LANDRIÈVE DES BORDES, JEAN-MARIE, écrivain principal du roi et commissaire de la Marine, né le 12 août 1712 à Aubusson, France, fils de Gabriel-Alexis Des Bordes Landriève, président au siège de Marche, et de Marguerite Mercier, inhumé à Artanes (dép. de l’Indre-et-Loire, France) le 21 mai 1778.

Arrivé au Canada vers la fin des années 1730, Jean-Marie Landriève Des Bordes se trouvait à Montréal au mois de mai 1740 où, en plus de se livrer au commerce, il était employé comme commis au contrôle dans les magasins du roi, tâche pour laquelle il obtint sa commission le 21 octobre 1741. Le 23 janvier 1748, le ministre Maurepas, satisfait de ses services, lui accordait un brevet d’écrivain ordinaire du roi. En 1751, après un voyage en France pour affaires personnelles, il revint au pays à la demande de l’intendant Bicot afin de servir comme écrivain principal à Détroit. L’année suivante, Landriève reçut une commission de subdélégué de l’intendant pour ce même poste en remplacement de Robert Navarre. Ce dernier réintégra le poste, en 1754, quand Landriève fut rappelé à Québec où on lui donna la tâche du détail des troupes pour les gouvernements de Québec et Trois-Rivières à la place de Jacques-Michel Bréard. Il devint un des hommes de confiance de l’intendant qui le chargea de la visite et de la surveillance des forts des pays d’en haut depuis La Présentation (Oswegatchie ; aujourd’hui Ogdensburg, New York) jusqu’au fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie), visite qu’il entreprit en 1755. En 1758, il exerçait les fonctions de commissaire au fort Carillon (Ticonderoga, New York).

À la Conquête, suivant l’article 20 de la capitulation de Montréal, Landriève fut choisi, par le gouverneur Vaudreuil [Rigaud], pour assumer la fonction de commissaire chargé de veiller, dans la colonie, sur les affaires du roi. Il s’entendit très bien avec les autorités anglaises qui lui manifestaient beaucoup d’estime. D’ailleurs, le 23 juin 1761, Gage, le gouverneur de Montréal, et sa femme, de même que les officiers militaires français, et Jacques-Joseph Lemoine Despins avec qui, dans les dernières années du Régime français, Landriève avait fait des affaires, assistèrent à la signature de son contrat de mariage avec Marie-Gilles, fille cadette de Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry, ingénieur du roi en Nouvelle-France. Landriève déclara apporter à la communauté 200 000# « en deniers comptant », et sa femme 12 000#. À cette époque, selon l’auteur du « Mémoire du Canada », la fortune de Landriève était évaluée à 900 000#.

Quoi qu’il en soit, Landriève était accusé, devant le Châtelet de Paris, d’avoir participé aux prévarications commises par l’intendant Bigot et son entourage, plus particulièrement avec François Maurin*, Joseph-Michel Cadet et Jean Corpron*, tous négociants associés. Le 10 décembre 1763, on déclarait la contumace bien instruite contre lui et il était reconnu coupable d’avoir reçu des présents de Cadet, signé de faux états, fabriqué ou signé de faux billets de Maurin, Corpron et Cadet pour achats de vivres non fournis et payés. Le tribunal du Châtelet le condamna au bannissement de la ville de Paris pour neuf ans, au versement d’une amende au roi de 500# et à la restitution à l’État de 100 000#. Landriève rentra en France en janvier 1765 sur le vaisseau le Chevalier de Lévis. Il se fit aussitôt donner un sauf-conduit de six mois, à charge de se constituer prisonnier lorsque ce délai serait expiré, afin de répondre à l’accusation qui pesait contre lui. Au mois de juin suivant, il réclama un nouveau procès et employa tout son temps à justifier sa conduite au Canada. Le 24 novembre 1766, le tribunal du Châtelet le déchargeait de toutes les accusations portées contre lui et le déclarait au-dessus de tout reproche dans l’Affaire du Canada. Réhabilité en France, Landriève est le seul des 55 fonctionnaires accusés à avoir tenu à se justifier pleinement aux yeux des Canadiens par des lettres et des messages qu’il fit paraître dans la Gazette de Québec. En 1769, il obtint du roi un brevet de commissaire de la Marine et une pension de 600#.

À l’été de 1770, Jean-Marie Landriève Des Bordes quitta Paris et se retira sur sa terre à Artanes, où il décéda en mai 1778. Selon son neveu, François-Joseph Chaussegros de Léry, il laissa à sa femme et à ses trois enfants « une fortune honnête ». Ses deux fils, Antoine-Gilles et Pierre-Paul, entrèrent au service du roi respectivement dans une compagnie des gardes du corps et dans les troupes de la Marine.

André Lachance

AD, Indre-et-Loire (Tours), État civil, Artanes, 21 mai 1778.— AN, Col., B, 71, f.43 ; 74, f.18v. ; 84, f.17 ; 87, ff.11, 11v. ; 89, f.15 ; 91, ff.32, 32v. ; 113, f.273 ; 164, f.347 ; C11A, 93, f.264 ; 96, ff.54, 54v. ; 105, ff.199, 382, 407, 409 ; E, 253 (dossier Landriève Des Bordes).— ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 25 juin 1761 ; Greffe de Pierre Panet, 23 juin 1761. APC Rapport, 1899, suppl., 182s. ; 1905, I, vie partie : 72, 108, 130, 319, 359, 361, 364, 383. [F.-J. Chaussegros de Léry], Lettres du vicomte François-Joseph Chaussegros de Léry à sa famille, ANQ Rapport, 1933–1934, 55..Inv. des papiers de Léry (P.-G. Roy), II : 289 ;III : 54–56, 113, 135–141, 146–150, 157–160. Mémoire du Canada, ANQ Rapport, 1924–1925, 174, 187, 197.— La Gazette de Québec, 14 mai, 26 juin 1767, 2 févr. 1769. J.-E. Roy, Rapport sur les archives de France, 875, 884. P.-G. Roy,.Inv. ord. int., III : 16, 169, 185, 189, 191. Tanguay, Dictionnaire, V : 127. P.-G. Roy, Bigot et sa bande, 168–172. [P.-]P.-B. Casgrain, Landrieffe, BRH, II (1896) : 45s.— J.-E. Roy, Landriève, BRH, II (1896)

89s.— Benjamin Sulte, Jean-Marie Landrieff, BRH, II (1896) : 50–53.

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André Lachance, « LANDRIÈVE DES BORDES, JEAN-MARIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/landrieve_des_bordes_jean_marie_4F.html.

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Titre de l'article:    LANDRIÈVE DES BORDES, JEAN-MARIE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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