McGEE, FRANCIS CLARENCE, joueur de hockey, fonctionnaire et officier, né le 4 novembre 1882 à Ottawa, un des trois fils (au moins) de John Joseph McGee et d’Elizabeth Crotty ; célibataire ; mort au combat le 16 septembre 1916 près de Courcelette, France.

Francis Clarence McGee venait d’une illustre famille canadienne. Son père était greffier du Conseil privé ; feu son oncle, Thomas D’Arcy McGee*, avait été l’un des Pères de la Confédération. Après des études à Ottawa, McGee travailla au département des Affaires indiennes, mais sa passion était le sport. Athlète accompli, il pratiquait la crosse et le football, excellait au hockey et avait continué à jouer même si, adolescent, il avait perdu l’usage d’un œil parce qu’un autre joueur l’avait blessé en élevant son bâton.

McGee entama sa carrière de hockeyeur professionnel en janvier 1903 en entrant dans l’Ottawa Hockey Club. Dès son premier match, il compta deux buts, aidant ainsi son équipe à remporter une victoire de 7 à 1 contre les champions de la coupe Stanley, l’Association des gymnastes amateurs de Montréal. On put lire dans l’Ottawa Citizen : « C’était la première fois que McGee jouait dans une équipe professionnelle de hockey ; il a montré qu’il était qualifié pour rester avec les meilleurs du pays et obtenir de très bons résultats. Frank était au centre et a tiré parti de chaque mise au jeu. Il se déplaçait vite et était toujours près de la rondelle. »

Quelques semaines plus tard, McGee marqua cinq buts contre les Victorias de Montréal au cours d’une partie remportée par Ottawa (7 à 6). Son exploit, alors rare dans les meilleurs clubs de hockey, inaugurait une ère nouvelle, dont il fut la vedette – une époque où il compta en moyenne plus de trois buts par match et permit à l’Ottawa Hockey Club de remporter la coupe Stanley en 1903, en 1904 et en 1905. Les 63 buts comptés par McGee en 22 matchs de la coupe Stanley constituent un record pour la période antérieure à 1918, année qui suivit la formation de la Ligue nationale de hockey. Après que l’Ottawa Hockey Club eut remporté le championnat en 1903, on surnomma le club « Silver Seven » à cause des pépites d’argent remises par les administrateurs de l’équipe aux joueurs pour célébrer leur première coupe Stanley.

McGee, quant à lui, portait le sobriquet de « Frank McGee le borgne ». Pourtant, on se tromperait en le prenant pour un dur à cuire. Il avait un visage aux traits fins, était le benjamin de l’équipe, et portait toujours un uniforme propre et bien pressé. Même s’il mesurait seulement cinq pieds six pouces et si le fait de ne voir que d’un œil constituait un handicap évident, il était un brillant stratège et un compteur redoutable. De plus, il adorait la compétition et était à son meilleur dans les matchs importants.

McGee réalisa son exploit le plus fameux le 16 janvier 1905 au cours d’une partie contre les Nuggets de Dawson City, qui étaient venus du Yukon disputer contre Ottawa une série de la coupe Stanley. Les Silver Seven avaient aisément remporté le premier match (9 à 2), mais, un joueur de Dawson avait déclaré par la suite ne pas avoir été impressionné par McGee, qui avait compté un seul but. Cette remarque fut rapportée à McGee, et ce dernier établit dans le second match un record qui a bien peu de chances d’être égalé dans une autre partie de la coupe Stanley : il compta 14 buts. Le match se termina 23 à 2 en faveur d’Ottawa.

Par ailleurs, McGee avait la réputation d’aimer jouer des tours. Parfois, il le faisait aux dépens de ses coéquipiers. C’est ce qui se passa au cours d’un dîner officiel donné par le gouverneur général lord Minto [Elliot] en l’honneur des Silver Seven, qui avaient remporté la coupe Stanley. Aucun des joueurs ne connaissait l’étiquette de la bonne société d’Ottawa, sauf McGee, qui avait dit à ses coéquipiers de l’imiter en tout. Quand les rince-doigts furent posés sur la table, McGee prit le sien et se mit à boire bruyamment. Ses coéquipiers firent de même. On raconte que le gouverneur général jugea à propos de boire lui aussi l’eau de son rince-doigts.

Après qu’Ottawa eut perdu la coupe Stanley au profit des Wanderers de Montréal en 1906, McGee décida de prendre sa retraite, même s’il n’avait que 23 ans. Il risquait de devenir complètement aveugle en continuant de jouer, car le hockey était alors extrêmement violent.

Au début de la Première Guerre mondiale, McGee, membre actif du 43rd Regiment (Duke of Cornwall’s Own Rifles), fut mobilisé. En mai 1915, il s’embarqua pour l’Angleterre ; il était lieutenant dans le 21st Infantry Battalion. En décembre, en France, il fut blessé au genou ; on l’envoya en convalescence en Angleterre. Il retourna dans son bataillon en août 1916 pour l’offensive de la Somme et fut tué au combat le 16 septembre près de Courcelette.

On ignore comment McGee s’était fait admettre dans l’armée malgré sa cécité partielle. Le médecin militaire avait noté sur son certificat d’examen qu’il pouvait « voir à la distance réglementaire avec chaque œil ». Selon son neveu, Frank Charles McGee, il avait trompé le médecin. Au lieu de couvrir successivement ses deux yeux pour lire le tableau, il avait couvert son œil aveugle d’une main, puis de l’autre.

Aucune supercherie ne fut nécessaire pour faire entrer Francis Clarence McGee au Temple de la renommée du hockey. Il fut l’un des premiers joueurs à y être admis, en 1945. Cinq ans plus tard, appelés à choisir l’équipe qui s’était le plus signalée dans la première moitié du xxe siècle, un groupe de rédacteurs sportifs employés par des journaux canadiens portèrent leur choix sur les Silver Seven.

William Houston

AN, RG 9, III, 4930 ; RG 150, Acc. 1992–93/166.— Ottawa Citizen, 18 janv. 1903.— C. L. Coleman, The trail of the Stanley Cup (3 vol., [Montréal], 1964–1976), 1.— William Houston, Pride and glory : one hundred years of the Stanley Cup (Toronto et Montréal, 1992).

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William Houston, « McGEE, FRANCIS CLARENCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcgee_francis_clarence_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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