KING, JAMES, homme d’affaires et homme politique, né le 18 février 1848 à Saint-Antoine-de-Tilly, Bas-Canada, fils de Charles King et de Sarah Murray ; mort noyé le 21 juin 1900 dans le lac Matapédia, près de Saint-Pierre-du-Lac (Val-Brillant, Québec) – aussi appelé Cedar Hall –, et inhumé le 23 à Sainte-Anastasie-de-Nelson (Lyster, Québec).

Le père de James King, originaire d’Angleterre, s’installa dans les années 1830 à Saint-Antoine-de-Tilly et fit le commerce du bois dans Lotbinière où il exploita un moulin à scier qui produisait des madriers vendus à Québec. Il participa également avec Hans Denaston Breakey et le fils de celui-ci, John, à la mise en valeur d’un emplacement sur la rivière Chaudière, appelée communément rivière Bruyante, dans la concession Saint-Augustin (Sainte-Hélène-de-Breakeyville) ; ils y construisirent un moulin à scier qui desservait le bassin de la Chaudière au début des années 1850.

Comme la colonisation et la coupe du bois s’étendaient rapidement dans les cantons de l’arrière-pays, Charles King déplaça son champ d’activité dans le comté de Mégantic en remontant le bassin de la rivière Bécancour. Il passa de nombreux contrats d’approvisionnement avec des producteurs et acquit des blocs de terre dans les cantons de Nelson, d’Inverness, d’Ireland et de Thetford principalement, de même que des permis de coupe. Après avoir installé un moulin à scier à proximité de Sainte-Anastasie-de-Nelson et de la station du chemin de fer du Grand Tronc, que l’on avait aménagée en 1852, il s’y fixa à demeure vers 1861. L’année suivante, il fit l’acquisition de terrains et d’un moulin à scier à Saint-Pacôme, sur la rivière Ouelle, et se lança dans une importante exploitation forestière dans cette région.

Au début des années 1870, toutefois, les fils de Charles King commencent à prendre officiellement la relève. Déjà, John s’est vu confier les intérêts de son père dans l’entreprise de la rivière Chaudière, avant que ne vienne le tour de Henry. Puis le cadet, James, après ses études au Bishop’s College de Lennoxville, où il obtient une licence ès arts en 1867 – et où il obtiendra une maîtrise ès arts en 1873 –, se joint lui aussi aux entreprises familiales. En 1870, avec ses frères John, Edmund Alexander, Frederic et Charles, il participe à la formation de la King Brothers, destinée à gérer l’ensemble des exploitations forestières de son père. Cependant les décès successifs de John et de Frederic amènent en 1875 des changements dans la composition de la firme qui ne comprend plus désormais qu’Edmund Alexander, installé à Saint-Pacôme, Charles, à Sainte-Anastasie-de-Nelson, et James, à Lévis. Presque au même moment, survient la mort de Henry, et c’est James qui veillera aux intérêts de ses jeunes enfants. En 1876, c’est le père qui décède. La King Brothers récupère les propriétés de ce dernier et continue son expansion sous la direction de plus en plus dominante de James. En 1871, elle a déjà acquis de la famille Saint-Ours, pour 37 266 $, la seigneurie Deschaillons où coule la rivière du Chêne et où se trouvent, entre autres, près de 90 000 arpents de terre non concédés. Elle achète en 1881 la seigneurie du Lac-Matapédia pour 35 000 $, soit environ 40 000 acres, et y exploite un moulin. Elle possède également des concessions forestières et un moulin à scier à Grand-Pabos, en Gaspésie.

À la fin des années 1870, la King Brothers s’engage dans l’exploitation minière par suite de la découverte en 1876 et 1877 de gisements d’amiante dans le canton de Thetford où Charles King père avait acquis, d’abord en 1860 de Thomas Allen Stayner*, de Toronto, un bloc de 5 000 acres dans les rangs 5 et 6 pour la somme de 2 500 $, puis, en 1866, du failli David Burnett, une bonne partie du rang 4. Voisines des lots où le minéral a été découvert, les propriétés de la King Brothers, notamment le lot 26 du rang 5, renferment aussi de l’amiante et se trouvent remarquablement bien placées pour profiter du développement qui s’annonce. De plus, en 1878, James King obtient de la couronne en propriété complète et entière, pour 274 $, soit 1 $ l’acre, le lot 26 du rang 6 où la mine King est ouverte la même année. La King Brothers tire parti en outre de la création du village minier de Kingsville – qui deviendra Thetford Mines en 1905 – érigé en grande partie sur ses terrains, subdivisés en lots. Toutefois, en 1890, le gouvernement d’Honoré Mercier fait adopter une loi sur les mines dont un article permet à la couronne de récupérer la propriété du sous-sol des terrains miniers vendus avant la loi de 1880. Opposé à cet article, James King prend une part active à la lutte engagée contre cette disposition par les propriétaires de mines d’amiante. Non seulement est-il l’un des dirigeants de la Quebec Mining Association, créée cette année-là, mais il se fait élire député conservateur de Mégantic le 8 mars 1892, en grande partie pour combattre cette mesure. Son objectif atteint, il ne sollicitera pas de renouvellement de mandat en 1897.

Même si l’activité de la King Brothers dans le secteur minier acquiert, surtout au cours des années 1890, une certaine importance, elle reste secondaire par rapport au secteur forestier. La complexité des règlements successoraux des frères et du père de James King donne une idée de la taille de toute l’entreprise. Évalué à 50 000 $ en 1877, l’ensemble des biens immobiliers se chiffre à 300 000 $ vingt ans plus tard, au moment où est constituée juridiquement la King Brothers Limited, dont l’activité et les propriétés s’étendent à presque toute la province et dont le crédit demeure solide. Il faut ajouter à ces montants l’actif mobilier. Malgré tout, ces estimations semblent inférieures à la valeur réelle, comme le démontre le prix de vente de la seigneurie du Lac-Matapédia, qui atteint 187 500 $ en 1902. À sa mort en juin 1900, James King, qui était célibataire, lègue une fortune considérable à ses frères, sœurs, neveux et nièces, ainsi qu’à une fille naturelle, à ses gérants, à ses hommes de confiance et, enfin, au Bishop’s College et à l’Église d’Angleterre. La King Brothers Limited poursuivra son activité quelques années encore, puis se départira des principaux éléments de son actif forestier et minier.

Marc Vallières

BE, Lévis, déclarations de sociétés ; index aux immeubles ; index aux noms ; reg. B ; Mégantic (Inverness), déclarations de sociétés ; index aux immeubles ; index aux noms ; reg. B ; Lotbinière (Sainte-Croix), déclarations de sociétés ; index aux immeubles ; index aux noms ; reg. B.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2 : 562.— J. Desjardins, Guide parl.— Hormisdas Magnan, Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la province de Québec (Arthabaska, Québec, 1925), 196, 202, 426, 645.— RPQ.— Album souvenir ; 125ième anniversaire : St-Pacôme, 1851–1976 (s.l., [1976]).— Centenaire, Ste-Anastasie, Lyster, 1875–1975 (s. l., 1975).— La Cité de l’or blanc : Thetford Mines, 1876–1976, J.-C. Poulin, édit. (s.l., 1975).— J. E. Defebaugh, History of the lumber industry of America (2 vol., Chicago, 1906–1907), 1 : 134–135.— [Clément Fortier], Black Lake ; lac d’amiante ; 1882–1982 ; amiante et chrome des Appalaches ; cent ans d’histoire (s.l., 1983).— Mon village a 150 ans : 1828–1978 ; cencinquantenaire, St-Jean-Chrysostome (Saint-Jean-Chrysostome, Québec, 1978).— Gwen Rawlings, The pioneers of Inverness Township, Quebec ; an historical and genealogical story, 1800–1978 (Cheltenham [Caledon], Ontario, 1979).— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 6 : 186–187 ; 7 :196, 215.— St-Adrien d’Irlande, 1879–1979 (s.l., 1979).— Sainte-Hélène-de-Breakeyville, d’hier à aujourd’hui (s.l., 1984).— Saint-Pierre du Lac, 1889–1949 ; programme-souvenir [...] (s.l., 1949).— Thetford Mines ; historique, notes et biographies, Cléophas Adams, compil. (s.l., 1929).— J. W. M., « Notes sur les seigneuries du district de Rimouski », BRH, 17 (1911) : 365–366.

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Marc Vallières, « KING, JAMES (1848-1900) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/king_james_1848_1900_12F.html.

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Auteur de l'article:    Marc Vallières
Titre de l'article:    KING, JAMES (1848-1900)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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