Provenance : Lien
KEISH (Skookum Jim, James Mason), Indien tagish, né vers 1855 aux environs de l’actuel lac Bennett, Yukon et Colombie-Britannique, fils de Kaachgaawáa, chef du clan tlingit du Corbeau, et de Gus’dutéen, du clan tagish du Loup ; il épousa à la façon du pays Daakuxda.éit, Indienne tlingit, et ils eurent une fille en 1895 ; décédé le 11 juillet 1916 à Carcross, Yukon.
Les origines familiales de Keish s’expliquent par les liens commerciaux qui existaient entre Tlingits du littoral et Tagish de l’arrière-pays. Ses parents s’établirent près de l’emplacement actuel de Carcross. Pendant quelques étés, vers 1885, il gagna sa vie sur la côte de l’Alaska en transportant de l’équipement de mineurs par convois de mulets ou de chevaux dans les cols menant aux sources du bassin hydrographique du fleuve Yukon. C’est à cette époque qu’on le surnomma Skookum Jim ; sa force physique était légendaire, et skookum signifie « fort » dans le pidgin chinook.
Dans ces mêmes années, Skookum Jim fit la connaissance de George Washington Carmack, trafiquant et prospecteur américain qui faisait du transport par convois à partir de Dyea. Skookum Jim et son neveu Dawson Charlie [Káa Goox*] s’associèrent à Carmack et passèrent les deux étés suivants à faire du transport par convois dans le col Chilkoot (Alaska et Colombie-Britannique). En fréquentant Carmack, Skookum Jim fut gagné par la fièvre de l’or et, en 1888, les trois hommes firent leur première expédition de prospection ensemble en remontant le Yukon. Plus tard la même année, Carmack se mit en ménage avec la sœur de Skookum Jim, Shaaw Tláa, connue par la suite sous le nom de Kate Carmack.
À l’été de 1889, les Carmack laissèrent Skookum Jim et Charlie à Tagish et remontèrent le Yukon afin de prospecter la région de Forty Mile. Plusieurs années après, comme ils n’étaient toujours pas revenus, Skookum Jim décida de partir à leur recherche en compagnie de ses deux neveux, Koołseen (Patsy Henderson) et Charlie. Ils trouvèrent les Carmack et leur fille de trois ans en train de camper et de pêcher le saumon à l’embouchure de la rivière Klondike. Après les avoir aidés à remonter les filets, Skookum Jim et Charlie allèrent prospecter le bassin du Klondike avec George.
À la mi-août 1896, les trois hommes trouvèrent de l’or au ruisseau Rabbit (ruisseau Bonanza). Le 24 septembre, en présence du commissaire suppléant Charles Constantine, George Carmack fit valoir ses droits sur la double « revendication de découverte » tandis que Skookum Jim et Charlie faisaient de même à propos des concessions situées de chaque côté. Pendant quatre ans, les trois hommes se répartirent le travail sur les quatre concessions et se partagèrent près de un million de dollars en or. Skookum Jim et sa famille s’adaptaient mal au nouveau mode de vie que leur permettait leur fortune, et les années suivant la découverte furent difficiles pour eux. Dans l’espoir de vivre à la manière européenne, Skookum Jim construisit une grande maison pour sa femme et sa fille à Carcross en 1898. Décorée avec une profusion d’ornements, elle était la plus somptueuse du village. Skookum Jim passait ses hivers là, à chasser et à faire du piégeage au lac Tagish. Au printemps, il regagnait le Klondike, tout pimpant ; selon l’auteur James Albert Johnson, on le voyait traverser Dawson « vêtu d’un tailleur fait sur mesure et d’une chemise blanche, une lourde chaîne de montre en pépites drapée en travers de son gilet et une grosse épingle sertie d’une pépite piquée dans sa cravate ». Cependant, l’alcool devint un problème pour lui, et il plaça le reste de sa fortune en fiducie en 1905 pour ne pas la dilapider ou la dépenser à boire. Cette nouvelle existence ne convenait pas à Daakuxda.éit. Cette année-là, après plusieurs tentatives de réconciliation, elle quitta Skookum Jim définitivement pour retourner dans son village, sur la côte de l’Alaska. Les mariages des autres membres de la famille ne connaîtraient pas un sort tellement meilleur.
De l’avis général, Skookum Jim était généreux et très attaché à sa famille. Après que George Carmack eut laissé Kate presque sans le sou, il construisit une cabane pour elle à Carcross. Même après sa mort, il continuerait de subvenir aux besoins des siens, car sa succession servirait des rentes annuelles à Kate, à sa propre fille, Saayna.aat (Daisy Mason), et à Patsy Henderson. En outre, une somme rondelette serait placée en fiducie au bénéfice des Amérindiens du Yukon. Skookum Jim mourut chez lui après une longue maladie.
Yukon Arch. (Whitehorse), mss 001 (Acc. 82/31, W. L. Phelps papers) (photocopies ; une copie est déposée aux AN, MG 30, C43) ; mss 254, PHO 480, SR 11 (1–12) (Acc. 88/58R, Skookum Jim oral hist. project).— G. W. Carmack, My experiences in the Yukon (s.l., [1933]).— J. [M.] Cruikshank, Reading voices : oral and written interpretations of the Yukon’s past (Vancouver, 1991).— Patsy Henderson, Early days at Caribou Crossing and the discovery of gold on the Klondike (s.l., [1950]).— J. A. Johnson, Carmack of the Klondike (Seattle, Wash., et Ganges, C.-B., 1990).— William Ogilvie, Early days on the Yukon : & the story of its gold finds (Ottawa, 1913).
Charlene Porsild, « KEISH (Skookum Jim, James Mason) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/keish_14F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/keish_14F.html |
Auteur de l'article: | Charlene Porsild |
Titre de l'article: | KEISH (Skookum Jim, James Mason) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |