LORD, WILLIAM WARREN, marchand, constructeur de navires et homme politique, né le 11 février 1798 à Tryon, Île-du-Prince-Édouard, fils de John Lord, fermier, et de Charlotte Gouldrup ; en 1825, il épousa Annie Lea, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 9 mai 1890 à Charlottetown.
Fils d’un loyaliste, William Warren Lord reçut une instruction rudimentaire dans la région de Tryon. Il travailla à la ferme familiale durant son adolescence et déménagea en 1817 sur les bords de la rivière Miramichi, au Nouveau-Brunswick, où il travailla comme bûcheron. Il retourna à Tryon vers 1825, s’y maria, et, quelques années plus tard, il y avait mis sur pied un établissement servant à la fois d’auberge et de taverne ; il se lança aussi dans la construction de bateaux et s’occupa d’assurances. La place importante qu’il tenait dans la société locale est illustrée par ses nominations de juge de paix, inspecteur des clôtures et constable, membre du Bureau de santé et commandant d’une petite unité de milice.
Au printemps de 1841, Lord quitta Tryon et gagna Charlottetown. Les gens de son village regrettaient ce départ et, au cours d’une assemblée spéciale, ils lui rendirent hommage pour avoir directement ou indirectement contribué à améliorer la situation économique de la région depuis la fin des années 1820. À Charlottetown, il ouvrit un « magasin général », construisit un quai et dirigea la construction d’un grand nombre de bricks, barques, clippers, schooners et bateaux à vapeur. Au cours des 20 ans et plus qu’il passa dans les affaires à Charlottetown, il posséda environ 42 navires qui assuraient régulièrement le transport de marchandises vers Dublin, Liverpool et Londres, et à bord desquels il prit souvent place lui-même. Personnalité importante du monde des affaires de Charlottetown, Lord fut pendant un grand nombre d’années actionnaire et membre du conseil d’administration de la Bank of Prince Edward Island et l’un des fondateurs et administrateurs de l’Union Bank of Prince Edward Island ; il fit également partie du conseil d’administration de la Charlottetown Mutual Fire Insurance Company et de la Marine Insurance Company of Prince Edward Island. Il était aussi copropriétaire de l’Advertiser, journal de Charlottetown. En avril 1856, il associa à ses affaires John Lea, un parent de son épouse, et son neveu et fils adoptif Artemus Lord, qui prendra la relève après la retraite de Lord en 1864.
Tout en faisant des affaires, Lord s’intéressa activement à la politique provinciale. Libéral, il fut élu une première fois à l’Assemblée en 1835 comme député du comté de Prince, qu’il représenta jusqu’en 1838. En 1850, il fit sa rentrée à l’Assemblée comme député du troisième district du comté de Prince et, avec des collègues tels que George Coles*, Edward Whelan*, Joseph Pope* et James Warburton, il réussit à mettre sur pied l’année suivante le premier gouvernement responsable de l’île. Membre du Conseil exécutif de Coles de 1851 à 1857, à l’exception de quelques mois en 1854, il accepta la charge rétribuée de commissaire des Terres publiques en mai 1857 et, conformément à la loi, il dut chercher à se faire réélire. Il fut toutefois battu par le conservateur James Colledge Pope dont la victoire annonçait les difficultés qu’allait connaître le gouvernement libéral relativement à sa façon de régler l’épineuse question de l’enseignement religieux dans les écoles subventionnées par l’État. Réélu dans le quatrième district du comté de Prince en 1858, Lord ne se représenta pas l’année suivante aux élections au cours desquelles les électeurs protestants désertèrent le parti libéral et portèrent au pouvoir un gouvernement tory, entièrement protestant, dirigé par Edward Palmer.
Tout au long de son mandat comme député, Lord plaida en faveur des écoles gratuites, de l’abolition du système de la tenure à bail, de la protection de l’agriculture et des pêcheries et de la gestion prudente des fonds publics. Fidèle libéral, il s’enorgueillissait toutefois de son indépendance à l’Assemblée et n’hésitait jamais à présenter ses opinions et ses suggestions ou à se défendre contre les attaques personnelles de la presse tory. Il joua un rôle actif au sein des comités de l’Assemblée et, pendant les périodes où les libéraux étaient au pouvoir, il exerça fréquemment certaines fonctions, telles que celles de membre du conseil d’administration de l’asile d’aliénés, de commissaire de l’hospice public des pauvres, de représentant officiel de la Royal Agricultural Society, dont il avait été l’un des organisateurs, et de commissaire de la ferme modèle de cette société, de membre du Charlottetown Board of Health, de commissaire de la Cour des petites créances et de commissaire à la voirie à Charlottetown.
Peu après sa défaite à l’élection partielle de 1857, Lord refusa de se présenter comme candidat libéral à la mairie de Charlottetown, mais, de 1863 à 1870, il représenta le premier district du comté de Prince au Conseil législatif élu de l’île. Lorsque Coles et les libéraux revinrent au pouvoir en 1867, Lord fit de nouveau partie du Conseil exécutif, de même que sous les gouvernements libéraux de Joseph Hensley* et de Robert Poore Haythorne*, jusqu’à sa défaite aux élections de 1870. Comme la majorité des hommes politiques et des électeurs de l’Île-du-Prince-Édouard, il s’était opposé, dans les années 1860, à l’entrée de cette dernière dans la confédération parce qu’il jugeait que la perte de son indépendance ne serait compensée par aucune des conditions de l’union, aussi avantageuses fussent-elles.
Lord eut souvent à administrer des biens, à servir d’exécuteur testamentaire et à organiser des ventes ainsi que des encans. Il appartenait à la Central Liberal Society, et, après 1853, il fut l’un des lieutenants-colonels de la milice de l’île. Sa femme et lui furent tous deux membres actifs de l’Église méthodiste, à laquelle il légua de l’argent. Lord garda toujours des liens étroits avec son village natal de Tryon (auquel il fit don d’un hôtel de ville) et y fut enterré en 1890. Dans une biographie publiée en 1881, on raconte que ses voisins « lui rend[aient] hommage pour la vie exemplaire qu’il avait menée », jugement qui reflète bien les normes élevées qu’il s’était fixées, autant en affaires qu’en politique.
PAPEI, Bank of Prince Edward Island, Minute book ; Indenture of amalgamation between the Bank of Nova Scotia and the Union Bank of Prince Edward, 26 sept. 1883 (mfm) ; Prince Edward Island shipping registers, 1824–1869 (mfm).— Supreme Court of Prince Edward Island (Charlottetown), Estates division, liber 12 : f.409 (mfm aux PAPEI).— Î.-P.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1855–1857 ; Journal, 1835–1838, 1850–1860 ; Legislative Council, Debates and proc., 1867–1870 ; Journal, 1863.— Examiner (Charlottetown), 1855–1864, 3 janv. 1876, 9 mai 1890.— Islander, 15 oct., 19 nov. 1847, 31 oct. 1851, 4, 11, 18 mars 1859, 15 janv. 1864, 16 juill. 1869, 11, 18 mars, 17 juin, 26 août, 2 sept., 14, 28 oct. 1870.— Prince Edward Island Register (Charlottetown), 1823–1830.— Royal Gazette (Charlottetown), 1831–1853.— Canadian biog. dict., II.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), II.— The Prince Edward Island almanack [...] (Charlottetown), 1853–1854 ; 1864 ; 1869 ; 1873–1880.— The Prince Edward Island calendar [...] (Charlottetown), 1857 ; 1862–1868 ; 1870–1871.— Past and present of P.E.I. (MacKinnon et Warburton), 481, 698.— W. H. Warren, « Pioneers of Tryon and North River », Prince Edward Island Magazine (Charlottetown), 1 (1899–1900) : 410–414.
Jean Layton MacKay, « LORD, WILLIAM WARREN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lord_william_warren_11F.html.
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Auteur de l'article: | Jean Layton MacKay |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 4 nov. 2024 |