le 111 août ; quatre ans plus tard, le gouverneur John Campbell rédigea une proclamation qui garantissait l’entière liberté de conscience et de religion à Terre-Neuve.

La congrégation connut des difficultés financières dès sa fondation, mais Jones parvint à ouvrir une école et il prit une partie de sa pension de l’armée pour aider à payer le salaire d’un professeur adjoint et les frais de scolarité des enfants trop pauvres. Une subvention accordée par Londres en 1790 corrigea cette situation et permit à Jones de fonder une école gratuite, ouverte à toutes les confessions. Un nouveau temple fut construit en 1789 et, en 1794, la congrégation comptait 400 fidèles. Jones, qui entretenait des relations cordiales avec les méthodistes, les presbytériens et les catholiques, vécut assez longtemps pour voir s’éteindre la vieille querelle avec les membres de l’Église d’Angleterre : ceux-ci utilisèrent son temple durant l’hiver de 1799 en attendant que la construction de leur nouvelle église fût terminée. Cette année-là, il eut une attaque et en 1800, à la Saint-David, fête du patron de son pays d’origine, il mourut ; John Harries*, le ministre de l’Église d’Angleterre, prononça l’oraison funèbre. Jones légua tous ses biens à son école. Il était resté célibataire.

Frederic F. Thompson

St David’s Presbyterian Church (St John’s, T.-N.), Journal of John Jones.— The life of the Rev. John Jones, late of St. John’s, Newfoundland, Evangelical Magazine (Londres), VIII (1800) : 441–449.— J. S. Armour, John Jones and the early dissenter movement in Newfoundland (conférence lue devant la Nfld. Hist. Soc., St John’s, 17 nov. 1975).— Prowse, History of Nfld. (1895), suppl., 49–51.— St David’s Presbyterian Church, The dissenting Church of Christ at StJohns, 1775–1975 [...] (St John’s, 1975).— J. R. Thoms, Twenty-six notable men, The book of Newfoundland, J. R. Smallwood, édit. (6 vol., St John’s, 1937–1975), VI : 177s.

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Frederic F. Thompson, « JONES, JOHN (1737-1800) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/jones_john_1737_1800_4F.html.

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Auteur de l'article:    Frederic F. Thompson
Titre de l'article:    JONES, JOHN (1737-1800)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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