KISENSIK, chef des Népissingues du lac des Deux-Montagnes (Québec) ; circa 1756–1758.

Le père de Kisensik, dont on ignore le nom, était apparemment un Indien célèbre qui était allé en France et à la cour, b.c. Louis XIV lui-même lui avait offert un gorgerin d’argent gravé.

Kisensik combattit les Anglais à plusieurs reprises au cours des premières années de la guerre de Sept Ans. Il dirigea une avant-garde d’Indiens au cours de l’expédition victorieuse de Montcalm contre Chouaguen (Oswego) en août 1756. Au début de juillet de l’année suivante, il parla au nom des Népissingues lors de la conférence et de la fête guerrière organisées à l’occasion de la visite de Montcalm au village indien du lac des Deux-Montagnes ; celui-ci venait alors chercher de l’appui en vue d’une attaque contre le fort William Henry (appelé aussi fort George ; aujourd’hui Lake George, N.Y.). Il demanda à Montcalm la permission de donner en temps opportun des conseils sur la guerre et fit part au général français des exigences de sa tribu et du nombre de guerriers qu’elle pouvait fournir.

Kisensik ainsi que son fils prirent part à l’expédition qui quitta Montréal vers le 12 juillet. Un grand nombre de nations indiennes étaient représentées dans la troupe et peu de temps avant l’attaque du fort, les guerriers indiens tinrent une assemblée pour affermir leur union dans cette cause commune. Kisensik s’adressa aux Indiens des pays d’en haut en ces termes : « nous Sauvages domiciliés, vous remercions d’être venus pour nous aider à défendre nos terres contre l’Anglais qui les veut usurper ». Puis il parla ainsi de Montcalm : « ce n’est pas sa cause qu’il est venu défendre, c’est le grand Roi qui lui a dit : Pars, passe le grand lac et va défendre mes enfants. Il va vous réunir mes frères, et vous lier par le plus solennel des nœuds ».

En mai 1758, Kisensik repartit pour le lac Champlain, décidé « à rougir avec le sang des Anglais les cendres de son père » mort l’automne précédent et à se montrer digne de porter le gorgerin d’argent. Vers la fin du mois, lui et ses guerriers rencontrèrent une troupe d’Anglais et d’Indiens sur la rivière du Chicot (Wood Creek) à l’extrémité sud du lac Champlain ; ils en scalpèrent quatre et firent neuf prisonniers qui furent ramenés à Montréal.

Par la suite, il n’est plus question de Kisensik dans le journal de Bougainville*, qui constitue notre unique source d’information sur le chef népissingue, L’auteur qualifie Kisensik de « fameux » et parle de lui comme d’un « rara avis in terris » (oiseau rare sur la terre) parce qu’il avait accepté de sacrifier ses intérêts personnels à une plus grande cause.

Kenneth E. Kidd

Le journal de M. de Bougainville (Gosselin), RAPQ, 1923–1924.

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Kenneth E. Kidd, « KISENSIK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/kisensik_3F.html.

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Auteur de l'article:    Kenneth E. Kidd
Titre de l'article:    KISENSIK
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    1 déc. 2024