MAXWELL, GEORGE RITCHIE, ministre presbytérien et homme politique, né le 11 janvier 1857 à Stonehouse, Écosse, fils de Cornelius Maxwell et de Catherine Ritchie ; en 1883, il épousa Mary Forrest, de Blanefield, Écosse, et ils eurent quatre fils et deux filles ; décédé le 17 novembre 1902 à Vancouver.

Fils d’un mineur écossais, George Ritchie Maxwell descendit dans les mines de charbon dès l’âge de 11 ans. Il reprit ses études par la suite, apprenant « le latin et le grec à la lumière d’une chandelle de mineur et suivant des cours du soir après sa journée de travail afin de pouvoir aller au collège ». À la fin des années 1870, il entra enfin à la University of Glasgow, où il étudia les humanités, la philosophie et la littérature anglaise. Il n’y resta pas jusqu’au diplôme, mais on croit qu’il fréquenta un collège de théologie. Quoi qu’il en soit, en 1880, il était ministre de l’Église d’Écosse. Après avoir prêché un temps en Irlande et en Écosse, il immigra au Canada en 1885 avec sa femme, Mary Forrest. D’abord ministre presbytérien à Saint-Sylvestre et Leeds Village, dans la province de Québec, puis à Trois-Rivières, il assuma en décembre 1890 la charge de l’église First Presbyterian de Vancouver, où il resta jusqu’en 1896. L’église se trouvait dans la partie est de Vancouver, au milieu d’une population d’ouvriers célibataires et de familles prolétaires et petites-bourgeoises.

La conscience sociale, l’idéalisme et le désir de réformes de Maxwell le conduisirent de la chaire aux tribunes politiques et, en 1896, à la Chambre des communes. Son militantisme s’enracinait dans une philosophie religieuse qui mettait l’accent sur la nécessité d’observer des principes moraux dans la vie séculière. Bref, il était de ceux qui visaient à « faire le plus grand bien au plus grand nombre ». Plus précisément, il faisait siens les besoins et les aspirations des travailleurs, se définissant lui-même comme « fils d’ouvrier » et « ami fidèle de ceux qui peinent ». Réformiste plutôt que révolutionnaire, il insistait sur la dignité du travail, sur le droit à un juste salaire et le droit de regard des travailleurs sur leurs conditions de travail, les dangers des monopoles et sur la valeur de la démocratie sociale et économique.

Il fallut quatre ans à Maxwell pour atteindre la renommée en politique. Son engagement commença – en 1892 semble-t-il – par une prise de position contre le conservatisme canadien. Après avoir été, durant de nombreuses années, « conservateur au sens de ce terme dans la mère patrie », il ne pouvait plus accepter ce par quoi, selon lui, le Parti conservateur du Canada se caractérisait : décrépitude morale, protection des privilèges, identification à des intérêts financiers. Son éducation avait fait de lui un « libre-échangiste » à la manière britannique. Aussi condamnait-il particulièrement la politique protectionniste du gouvernement, qui, par son tarif élevé, semblait, en servant à « l’enrichissement du capitaliste », favoriser une classe au détriment d’une autre. Ensuite, en avril 1893, il prit vigoureusement la parole, à Vancouver, à une assemblée dont le but était de permettre aux citoyens de la partie continentale de la Colombie-Britannique d’exprimer leurs griefs à l’endroit du gouvernement provincial, alors dirigé par Theodore Davie*. En lisant, à cette occasion, un manifeste qui mettait en relief les revendications locales, Maxwell fit figure de vedette, ce qui le prépara à jouer, l’année suivante, un rôle prépondérant dans la création du Parti nationaliste. Premier véritable parti ouvrier de la Colombie-Britannique, le Parti nationaliste était soutenu principalement par des travailleurs et défendait un programme typique de ceux que prônaient dans les années 1890 les radicaux de la classe ouvrière au Canada. Aux élections générales de 1894, le parti s’allia à d’autres opposants du gouvernement provincial pour faire entrer à l’Assemblée le charpentier Robert Macpherson. Deux ans plus tard, une coalition d’adeptes du Parti nationaliste, de partisans de D’Alton McCarthy* et de libéraux choisit Maxwell, « âme dirigeante » du Parti nationaliste, pour faire la lutte aux conservateurs dans Burrard. C’était une circonscription fédérale difficile à conquérir : limitée par Vancouver au sud et par Atlin au nord, elle s’étendait sur plus de 1 500 milles. Maxwell remporta la victoire sur ses deux adversaires par une faible majorité. On ne tarda pas à constater qu’il était plutôt un libéral indépendant qu’un libéral ordinaire. Il demeura l’un des grands représentants de la coalition libérale-ouvrière qui existait dans plusieurs centres du Canada à la fin du xixe siècle et au début du xxe [V. Christopher Foley].

Maxwell était un député consciencieux mais non remarquable. Il intervenait surtout sur les questions ouvrières, soutenant l’étiquette syndicale, l’équité salariale, le droit d’association, la libéralisation du commerce et la propriété publique des services. Comme la plupart des porte-parole ouvriers de la côte ouest, il réclamait avec passion des lois qui limiteraient l’immigration des Asiatiques. En outre, tant en Chambre qu’à l’extérieur, il parlait de Wilfrid Laurier* en termes admiratifs. Il louangeait le premier ministre pour le soutien enthousiaste qu’il apportait à l’Empire britannique, pour ses tentatives en vue de réduire les barrières commerciales entre le Canada et la Grande-Bretagne, pour ses lois sur le travail, et pour la solution qu’il avait trouvée à la question scolaire du Manitoba, solution qui préservait l’instruction non confessionnelle [V. Thomas Greenway].

Pourtant, la place de Maxwell dans l’histoire est moins celle d’une figure nationale que d’un représentant des forces politiques à l’œuvre en Colombie-Britannique. Ce qui primait pour lui, c’était son coin de pays ; il le montra notamment en défendant, contre Victoria, les intérêts de la partie continentale de la province et en luttant pour qu’un juge fédéral réside à Vancouver. Même s’il exprimait souvent son dédain pour la corruption des conservateurs, il était toujours prêt à distribuer des faveurs aux amis du parti. Ainsi, il déclara en 1902 à Henry Ogle Bell-Irving*, propriétaire d’une conserverie de saumon : « Je ne donnerai pas de permis de pêche aux casiers ni un permis d’un autre genre à quelqu’un qui n’est pas un partisan du gouvernement ou un de mes partisans à moi. » En outre, son élection et ses prises de position illustrent l’importance des tensions de classe dans la culture politique de la Colombie-Britannique. Un groupe d’hommes d’affaires, en particulier, fut la cible de ses attaques : des entrepreneurs de l’industrie des pêches dont l’opposition aux syndicats provoqua des grèves chez les pêcheurs de saumon du Fraser en 1900 et en 1901 [V. Frank Rogers]. Étant donné que les propriétaires de conserveries de saumon, dont Bell-Irving, soutenaient le Parti conservateur, les amis de la classe ouvrière comme Maxwell étaient attirés par les libéraux.

Le 23 octobre 1902, George Ritchie Maxwell rentra à Vancouver par train. Il était dans un état grave : pour la seconde fois en trois ans, un cancer de l’intestin se manifestait. Il en mourut peu après. Jusqu’à son décès, il demeura immensément populaire dans son milieu d’adoption. C’était « un orateur éloquent et un féroce argumentateur » dont les allusions littéraires et les histoires merveilleuses étaient toujours « un délice ». Cependant, il laissa surtout le souvenir d’un défenseur des intérêts locaux et d’un grand ami de la classe ouvrière.

Robert A. J. McDonald et Jeremy Mouat

AN, RG 23, 83, 91–92, 102–103, 106–109, 11-114, 117–120, 122, 131–132.— City of Vancouver Arch., Add. mss 1 (Bell-Irving family papers), 25 : 16 avril 1902 ; 27 : 29 sept. 1903 ; 83 : 13–14 mai 1899.— Univ. of B.C. Library, Arch. and Special Coll. Div. (Vancouver), Laurier papers relating to British Columbia (mfm contenant des extraits des AN, MG 26, G), 1–3 ; M205 (Henry Doyle papers), box 1, docket 3 ; M662 (Vancouver Trades and Labor Council records), minutes, 1er, 12 oct. 1894, 1er mars 1895, 10 avril 1896.— Univ. of Glasgow Arch., Student records.— British Columbia Federationist (Vancouver), 27 déc. 1912.— Daily Colonist (Victoria), 17 sept. 1896–23 juill. 1899.— Daily News-Advertiser (Vancouver), 16 avril 1893–26 sept. 1897.— Globe, 28 déc. 1896.— Independent (Vancouver), 11 août 1900.— Vancouver Daily Province, 20 janv. 1900–18 nov. 1902.— Vancouver Daily World, 3 déc. 1890–20 nov. 1902.— Victoria Daily Times, 18 nov. 1902.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1896–1902.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Loosmore, « B.C. labor movement ».

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Robert A. J. McDonald et Jeremy Mouat, « MAXWELL, GEORGE RITCHIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/maxwell_george_ritchie_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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